Wall Street chute à l'ouverture après une déception sur l'inflation
La Bourse de New York a ouvert en forte baisse mardi, effrayée par un indicateur d'inflation américain plus élevé qu'attendu, qui montre que la bataille contre la flambée des prix est loin d'être terminée et présage d'un resserrement monétaire encore plus dur que prévu.
Vers 15H55 GMT, le Dow Jones abandonnait 1,92%, l'indice Nasdaq lâchait 3,12% et l'indice élargi S&P 500 perdait 2,32%.
L'indice des prix CPI s'est affiché en légère hausse de 0,1% en août par rapport à juillet, alors que les économistes tablaient sur une contraction de 0,1%.
Sur un an, l'inflation aux États-Unis atteint 8,3%, soit moins que les 8,5% de juillet, mais davantage que les 8,0% que prévoyait le marché.
"C'est un peu décevant", a commenté Art Hogan, de B. Riley Wealth Management, qui a également relevé la mauvaise surprise de l'indice hors énergie et alimentation. Ce dernier a encore grimpé de 0,6% sur un mois, contre 0,3% attendu et 0,3% en juillet.
Autre point noir, les prix de l'alimentation, qui ont encore gagné 0,8% sur un mois et restent en hausse de 11,4% sur un an.
"Il est clair que l'inflation est têtue, ce qui va inciter la Fed (banque centrale américaine) à rester zélée", a conclu Art Hogan.
"Les chiffres d'inflation demeurent inacceptable pour les responsables" de la politique monétaire, a abondé Rubeela Farooqi, cheffe économiste de High Frequency Economics, dans une note. "Ces données actent une autre hausse de taux de 0,75 point de base la semaine prochaine" par la Fed.
Les opérateurs ont immédiatement recalibré leurs prévisions quant à la trajectoire de la Fed et voient désormais la banque centrale américaine remonter ses taux d'au moins 1,75 point de pourcentage au total sur ses trois dernières réunions de l'année, contre 1,50 point jusqu'ici.
Ils accordent même maintenant une probabilité non négligeable (18%) au scénario d'une hausse d'un point lors de la prochaine réunion du Comité de politique monétaire de la Fed, les 21 et 22 septembre, une hypothèse que nul n'envisageait jusqu'à aujourd'hui.
"Il devient de plus en plus clair pour les opérateurs que le resserrement déjà effectué par la Fed n'a pas été suffisant pour refroidir l'économie et faire retomber l'inflation", a réagi Charlie Ripley, d'Allianz Investment Management.
La perspective d'une bataille contre l'inflation encore plus longue que prévu agitait également le marché obligataire. Le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans montait à 3,43%, contre 3,35% la veille.
Le taux américain à 2 ans, plus sensible aux anticipations de politique monétaire à moyen terme, s'est envolé à 3,74%, contre 3,57% la veille, un sommet depuis près de 15 ans (novembre 2007).
Ce coup de chaud sur les taux a mis sous pression les valeurs technologiques, dépendantes des conditions de crédit pour financer leur croissance.
L'addition était lourde pour Meta (-6,32%), Amazon (-4,92%), Nvidia (-5,40%) ou AMD (-5,59%), mais ce sont tous les poids lourds du Nasdaq qui sombraient à l'unisson.
Tous les membres du Dow Jones étaient aussi dans le rouge.
"On a eu un joli rebond avant cette publication et il y avait de quoi retomber", a expliqué Art Hogan.
Alors que les hausses des dernières séances avaient largement été alimentées par l'espoir d'une nette décélération des prix et d'un possible assouplissement de la Fed dès fin 2023, "les opérateurs vont être surpris de voir à quel point il est difficile de ramener l'inflation sous contrôle", a dit Chris Zaccarelli, d'Independent Advisor Alliance.
Parmi les quelques rares à s'en sortir, le spécialiste du gaz naturel liquéfié (GNL) Cheniere (+4,03% à 167,21 dollars), plus important exportateur de GNL américain, qui profite à plein de la flambée du marché du gaz et a relevé ses prévisions pour l'ensemble de son exercice.
Autre lueur dans la grisaille, le groupe de logiciels Oracle (+0,66% à 77,59 dollars), qui a fait mieux que prévu sur son chiffre d'affaires trimestriel, soutenu par son activité d'informatique à distance (cloud).
Twitter reculait de nouveau (-1,21% à 40,91 dollars), à l'orée d'une journée importante pour le réseau social, marquée par l'audition du lanceur d'alerte Peiter Zatko au Congrès et l'assemblée générale extraordinaire qui doit valider le rachat par Elon Musk, lequel a depuis officiellement renoncé.
Le spécialiste des vélos d'appartement et tapis de course connectés Peloton dévissait (-9,52% à 10,00 dollars) après l'annonce du départ de son cofondateur John Foley, qui quitte son poste de président exécutif. Il avait déjà renoncé à celui de directeur général, en février.
A.Parmentier--JdB