Présidentielle: Zemmour exhibe sa nouvelle prise de guerre en Normandie
Au lendemain des meetings de Valérie Pécresse et Marine Le Pen, le candidat d'extrême droite Éric Zemmour exhibe samedi en Normandie sa nouvelle prise de guerre venue du RN, Nicolas Bay, lors d'une réunion en plein air près du Mont-Saint-Michel.
A 50 jours de la présidentielle, les trois concurrents se livrent une lutte acharnée à droite et se retrouvent dans un mouchoir de poche dans les sondages, autour de 15%, loin derrière Emmanuel Macron.
Les prochains jours seront décisifs pour faire la différence et prendre l'ascendant au sein de l'électorat conservateur avant que la campagne ne s'électrise avec l'entrée en lice du président-candidat, à une date encore inconnue.
Les hostilités sont particulièrement marquées à l'extrême droite entre Marine Le Pen et Éric Zemmour. En hausse dans les derniers sondages, l'ex-polémiste continue à faire son marché dans les rayons du Rassemblement national.
Le candidat Reconquête!, qui n'exclut pas, en cas de victoire, de prendre comme Premier ministre Marion Maréchal, nièce de la candidate RN, s'affiche ainsi samedi avec sa dernière recrue, l'eurodéputé Nicolas Bay et local de l'étape puisqu'il est également conseiller régional en Normandie.
Catholique pratiquant, plus conservateur sur les questions sociétales et plus libéral en économie que Marine Le Pen, cet ancien cadre dirigeant du RN a claqué la porte avec fracas, reprochant au parti ses "dérives un peu sectaires".
Il a aussi porté plainte pour diffamation contre le RN qui l'accuse d'avoir "transmis des éléments stratégiques et confidentiels" à Éric Zemmour, un "sabotage" qu'il conteste.
"Ce sont des accusations pour me salir", a-t-il insisté samedi sur France Inter, ajoutant que "Éric Zemmour est le mieux à même de rassembler tous les patriotes venus d'horizons différents".
En face, Marine Le Pen a dénoncé une "stratégie de la limace".
C'est le quatrième eurodéputé RN à rejoindre le rival de Marine Le Pen après Jérôme Rivière, Gilbert Collard et Maxette Pirbakas. Dans cette guerre fratricide à l'extrême droite, le RN a aussi perdu son unique sénateur Stéphane Ravier, figure du parti dans les Bouches-du-Rhône.
- Brexit et pêche -
Éric Zemmour commence samedi sa journée normande par un rendez-vous matinal avec des pêcheurs de Port-en-Bessin (Calvados). Il compte évoquer l'impact du Brexit sur les zones de pêche et répéter l'un de ses mantras: son hostilité à toute construction d'éoliennes, qu'il juge "laides" et "inutiles", sur terre comme au large.
A midi, Éric Zemmour tiendra un meeting en extérieur, sans doute sous la pluie, à Pontorson (Manche), près du Mont-Saint-Michel, un lieu "symbolique" pour discourir de la "puissance française", indique son équipe, qui table sur un millier de participants.
L'occasion d'attaquer aussi une nouvelle fois Valérie Pécresse, en espérant continuer à bénéficier des déboires de la candidate LR et de son meeting jugé raté du Zénith du 13 février.
Valérie Pécresse et Marine Le Pen, au bout d'une semaine compliquée, sont toutes les deux repassées à l'offensive vendredi soir en meeting, la première dans les Alpes-Maritimes, la deuxième en Isère.
La candidate LR et la dirigeante d'extrême droite ont d'abord tapé sur Emmanuel Macron, dont le bilan "ressemblerait, s'il était chef d'entreprise, à un dépôt de bilan", selon Mme Pécresse.
Mais Éric Zemmour en a également pris pour son grade. "Une élection présidentielle n'est pas un jeu de téléréalité. Nous n'entendons pas seulement nous faire les interprètes d'une nostalgie française mais inventer et édifier la France de demain", a insisté Marine Le Pen à Vienne.
Pas de meeting prévu ce weekend à gauche où Jean-Luc Mélenchon continue à mener la danse avec 10-11% des intentions de vote.
Le tribun de LFI a qualifié de "bienvenu" l'appui inopiné cette semaine de l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle de 2007, Ségolène Royal, selon qui "le vote utile à gauche, c'est le vote Mélenchon".
Distancé pour l'instant, l'écologiste Yannick Jadot, qui navigue autour des 5% dans les sondages, ne s'est pas privé d'ironiser sur ce soutien, affirmant qu'"en politique, (il) préférait la ligne droite et le tout schuss", plutôt que le slalom.
R.Cornelis--JdB