Volte-face d'Elon Musk, qui propose à nouveau de racheter Twitter
Elon Musk a proposé à Twitter lundi de racheter le réseau social au prix convenu en avril, d'après des informations de presse, à deux semaines du procès prévu entre les deux parties sur cette acquisition mouvementée.
La cotation de l'action Twitter a été suspendue mardi à la Bourse de New York "en attendant des informations" après un article de Bloomberg qui a révélé cette nouvelle offre du patron de Tesla.
Selon l'agence d'informations économiques, Elon Musk a envoyé une lettre à Twitter lundi, proposant d'acquérir la plateforme pour 54,20 dollars l'action, c'est-à-dire au prix qu'il avait initialement proposé au printemps et que le conseil d'administration avait fini par accepter.
Les deux parties avaient signé un contrat fin avril, mais Elon Musk était revenu unilatéralement sur cet accord en juillet.
Le groupe à l'oiseau bleu avait alors lancé des poursuites pour le forcer à honorer son engagement, et tout indiquait qu'il était bien positionné pour l'emporter.
"C'est un signe clair que Musk reconnaît que ses chances de gagner contre le conseil d'administration devant un tribunal du Delaware sont très faibles et que le rachat à 44 milliards allait devoir avoir lieu d'une façon ou d'une autre", a réagi l'analyste Dan Ives de Wedbush Securities.
Elon Musk avait bombardé Twitter de critiques avant et après la signature de l'accord de rachat, accusant notamment la plateforme de censurer les utilisateurs et de ne pas lutter suffisamment contre les spams et les faux comptes.
Il avait justifié son retour en arrière en affirmant que la proportion de comptes automatisés sur la plateforme était largement supérieure aux 5%, le chiffre avancé par l'entreprise de San Francisco.
- Procès rapide -
Face à la plainte de Twitter, la présidente du tribunal spécialisé du Delaware devant traiter le dossier a accordé à l'entreprise un procès rapide, alors qu'Elon Musk voulait attendre l'année prochaine et demandait des quantités astronomiques de données.
Le procès devait théoriquement se tenir du 17 au 21 octobre, mais il n'aura pas lieu si Twitter accepte cette nouvelle offre.
"Twitter va vouloir un contrat blindé cette fois-ci, qui dira, en substance, +donne-nous l'argent et on peut conclure+. Ils vont vouloir que Musk avance une bonne partie de la somme totale", a commenté Adam Badawi, professeur en droit des affaires à l'université de Berkeley.
Difficile de savoir à ce stade pourquoi le multimilliardaire a changé d'avis. Ni Twitter ni les avocats d'Elon Musk n'ont répondu à des sollicitations de l'AFP dans l'immédiat.
"Selon certaines spéculations, Musk aurait pu avoir à payer des intérêts substantiels s'il avait fait appel, et donc devoir débourser bien plus que les 54,20 dollars par action", note M. Badawi.
- "Tempête d'inquiétudes" -
Le clan Musk semblait avoir gagné un point lorsque Peiter Zatko, l'ex-chef de la sécurité de Twitter licencié en janvier, a accusé fin août le groupe d'importantes failles de sécurité, dans un rapport remis aux autorités américaines.
Mais lors d'audiences préliminaires avec la juge, les avocats du multimilliardaire semblaient peiner à étayer les accusations sur les comptes automatisés.
Un avocat de Twitter a ainsi fait état de deux rapports par des sociétés d'analyse de données engagées par l'homme d'affaires, Cyabra et CounterAction, qui ont évalué le taux de faux comptes à 11% et 5,3%, respectivement.
"Aucun de ces rapports ne soutient, même de loin, ce que M. Musk a dit à Twitter et au monde entier dans sa lettre du 8 juillet", a assené l'avocat, Brad Wilson, lors d'une audience.
Si la transaction a lieu, le risque que les régulateurs s'y oppose est faible, selon Dan Ives.
Mais l'idée à nouveau d'actualité que le patron de Tesla et SpaceX devienne propriétaire de Twitter "va causer une tempête d'inquiétudes et de questions de la part des utilisateurs et des politiques", a ajouté l'analyste.
L'accord d'avril avait en effet été accueilli avec beaucoup d'émotions, des angoisses de la gauche à la joie de la droite à l'idée qu'Elon Musk assouplisse le règlement et la modération des contenus.
"La plateforme va devenir un moteur de radicalisation s'il applique ne serait-ce qu'une fraction de ce qu'il a promis", a déclaré Angelo Carusone, président de l'ONG Media Matters for America, dans un communiqué mardi.
T.Peeters--JdB