Procès des mutilations dentaires: les deux ex-dentistes père et fils vont en prison
Lionel Guedj et son père Carnot, deux ex-dentistes marseillais, ont été respectivement condamnés jeudi à huit et cinq ans de prison, avec mandats de dépôt immédiats, pour avoir mutilé des centaines de patients en s'enrichissant au passage sur la Sécurité sociale et les mutuelles.
Pour la présidente du tribunal correctionnel, Céline Ballerini, les deux hommes avaient mis en place des "traitements uniformes et systématisés" qui ont "détruit" des vies, devenues "sans sourire" et "avec des douleurs intolérables".
La décision a été accueillie par les applaudissements de la centaine de plaignants présents dans la salle, avant d'être repris par la présidente pour qui on ne devrait "jamais se réjouir d'une peine d'emprisonnement".
Pour la magistrate, qui a longuement motivé la décision du tribunal, avec beaucoup de pédagogie, ces peines se justifient par "le nombre de victimes", le nombre d'années pendant lesquelles se sont déroulés les faits (six ans), "le très grave préjudice" à la Sécurité sociale et les "très fortes sommes engagées pour réparer" ces patients.
De plus "ils ont abusé de leur qualité digne et acceptable de chirurgien-dentiste", un "statut respectable de sachant qui accable à l'évidence votre cas", a-t-elle insisté.
Placés sous contrôle judiciaire depuis leur mise en examen, en novembre 2012, ils n'avaient jamais fait un seul jour de détention provisoire.
Selon un calcul du parquet de Marseille, Lionel Guedj, alors jeune dentiste installé dans les quartiers nord déshérités de la ville, avait dévitalisé 3.900 dents saines, sans aucune justification thérapeutique, sur 327 patients, dans le seul but de leur poser des bridges très rémunérateurs. Il posait 28 fois plus de prothèses que la moyenne des dentistes français, avait estimé la Sécurité sociale.
Le parquet avait réclamé dix ans de prison contre Lionel Guedj, 42 ans, jugé pour violences volontaires ayant entraîné une mutilation pour des faits commis entre 2006 et 2012, et cinq ans de prison dont un an avec sursis probatoire pendant trois ans, contre Carnot, dit Jean-Claude, âgé de 71 ans.
A.Parmentier--JdB