Boris Johnson veut tourner la page du Covid-19
Malgré avertissements et critiques, le Premier ministre britannique Boris Johnson doit annoncer lundi la fin des dernières restrictions anti-Covid en Angleterre, y compris l'isolement obligatoire pour les malades.
Avancée d'un mois par un Boris Johnson menacé par le nuage noir du "partygate", la présentation de ce plan intervient alors que la reine Elizabeth II a été testée positive dimanche au Covid-19. Selon le palais de Buckingham, la souveraine de 95 ans ne souffre toutefois que de symptômes "légers".
Dès le pic de la vague Omicron passé en janvier, le chef du gouvernement conservateur avait déjà levé l'essentiel des restrictions en vigueur en Angleterre, telles le masque en intérieur et le pass sanitaire pour les discothèques ou évènements de masse.
Il veut désormais aller encore plus loin, vantant dans un communiqué "un moment de fierté après l'une des plus difficiles périodes de l'histoire de notre pays alors que nous commençons à apprendre à vivre avec le Covid".
"La pandémie n'est pas terminée mais grâce à l'incroyable déploiement du vaccin, nous franchissons une étape de plus vers un retour à la normale", a-t-il ajouté.
Il s'agit notamment de mettre fin à l'obligation de s'isoler en cas de test positif, voire d'abandonner ou réduire l'accès à des tests gratuits.
Signe des tensions entourant ces dernières étapes, le conseil des ministres prévu dans la matinée pour valider ce plan a été reporté à la dernière minute et doit désormais avoir lieu plus tard dans l'après-midi, a indiqué Downing Street.
Selon les médias locaux, des désaccords entre le ministre des Finances Rishi Sunak et celui de la Santé Sajid Javid concernant le possible abandon des tests gratuits expliquent ce report.
Une fois le projet finalisé par les ministres, le Premier ministre doit faire une déclaration devant le Parlement puis tenir une conférence de presse dans la soirée.
Figurant parmi les pays les plus durement touchés par la pandémie, le Royaume-Uni déplore plus de 160.000 morts du virus depuis deux ans.
Après une première levée de l'essentiel des restrictions au début de l'été, l'apparition du variant Omicron avait contraint le gouvernement à réintroduire à l'automne masque obligatoire en intérieur et passeport vaccinal, finalement abandonnés en janvier.
Le nombre de cas a fortement baissé mais reste autour de 40.000 par jour.
- "Effet domino" -
Selon Robert West, psychologue à University College London et membre du conseil scientifique du gouvernement, la levée de toutes les restrictions serait une décision "irresponsable". "Il y aura une augmentation des cas. Et il y aura une augmentation des hospitalisations et des décès", a-t-il affirmé à Times Radio.
"Cette semaine, une dame de 95 ans attrape le Covid. Ayant été testée de manière précoce, on peut lui prescrire des antiviraux qui doivent être pris dans les trois à cinq jours de l'infection pour être efficaces", a tweeté dimanche soir Stephen Reicher, un expert très critique de la politique sanitaire gouvernementale, en allusion à la reine.
"La semaine prochaine, une autre dame de 95 ans attrapera peut-être le Covid, sans avoir les moyens d'acheter des tests", a-t-il poursuivi. "Sa vie compte également".
L'envoyé de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'Europe, David Nabarro, a quant à lui fait part de son inquiétude que le pays "choisisse une ligne qui va à l'encontre du consensus de santé publique", qui créerait "un effet domino dans le monde".
En matière de santé, les décisions du gouvernement à Londres sont limitées à l'Angleterre du fait de la dévolution qui confère des pouvoirs aux Parlements des trois autres nations. Ecosse, Pays de Galles et Irlande du Nord ont souvent adopté une approche plus prudente.
Englué dans un scandale sur des fêtes organisées à Downing Street durant les confinements, qui menace sa survie politique, Boris Johnson a choisi d'accélérer l'assouplissement des restrictions anti-Covid, critiquées par une partie de sa majorité et de son électorat.
Le scandale fait l'objet d'une enquête de police mais Boris Johnson refuse de dire s'il démissionnera si une amende lui était infligée.
A.Parmentier--JdB