L'inflation ralentit moins que prévu en août aux Etats-Unis
L'inflation a un peu ralenti en août aux Etats-Unis, grâce à la baisse des prix de l'essence, mais les prix des loyers, ou encore de l'alimentation, continuent d'augmenter, ce qui constitue une épine dans le pied de Joe Biden à deux mois des élections américaines de mi-mandat.
L'inflation est tombée à 8,3% en août sur un an, contre 8,5% en juillet, selon l'indice des prix à la consommation (CPI) publié mardi par le département du Travail. Elle reste cependant plus élevée que les 8% qui étaient attendus par les analystes.
"Il faudra plus de temps et de volonté pour faire baisser l'inflation", a reconnu le président américain, dans un communiqué.
M. Biden a salué cependant ce ralentissement, qui montre selon lui "des progrès supplémentaires dans la réduction de l'inflation mondiale dans l'économie américaine".
L'opposition républicaine lui reproche régulièrement d'avoir, par sa politique, largement contribué à cette flambée inflationniste.
Le président démocrate tiendra à la Maison Blanche mardi après-midi une cérémonie en l'honneur de son "Inflation Reduction Act", le plan de lutte contre le changement climatique et pour aider les ménages à faire face à l'inflation à moyen terme, qu'il a réussi à faire adopter au Congrès en août.
- Inflation "obstinément persistante" -
Derrière ce léger ralentissement, cependant, se cache une hausse continue du coût de la vie aux Etats-Unis.
"L'inflation reste obstinément persistante", a commenté Kathy Bostjancic, cheffe économiste pour Oxford Economics, dans une note.
Car sur un mois, les prix sont repartis à la hausse, de +0,1% par rapport à juillet, alors qu'une légère baisse était attendue, et que l'inflation avait été nulle entre juin et juillet.
Faire le plein à la station-service a, certes, coûté beaucoup moins cher qu'en juillet (-10,1%). Un répit bienvenu dans un pays où la voiture est très souvent indispensable, et volumineuse, et alors que les prix de l'essence avaient flambé depuis le début de la guerre en Ukraine.
Les prix ont aussi diminué pour les billets d'avion et les voitures d'occasion.
Mais cela n'a pas suffi à compenser les hausses pour la plupart des autres produits. Logement, alimentation, soins médicaux, voitures neuves, ... L'augmentation a été "généralisée", détaille le département du Travail dans son communiqué.
Les prix du gaz naturel et de l'électricité ont eux aussi continué leur ascension.
"Aïe. Des hausses (de prix) bien plus importantes qu'attendu dans un large éventail de catégories", indique Ian Shepherdson, économiste pour Pantheon Macroeconomics, dans une note.
Ainsi, l'inflation dite sous-jacente, calculée sur tous les prix excepté ceux de l'alimentation et de l'énergie, s'accélère, à +6,3% sur un an (contre +5,9% en juillet), et +0,6% sur un mois (contre +0,3% en juillet).
Les prix de l'alimentation ont même, sur un an, enregistré leur plus forte hausse depuis 1979 (+11,4%).
- Forte hausse des taux à prévoir -
Depuis un an et demi, les prix flambent aux Etats-Unis, érodant le pouvoir d'achat des ménages. L'inflation avait atteint en juin son plus haut niveau depuis plus de 40 ans, avant de ralentir en juillet.
Les chiffres d'août, plus élevés qu'attendu, devraient convaincre la banque centrale américaine (Fed), qui est à la manoeuvre dans la lutte contre l'inflation, de continuer à resserrer avec poigne sa politique monétaire.
"Cumulées à un marché du travail toujours si solide, ces données scellent l'accord pour une nouvelle hausse agressive des taux directeurs, de 0,75 points, la semaine prochaine", lors de la prochaine réunion de la Fed, selon Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour HFE.
Relever les taux directeurs pousse les banques commerciales à, elles aussi, augmenter les taux d'intérêt des crédits pour les particuliers et entreprises, qui sont alors moins enclins à consommer et investir, permettant de desserrer la pression sur les prix.
"Le temps presse", a mis en garde jeudi le président de la Fed, Jerome Powell.
L'indice d'inflation CPI fait référence et est utilisé pour, notamment, indexer les retraites. La Fed privilégie une autre mesure de l'inflation, l'indice PCE, qui a également ralenti en juillet (+6,3% sur un an).
La ramener autour des 2% considérés comme sains pour l'économie "prendra du temps", avait averti vendredi l'un des gouverneurs de l'institution, Christopher Waller.
Le marché de l'emploi reste très tendu avec une pénurie de travailleurs. Le taux de chômage a cependant augmenté un peu en août, à 3,7%.
O.Leclercq--JdB