La NBA mise à mal dans sa quête d'exemplarité par les affaires Sarver et Udoka
Après l'incident diplomatique avec la Chine en 2019, la grève des joueurs en plein Black Lives Matter en 2020, le bras de fer vaccinal en 2021, la NBA n'échappe pas à une autre rentrée tumultueuse avec les affaires Sarver et Udoka, venues écorner son image.
La saison débute mardi, avec deux affiches alléchantes: les Golden State Warriors, champions en titre, contre les LA Lakers, précédée de Boston, dernier finaliste, face à Philadelphie. Elles acteront le retour de l'autoproclamé meilleur championnat de basket au monde, toujours plus populaire.
Aux Etats-Unis, avec 12,4 millions de téléspectateurs en moyenne, la finale, remportée en juin par Golden State a accrédité un redressement des audiences, tombées sous la barre des 10 lors des deux précédentes éditions.
Tout irait donc bien sous le ciel de la NBA, si de gros nuages ne s'étaient pas amoncelés cet été.
Le plus gros coup de tonnerre fut la confirmation, par une commission d'enquête indépendante, du comportement raciste, sexiste et misogyne du propriétaire des Phoenix Suns, Robert Sarver, ainsi dénoncé dans un article d'ESPN datant de novembre 2021. Des accusations étayées par les témoignages de plus de 70 employés de la franchise.
Or, si ce dernier a entamé le processus de vente du club, c'est parce que de nombreuses voix ont réclamé son départ, de LeBron James à Chris Paul qui y joue, en passant par le syndicat des joueurs (NBPA) et le révérend Al Sharpton, figure du mouvement des droits civiques.
- "Examen de conscience" -
Avant ce dénouement, les critiques ont plu sur Adam Silver, pour la sanction prononcée -un an de suspension assortie d'une amende de dix millions de dollars-, jugée insuffisante. Le patron de la NBA n'avait pourtant pas manqué de poigne en 2014 en bannissant à vie Donald Sterling et en le forçant à vendre les Clippers, pour ses propos racistes enregistrés sur bandes audio.
Il a peiné à justifier cette disparité de traitement, assurant que "les deux situations étaient différentes" et qu'il avait "accès à des informations que le public ne connaît pas", ajoutant qu'un "propriétaire a des droits particuliers par rapport à un employé".
Autant d'arguments mal accueillis, même si, selon le Bleacher Report, Silver a oeuvré en coulisses pour forcer Sarver à lâcher les Suns.
"La NBA doit faire son examen de conscience", l'a sermonnée le révérend Sharpton. "Une nouvelle ère s'ouvre à nous où il est intolérable de considérer les joueurs noirs comme une propriété. Il est impératif que la ligue, les équipes, les sponsors et le nouveau propriétaire poursuivent l'engagement d'éradiquer le racisme, la misogynie et la haine."
Un gros rappel à l'ordre, à l'endroit de la ligue sportive pourtant considérée comme la plus progressiste aux Etats-Unis, qui lutte contre l'injustice raciale depuis plusieurs décennies, et qui a soutenu Black Lives Matter à l'été 2020, autorisant les joueurs à faire grève en pleins play-offs.
Silver avait su trouver les mots, aidé par Michael Jordan, pour les convaincre de reprendre le jeu malgré la colère résultant de violences policières contre la population noire, en promettant plus d'engagement.
- Image ternie -
Perçu, entre autre pour ces raisons, comme le meilleur dirigeant tous sports professionnels confondus, le commissaire de la NBA a commis peu de faux pas depuis qu'il est en fonction.
En 2019, il avait été critiqué pour ses excuses précipitées à la Chine, furieuse du tweet en soutien des manifestants de Hong Kong, posté par Daryl Morey, alors manager général des Rockets. Mais il s'était rattrapé, en refusant, au nom de la liberté d'expression, de le sanctionner, malgré la pression de Pékin qui a ensuite rompu d'importants liens commerciaux.
Il a eu, le premier, en mars 2020, la lucidité de suspendre le championnat, dès le premier cas de Covid recensé en NBA. Une décision aussitôt suivie par les autres ligues sportives. Mais il a échoué à atteindre le 100% de vaccination recherché, quelques joueurs refusant de s'y soumettre dont Kyrie Irving (Brooklyn), qui en a fait les frais durant de longs mois.
Enfin, même si Silver n'a aucun rôle dans cette histoire, l'affaire Ime Udoka -l'entraîneur des Celtics suspendu un an par ses dirigeants pour avoir eu une relation intime "inappropriée", aux contours restés flous, avec une employée du club-, est venue un peu plus ternir l'image de sa ligue. Laquelle se serait aussi bien passée de la mise en examen de l'ailier Miles Bridges (Hornets), soupçonné d'avoir frappé sa femme devant leurs enfants.
Racisme, sexisme, violence conjugale... autant d'eaux troubles dans le fleuve pas si tranquille de la NBA.
P.Claes--JdB