Le télétravail fait fondre les mètres carrés des sièges sociaux des banques
Les banques, à l'instar du groupe BPCE qui inaugure mercredi deux nouvelles tours de bureaux à Paris, réduisent leur parc immobilier francilien pour s'adapter à la moindre occupation des locaux par leurs salariés, plus souvent en télétravail, et font au passage des économies.
La livraison des tours Duo dans le sud-est de Paris (13e arrondissement), près d'Ivry-sur-Seine, permet au groupe mutualiste rassemblant notamment les Banques populaires et les Caisses d'épargne de passer de 28 à 10 son nombre d'immeubles en Ile-de-France.
D'ici début 2023, ces quelque 90.000 mètres carrés flambant neuf pourront accueillir 9.000 salariés, expliquait avant l'été le président du directoire du groupe, Laurent Mignon, lors d'une visite avec la presse.
Mais pas en même temps, puisque les tours dessinées par l'architecte Jean Nouvel ne disposeront que de 6.000 postes de travail, tous en "flex office" à l'exception des salles de marchés et de postes adaptés aux salariés en situation de handicap.
Avec ce mode d'organisation qui se veut plus collaboratif, le salarié n'a pas de place réservée. Un casier lui permet de stocker ses affaires personnelles et des espaces dédiés (salles de réunion, "bulles"...) de s'isoler.
Le rythme de télétravail – 10 jours par mois – ainsi que les motifs d'absences récurrents – congés, arrêts maladie – permettent à la banque mutualiste d'appliquer ce ratio de places par salarié.
L'économie ainsi générée par BPCE sur les charges de fonctionnement est de l'ordre de 30% à 40%.
- La banlieue oui, La Défense non -
"Le recours au télétravail est plus conséquent en Ile-de-France qu'en province, notamment pour les grands groupes et sur les métiers de services", explique à l'AFP Loïc Hervé, directeur général délégué chargé du pôle immobilier chez Perial Asset Management, société spécialisée dans la gestion de fonds immobiliers.
Les banques cochent parfaitement ces cases, c'est pourquoi elles sont "toutes en réflexion sur le sujet", indique Marine Galiana, responsable de la stratégie et de la transformation au sein du cabinet de conseil Deloitte.
"Pour une bonne gestion, ces banques et assurances ne vont pas conserver des postes vacants à plus de 50%", complète son collègue Bruno Amsellem, en charge de l'immobilier, notamment aux sièges et dans les centres d'appels.
La première banque française BNP Paribas, aux multiples implantations historiques dans le centre de Paris, réduit petit à petit son parc et transfère ses salariés vers des quartiers moins onéreux au mètre carré, comme à Pantin, en Seine-Saint-Denis.
Côté assureurs, CNP a acté le départ de ses locaux historiques au-dessus de la gare Montparnasse pour un nouveau siège en construction à Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine.
Personne ne se bouscule pour s'implanter dans le quartier des affaires de La Défense en perte de vitesse, où il est désormais de mise de demander à son propriétaire entre un et quatre mois de loyers gratuits par an.
Même Société Générale, premier employeur du quartier, a choisi le Val-de-Marne et Fontenay-sous-Bois pour installer la majeure partie de ses fonctions informatiques et techniques dès 2016.
- Question de générations -
Les banques françaises conservent cependant leurs immeubles de prestige dans le centre de Paris.
"Indéniablement il est quand même nécessaire pour ces grandes banques de conserver une vitrine" pour les besoins de sa clientèle haut de gamme, souligne M. Amsellem, à l'image des locaux de Société Générale, boulevard Haussmann, ou de La Banque postale, rue du Louvre.
Quand la banque d'affaires américaine Goldman Sachs cherche plus grand à Paris, c'est typiquement ce genre de biens qu'elle recherche. Elle a finalement posé en mai ses valises à deux pas de l'Arc de Triomphe.
Les start-up du secteur, elles, s'en éloignent. Ainsi la société de services financiers dédiés aux entreprises Qonto, une des licornes françaises (ces sociétés des nouvelles technologies valorisées un milliard de dollars et plus) a choisi de s'implanter au pied de Montmartre.
Elle a fait appel au géant américain des bureaux partagés WeWork pour avoir à disposition un lieu "conçu pour répondre à des modes de travail en constante évolution, avec plus de flexibilité et des espaces facilitant les interactions entre les collaborateurs", explique-t-elle.
R.Verbruggen--JdB