Macron achève sa visite en Algérie avec un partenariat "renouvelé"
Le président français, Emmanuel Macron, a visité un sanctuaire chrétien et le temple du raï à Oran, au dernier jour de sa visite en Algérie, avant de retourner sceller officiellement la relance de la relation bilatérale à Alger.
Le cortège du chef de l'Etat a grimpé jusqu'au Fort de Santa Cruz sur les hauteurs d'Oran (ouest), découvrant une vue plongeante sur la baie de la deuxième ville d'Algérie, baignée par la Méditerranée.
La chapelle attenante, lieu de pèlerinage très prisé durant la colonisation française (1830-1962), reste un lieu de recueillement, et de promenade pour les Algériens.
En bras de chemise et verre de thé à la main, il a devisé avec le patron du label, Boualem Benhaoua, 68 ans, qui lui a annoncé que "de nouveaux talents seraient prochainement enregistrés dans un studio du bord de mer". M. Macron a souri en observant le titre d'une K7: "malheureux toujours".
En sortant, il s'est réjoui qu'Oran et Disco Maghreb soient "encore l'épicentre du raï, d'une culture populaire, d'immenses d'artistes", avant de s'offrir un bain de foule impromptu, salué au cri de "Macron, Macron".
Le président, arrivé vendredi soir dans cette ville réputée pour son ouverture d'esprit, a dîné avec l'écrivain Kamel Daoud et d'autres personnalités oranaises.
- "Enthousiasme" -
Avant de quitter Alger, il avait rencontré des jeunes entrepreneurs et du milieu associatif qui l'ont interpellé sur les problèmes de visas, le recul du français en Algérie et le contentieux mémoriel entre les deux pays.
Après des mois de crise diplomatique, liée à ce passé toujours douloureux, les présidents français et algérien Abdelmadjid Tebboune ont annoncé dès le premier jour de la visite de M. Macron jeudi une nouvelle dynamique dans la relation bilatérale.
Ils la scelleront par la signature solennelle d'une déclaration commune pour un "partenariat renouvelé, concret et ambitieux", étape ajoutée à la dernière minute au programme du président Macron.
Avec l'Algérie, c'est "une histoire qui n'a jamais été simple. Mais une histoire de respect, d'amitié et, oserais-je le dire, d'amour", a lancé vendredi M. Macron, en décrivant un partenariat élaboré "dans l'enthousiasme du moment", lors de multiples entrevues avec M. Tebboune et ses ministres.
Il s'agira d'"un partenariat nouveau pour et par la jeunesse", a anticipé le président français, annonçant d'ores et déjà l'acceptation de 8.000 étudiants algériens de plus cette année en France, qui rejoindront un contingent annuel de 30.000 jeunes.
Outre le dossier mémoriel autour de la colonisation française, la question des visas a empoisonné la relation bilatérale quand Paris a décidé à l'automne 2021 d'en diviser par deux le nombre octroyé en Algérie, jugée pas assez prompte à réadmettre ses ressortissants expulsés de France.
- "Mémoires blessées" -
Il s'agira de lutter contre l'immigration clandestine tout en assouplissant les procédures pour "les familles de binationaux, les artistes, les sportifs, les entrepreneurs et politiques qui nourrissent la relation bilatérale".
Une commission mixte d'historiens français et algériens va aussi être créée pour "regarder" en face l'ensemble de la période de la colonisation, "sans tabou".
A Alger, la visite du président français ne faisait pas l'unanimité, beaucoup d'Algériens attendant des excuses en bonne et due forme de la part de M. Macron pour la colonisation et pour ses propos de l'automne 2021, doutant de l'existence d'une nation algérienne avant le débarquement de l'armée française en juin 1830.
"L'histoire ne peut pas s'écrire avec des mensonges (...) l'un des plus gros mensonges est de dire que l'Algérie a été créée par la France? On attendait que cette grossière contre-vérité soit effacée par Macron lors de cette visite", a affirmé Le Soir d'Algérie paru samedi.
E.Goossens--JdB