Carburants: réunion à l'Elysée face à la grève chez TotalEnergies
"Régler" la situation "le plus vite possible": le président Emmanuel Macron réunissait lundi après-midi une partie du gouvernement pour faire le point sur la crise des carburants qui assèche les stations-service en raison de la poursuite de la grève chez TotalEnergies, à quelques jours des départs en vacances.
Le chef de l'Etat fait "un point de situation" avec ses ministres alors que les ruptures de carburants persistent dans plusieurs régions et qu'il a lui-même dit vouloir une amélioration cette semaine.
"On va continuer de faire le maximum", a-t-il affirmé depuis le Mondial de l'auto, à Paris, en ajoutant vouloir que "ça se règle le plus vite possible".
Empêtré dans la crise des carburants, le gouvernement amorce une semaine à haut risque marquée par un mouvement interprofessionnel mardi et les départs en vacances vendredi.
Le gouvernement a lancé de nouvelles réquisitions dans deux dépôts du groupe TotalEnergies, des mesures "absolument nécessaires pour que les gens puissent continuer d'aller au travail et subvenir à leurs besoins basiques", a justifié la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.
Ces réquisitions ont visé à 6H puis 14H le dépôt de Mardyck, à Dunkerque (Nord), déjà réquisitionné en fin de semaine dernière. "Des camions sortent du site. Une centaine de CRS sont présents pour assurer la sortie des expéditions", a indiqué Benjamin Tange, délégué syndical central du raffinage et de la pétrochimie.
Dans l'autre site visé, à Feyzin (Rhône), au moins une quinzaine de camions chargés de carburant ou à vide ont pu quitter le site des expéditions sans incident avant 14H00, ont constaté des journalistes de l'AFP.
- Un mardi crucial -
Les réquisitions, qui concernent moins de dix salariés sur chaque site, permettront d'alimenter les stations-service des Hauts-de-France, d'Auvergne-Rhône-Alpes et de Bourgogne-Franche-Comté, particulièrement touchées par les pénuries de carburants. Celles-ci touchaient dimanche soir 30,1% des stations selon des chiffres fournis du ministère de la Transition énergétique, mais ce taux montait à 41,6% en Ile-de-France et à 42,8% dans le Centre-Val-de-Loire.
Dans une station-service à Louveciennes (Yvelines), en banlieue parisienne, il était impossible lundi de prendre du sans-plomb car tout est parti samedi "en trois heures", raconte à l'AFP l'employé de la station.
Ces tensions sur l'approvisionnement sont aggravées par une consommation de carburant en France "supérieure à la consommation normale" en ce moment, selon Agnès Pannier-Runacher, qui avait convié quelques journalistes pour assister au ravitaillement des camions-citernes depuis un dépôt pétrolier du port de Gennevilliers, aux portes de Paris.
A la raffinerie de Donges de TotalEnergies, des "centaines de camions" se sont relayés ce week-end et jusqu’à lundi matin pour faire sortir du carburant, après un accord passé avec les salariés grévistes vendredi, selon Marin Guillotin, délégué Force Ouvrière.
- Ristourne prolongée -
Lundi, les grèves ont été reconduites sur trois raffineries (sur sept) et cinq gros dépôts (sur environ 200) de TotalEnergies, selon la CGT.
Le syndicat a refusé de signer l'accord conclu dans la nuit de jeudi à vendredi entre la direction et deux syndicats majoritaires (CFDT et CFE-CGC).
Il prévoit une "enveloppe" globale de hausse des salaires de 7%, dont 5% pour les ouvriers et techniciens et 3,5% pour les cadres, plus une part individuelle qui pourra différer selon les personnes. S'ajoute une prime d'un mois de salaire, variant de 3.000 à 6.000 euros.
La CGT réclame 10%, correspondant à "l'inflation plus le partage" des bénéfices engrangés par l'entreprise pétrolière.
Selon Benjamin Tange, délégué syndical central du raffinage et de la pétrochimie, "un point sera fait mardi soir avec les syndicats CGT de l’ensemble des sites" bloqués, à l'issue de la journée de mobilisation et de grève interprofessionnelle à laquelle ont aussi appelé FO, Solidaires et la FSU.
En attendant, le carburant continue de monter à la pompe, notamment le gazole qui a encore bondi de 12 centimes au litre la semaine dernière, à 1,92 euro le litre en moyenne. Le gouvernement va prolonger la ristourne de 30 centimes par litre jusqu'à mi-novembre, une mesure qui coûtera 440 millions d'euros selon Bercy. TotalEnergies en fera de même avec sa remise de 20 centimes.
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T.Peeters--JdB