La Bourse de Paris freinée par les banques centrales (-0,83%)
La Bourse de Paris a cédé 0,83% lundi, poursuivant la baisse entamée vendredi et causée par le discours du président de la banque centrale américaine qui a écarté clairement l'hypothèse d'une politique monétaire moins stricte.
L'indice vedette CAC 40 a perdu 51,98 points à 6.222,28 points. Vendredi, il avait perdu 1,68%, concluant la semaine sur une perte de 3,41%, sa pire performance en deux mois.
Les investisseurs avaient espéré que la plus puissante banque centrale du monde, la Réserve fédérale américaine, amorce un virage et ait la main plus légère sur les hausses des taux directeurs au cours de la fin de l'année.
Mais vendredi, son président Jerome Powell a douché ces espoirs en réaffirmant que la Fed allait "vigoureusement user de ses outils" pour juguler l'inflation.
Isabel Schnabel, la représentante de la Banque centrale européenne au symposium de Jackson Hole (Wyoming), la grand-messe annuelle des banquiers centraux, a également tenu une ligne dure contre l'inflation, défendant la voie de "la détermination" qui consiste à "réagir avec plus de force à la poussée actuelle d'inflation, même au risque d'une croissance plus faible et d'un chômage plus élevé".
"Les propos d'Isabel Schnabel ont fait mouche", affirme Vincent Juvyns de JPMorgan AM, qui prend pour preuve la remontée de l'euro, brièvement repassé au-dessus de la parité avec le dollar au cours de la séance de lundi.
"Cela a convaincu les marchés que la BCE ferait a minima une hausse de 50 points de base de ses taux en septembre pour soutenir l'euro", complète-t-il, ajoutant qu'il faut selon lui "venir au chevet de l'euro" au risque d'aggraver la dynamique inflationniste si la monnaie unique européenne reste faible par rapport au dollar.
Autre conséquence notable de la détermination affichée par les banques centrales, le taux d'intérêt de l'emprunt à 10 ans de l'Etat français est nettement monté pour atteindre 2,12%, revenant proche de ses plus hauts niveaux de l'année.
La place parisienne reste par ailleurs soucieuse de la situation sur les marchés de l'énergie et la baisse des cours de référence du gaz et de l'électricité en Europe, après les records atteints ces derniers jours, qui n'ont pas rassuré les investisseurs.
Pour Vincent Juvyns, "il faut se préparer à l'idée de vivre sans gaz russe cet hiver en Europe", ce qui fait planer un risque considérable sur l'activité économique du quatrième trimestre de cette année.
La Première ministre Elisabeth Borne a d'ailleurs exhorté lundi les entreprises à réduire rapidement leur consommation d'énergie de manière à éviter des mesures de "rationnement", lors d'une prise de parole devant le patronat.
A l'échelle européenne, la Commission européenne prépare "une intervention d'urgence et une réforme structurelle du marché de l'électricité", dont les règles sont mises en cause devant l'envolée actuelle des prix.
Tensions sur les superprofits en France
Elisabeth Borne a affirmé samedi ne pas "fermer la porte" à une taxation des "super profits" des entreprises, tout en préférant que l'entreprise qui le peut "baisse les prix pour le consommateur et donne du pouvoir d’achat à ses salariés".
Les entreprises liées aux collectivités, comme Engie (-4,33% à 12,20 euros), Veolia (-0,97% à 22,39 euros) ont souffert lundi, tout comme certaines sociétés du secteur de l'énergie et des matières premières telles que Eramet (-6,53% à 93 euros) ou Neoen (-6,26% à 40,40 euros).
B.A.Bauwens--JdB