Wall Street en net repli après le discours ferme du président de la Fed
La Bourse de New York évoluait résolument dans le rouge vendredi en réaction aux déclarations fermes du président de la banque centrale américaine (Fed), résolu à poursuivre la lutte contre l'inflation, au risque de freiner l'économie.
Vers 15H10 GMT, le Dow Jones perdait 1,49%, l'indice Nasdaq 2,37%, et l'indice élargi S&P 500, 1,85%.
Jerome Powell a clairement affirmé sa détermination à poursuivre le cycle de resserrement pour juguler la flambée des prix, au point de mener une politique monétaire "suffisamment restrictive pour ramener l'inflation à 2%", c'est-à-dire qui ralentisse volontairement l'économie.
Revenir à la stabilité des prix "prendra du temps" et entraînera "une longue période de croissance plus faible" ainsi qu'"un ralentissement du marché du travail", a martelé le banquier central, dans le cadre du symposium de Jackson Hole (Wyoming).
"Il a été sans équivoque", a réagi Quincy Krosby, de LPL Financial, "alors qu'il avait été critiqué après la dernière réunion de la Fed (en juillet) pour avoir été ambigu, ce qui avait créé de la confusion sur les marchés", certains investisseurs imaginant que la Réserve fédérale s'apprêtait à lever le pied.
Alors qu'avant le discours, les opérateurs accordaient une probabilité équivalente à une hausse d'un demi-point et de 0,75 point de pourcentage du taux directeur de la Fed lors de sa prochaine réunion, fin septembre, le curseur a nettement penché pour la seconde option après l'allocution de Jerome Powell.
Pour Chris Zaccarelli, d'Advisor Alliance, le président de la Fed "n'a rien dit de nouveau" et s'est contenté de "réitérer ce qu'il dit depuis plusieurs mois".
Tandis que les indices reculaient sensiblement, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d'Etat américains à 2 ans, qui reflète davantage les évolutions de politique monétaire que le taux à 10 ans, a frôlé 3,45%, un sommet de 15 ans atteint mi-juin.
Cette anticipation renforcée d'une poursuite des hausses de taux pénalisait le secteur technologique, dépendant des conditions de crédit pour financer sa croissance. Alphabet (-4,21%), Amazon (-2,75%) et Meta (-2,95%) vivaient mal la séquence.
Après une retraite assez marquée avant l'intervention du président de la Fed, le dollar se reprenait face à l'euro, de nouveau à un souffle de la parité, seuil au-dessus duquel il était repassé.
Le message autoritaire de Jerome Powell a éclipsé la série de bons indicateurs américains, qui avaient initialement porté le marché, en particulier le léger recul des prix aux Etats-Unis en juillet par rapport au mois précédent, selon l'indice PCE publié vendredi.
Le rythme de l'inflation sur un an a lui rétrogradé à 6,3% contre 6,8% en juin.
Autre chiffre encourageant, l'indice de confiance des consommateurs, établi par l'université du Michigan, est fortement remonté en juillet, bien au-dessus des attentes. En outre, les consommateurs ont revu en baisse leurs prévisions d'inflation à un horizon d'un an et de cinq ans.
A la cote, Electronic Arts prenait de la hauteur (+5,78% à 134,39 dollars), poussé par l'information du média suédois GLHF, selon lequel Amazon serait sur le point de faire une offre de rachat de l'éditeur de jeux vidéos.
L'enseigne de prêt-à-porter Gap était sanctionné (-1,80 à 9,83 dollars) après un chiffre d'affaires en baisse, une perte sur son deuxième trimestre (achevé fin juillet) et le choix du groupe de ne plus faire de prévisions pour l'ensemble de son exercice, en raison d'une trop forte incertitude.
Visé, comme son partenaire allemand BioNTech, par une action en justice de la biotech Moderna (-2,06%) pour violation de brevet, Pfizer reculait de 1,15% à 47,35 dollars. L'affaire porte sur des brevets liés à la technologie dite de l'ARN messager, qui a permis l'élaboration accélérée des premiers vaccins contre le Covid-19.
Le fabricant d'ordinateurs Dell Technologies souffrait (-10,15% à 43,04 dollars) après l'annonce d'un chiffre d'affaires trimestriel inférieur aux attentes, doublée de commentaires prudents sur le deuxième semestre et un ralentissement de la demande.
Le spécialiste du paiement échelonné en ligne Affirm dérapait (-20,40% à 24,86 dollars), au lendemain de la publication, après Bourse, d'une perte plus importante que prévu et de prévisions jugées décevantes pour son exercice en cours.
A.Parmentier--JdB