Le Royaume-Uni retire sa licence de diffusion à la chaîne russe RT
Le régulateur britannique des médias a retiré vendredi la licence de diffusion de la chaîne d'Etat russe en anglais RT au Royaume-Uni, estimant qu'il n'était plus "adapté ni approprié" de la diffuser dans le pays après l'invasion de l'Ukraine.
La diffusion de RT au Royaume-Uni avait déjà été interrompue début mars après l'arrêt de la livraison du service satellite à tous les fournisseurs à la suite de sanctions imposées à la Russie par l'Union européenne.
"L'Ofcom a révoqué aujourd'hui la licence de diffusion de RT au Royaume-Uni, avec effet immédiat", a indiqué dans un communiqué le régulateur, qui avait ouvert 29 enquêtes à l'encontre de la chaîne pour manque d'impartialité dans sa couverture de l'invasion russe de l'Ukraine.
"RT est financée par l'Etat russe, qui a récemment envahi un pays voisin souverain", a poursuivi l'Ofcom, qui note également qu'une "nouvelle législation en Russie criminalise tout journalisme indépendant qui se détache du discours des médias d'Etat russes".
"Dans ces conditions, il apparait impossible pour RT de se conformer aux règles d'impartialité de notre code de diffusion", conclut le régulateur.
"La liberté d'expression est quelque chose que nous défendons bec et ongles dans ce pays", a indiqué la directrice de l'Ofcom, Melanie Dawes, dans le communiqué. "Nous avons conclu que RT n'était plus adaptée ni appropriée pour recevoir une licence au Royaume-Uni".
La rédactrice en chef adjointe de RT, Anna Belkina, a contesté cette décision, estimant qu'"en dépit d'une indépendance de façade bien ficelée, (l'Ofcom) n'est rien d'autre qu'un outil du gouvernement dans sa volonté de suppression des médias".
Elle a dénoncé "des raisons purement politiques liées directement à la situation en Ukraine", qui privent "les Britanniques d'accès à l'information".
La décision du régulateur fait craindre une mesure de la part de Moscou, qui a déjà bloqué mercredi en Russie le site du groupe audiovisuel britannique BBC et a promis d'autres répliques dans ce qu'elle qualifie de "guerre de l'information".
Le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a dénoncé une "folie antirusse" et "un pas de plus dans la lignée de restrictions grossières à la liberté d’expression, en violation de toutes les lois sur le libre travail des médias, y compris des lois européennes".
Début mars, RT avait été interdite de diffusion dans l'Union européenne, accusée d'être un instrument de "désinformation" de Moscou dans sa guerre, et enregistrée comme "agent de l'étranger" aux Etats-Unis.
En 2019, la chaîne avait déjà été épinglée par l'Ofcom et condamnée à 200.000 livres d'amendes (238.000 euros au cours actuel) pour son manque d'"impartialité" dans le traitement de l'empoisonnement d'un ex-agent double russe au Royaume-Uni et dans celui de la guerre en Syrie.
Mise en service en 2005 sous le nom de "Russia Today", RT s'est développée avec des diffuseurs et des sites web en plusieurs langues, notamment en anglais, français, espagnol, allemand et arabe.
W.Dupont--JdB