Journal De Bruxelles - Kiev dit gagner du terrain dans l'Est, le dernier réacteur de Zaporijjia à l'arrêt

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Kiev dit gagner du terrain dans l'Est, le dernier réacteur de Zaporijjia à l'arrêt
Kiev dit gagner du terrain dans l'Est, le dernier réacteur de Zaporijjia à l'arrêt / Photo: Juan BARRETO - AFP

Kiev dit gagner du terrain dans l'Est, le dernier réacteur de Zaporijjia à l'arrêt

L'Ukraine a revendiqué dimanche de nouveaux gains territoriaux sur les forces russes dans l'Est, où Moscou a annoncé retirer ses troupes de certains secteurs pour "renforcer" plus au sud la région séparatiste prorusse de Donetsk.

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Kiev a par ailleurs annoncé avoir mis à l'arrêt le dernier réacteur en activité à la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud du pays. Occupée par les forces russes, cette centrale de six réacteurs, la plus grosse d'Europe, suscite l'inquiétude, en Ukraine et au-delà, à cause de sa situation dans une zone de combats.

Au début du mois, l'armée ukrainienne a d'abord annoncé une contre-offensive dans le Sud, avant de réaliser au cours de la semaine écoulée une percée surprise et éclair des lignes russes dans le Nord-Est, dans la région de Kharkiv.

Au total, "depuis début septembre, plus de 3.000 kilomètres carrés sont revenus sous contrôle ukrainien", a déclaré dans un communiqué le général Valeri Zaloujny, commandant en chef de l'armée ukrainienne, au 200e jour du conflit.

"Autour de Kharkiv, nous avons commencé à avancer non seulement au sud et à l'est mais également vers le nord. Nous sommes à 50 kilomètres de la frontière", a-t-il ajouté.

"Ce n'était pas la nuit la plus facile, ce n'était pas la matinée la plus facile. Au cours des dernières 24 heures, des milliers de personnes ont traversé la frontière", a déclaré Viatcheslav Gladkov dans une adresse vidéo, publiée sur sa chaîne Telegram.

Un peu plus tôt, l'état-major ukrainien avait annoncé que "la libération de portions de territoire dans les districts de Koupiansk et Izioum dans la région de Kharkiv [était] en cours".

- "Magnifique drapeau" -

La veille, Kiev avait annoncé que ses forces étaient entrées dans Koupiansk, qui se trouve sur des itinéraires d'approvisionnement des troupes russes.

Selon l'Institut pour l'étude de la guerre (ISW), basé à Washington, les forces ukrainiennes ont progressé par endroits sur une profondeur "de 70 km" et ont repris en cinq jours "plus de territoires que les Russes n'en ont conquis dans toutes leurs opérations depuis avril".

Dans un message vidéo, le président Volodymyr Zelensky s'est réjouit que "le magnifique drapeau ukrainien [flotte de nouveau] sur Tchkalovske", dans la région de Kharkiv.

"Il en sera de même partout. Nous chasserons les occupants de chaque ville et de chaque village d'Ukraine", a-t-il assuré.

"Des armes, des armes, des armes : c'est à notre ordre du jour depuis le printemps. Je suis reconnaissant aux partenaires qui ont répondu à notre appel : ils ont part avec nous aux succès de l'Ukraine sur le champ de bataille", a écrit sur Twitter le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmitro Kouleba, appelant à la poursuite des livraisons, principalement occidentales.

A la centrale nucléaire de Zaporijjia, le réacteur numéro 6 a été déconnecté du réseau électrique dimanche avant l'aube, et "des préparatifs sont en cours pour son refroidissement", a indiqué l'opérateur ukrainien Energoatom.

Depuis trois jours, ce réacteur restait le seul à produire l'électricité nécessaire au refroidissement du combustible nucléaire et à la sécurité du site.

Selon Energoatom, la décision de le mettre à l'arrêt a été prise après le rétablissement, samedi soir, de l'approvisionnement électrique extérieur du site avec l'une des lignes de transmission. La situation de la centrale reste néanmoins encore précaire.

- Ravitaillement russe en danger -

"En cas de nouveau dommage pour les lignes de transmission reliant le site au système électrique - dont le risque reste élevé - les besoins internes (du site) devront être assuré par des générateurs fonctionnant avec du diesel", a prévenu Energoatom, en renouvelant son appel à l'établissement d'une zone démilitarisée autour de la centrale, seul moyen selon lui d'en assurer la sécurité.

Sur le plan militaire, la nouvelle progression des troupes de Kiev au sud de Kharkiv pourrait entraver fortement la capacité de la Russie à ravitailler ses forces dans l'est de l'Ukraine et à leur apporter un soutien logistique efficace.

Dans des zones reprises par Kiev, des journalistes de l'AFP ont vu samedi des camions et des blindés russes carbonisés, dont certains encore frappés de la lettre Z, le symbole de l'invasion de l'Ukraine entamée le 24 février.

Des soldats ukrainiens patrouillaient dans Balakliïa, où flottait le drapeau ukrainien, hissé en présence du commandant des forces terrestres ukrainiennes, Oleksandre Syrski.

"Nous achevons aujourd'hui la libération de Balakliïa, la première grande ville de notre offensive, et je suis sûr que ce n'est pas la dernière (...). Et devant encore, Izioum et beaucoup d'autres", a-t-il déclaré à cette occasion.

Le chef de l'administration d'occupation russe de la région d'Izioum, Vladislav Sokolov, a de son côté admis que la situation y était "difficile".

"Ces deux dernières semaines, la ville est visée par des bombardements des forces ukrainiennes, notamment avec des munitions de type Himars (...) ce qui provoque de graves destructions et fait beaucoup de morts et de blessés", a-t-il déclaré.

- Regroupement russe -

Les Himars sont des lance-roquettes multiples fournis à Kiev par Washington.

Le ministère de la Défense russe a ensuite annoncé avoir "retiré" ses forces présentes "dans les régions de Balakliïa et d'Izioum", afin de "renforcer" son dispositif plus au sud, autour de Donetsk, l'une des capitales des séparatistes prorusses.

A Lyman, une ville tombée fin mai aux mains des Russes, "la situation reste assez difficile, tout comme dans d'autres localités du nord de la République" populaire de Donetsk, a reconnu samedi son chef, Denis Pouchiline.

Dans le village de Grakové, tout juste repris par les forces ukrainiennes, les journalistes de l'AFP ont vu des destructions témoignant de la violence de combats, pylônes électriques abattus et câbles étalés sur le sol.

"C'était effrayant, il y avait des bombardements et des explosions partout", a raconté à l'AFP Anatoli Vassiliev, 61 ans.

Iryna Stepanenko, 52 ans, a profité pour sa part de pouvoir sortir à bicyclette pour la première fois après s'être terrée dans sa cave pendant trois mois .

"C'était terrifiant", dit-elle à propos de cette vie souterraine dans le bruit des explosions. Soulagée du retour des forces ukrainiennes, elle dit néanmoins craindre pour la suite

U.Dumont--JdB