Journal De Bruxelles - Le prix du gaz européen poursuit sa flambée, fermeture temporaire de Nord Stream

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Le prix du gaz européen poursuit sa flambée, fermeture temporaire de Nord Stream
Le prix du gaz européen poursuit sa flambée, fermeture temporaire de Nord Stream / Photo: Daniel ROLAND - AFP/Archives

Le prix du gaz européen poursuit sa flambée, fermeture temporaire de Nord Stream

Le prix européen du gaz a poursuivi sa hausse inexorable vendredi pour finir à un nouveau record en clôture, dopé par la fermeture "pour maintenance" de Nord Stream par le géant russe Gazprom pour plusieurs jours.

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La difficulté de l'Union européenne à amasser des réserves suffisantes pour pouvoir se passer des exportations russes pendant l'hiver sans créer de pénurie a fait monter le prix du contrat à terme du TTF néerlandais à 257,40 euros, du jamais vu en fin de séance.

En cours de séance, il n'avait dépassé ce niveau que pendant les premières journées extrêmement volatiles de l'invasion de l'Ukraine par la Russie pour atteindre un sommet historique le 7 mars à 345 euros.

Si Gazprom a affirmé que les livraisons de gaz allaient reprendre après un arrêt du 31 août au 2 septembre, le marché reste nerveux: l'Union européenne accuse Moscou d'utiliser le gaz comme moyen de pression dans le cadre de son invasion de l'Ukraine.

Résultat, le régulateur allemand de l'énergie a signalé jeudi que le pays risque de manquer son objectif de remplissage de ses réservoirs fixé par le gouvernement d'Olaf Scholz.

Le chef du régulateur Klaus Müller a averti que des pénuries étaient à attendre dans certaines régions durant l'hiver, et qu'il ne s'agissait "pas d'un hiver mais d'au moins deux, et le deuxième hiver pourrait être encore plus difficile".

L'Europe tente dans la douleur de se sevrer du gaz russe, dont l'Allemagne est particulièrement dépendante.

En Allemagne, à partir du 1er octobre, les importateurs pourront prélever 2,4 centimes de plus par kilowattheure (KWh) de gaz auprès des entreprises et des particuliers.

Même si le gouvernement a promis de l'amortir pour les plus modestes, "le choc sur la facture d'octobre devrait mener à une réduction de la demande des ménages", commentent les analystes de Deutsche Bank.

- L'électricité suit -

L’électricité suit pour sa part mécaniquement l’évolution des cours du gaz, car le marché est calé sur le coût des centrales à gaz (et à charbon) appelées à la rescousse pour assurer l’équilibre du système.

Les prix ont été tirés "par de faibles niveaux de vent (pour l’éolien) ainsi que des coûts élevés pour l’électricité au charbon et au gaz", ont souligné les analystes de Rystad Energy.

Dans le même temps, un été particulièrement chaud a limité la production d'électricité: la canicule affecte les systèmes de refroidissement des centrales nucléaires et la sécheresse empêche les barges d'apporter le charbon jusqu'aux centrales allemandes.

Or, la vague de chaleur stimule la consommation d'électricité pour la climatisation et la ventilation, limitant la baisse habituelle des mois estivaux.

L’électricité pour livraison l’année prochaine en Allemagne a dépassé pour la première fois 500 euros le MWh ces derniers jours, contre un peu plus de 300 euros début juillet.

"Ceci pourrait être la plus grande crise énergétique de l'Europe depuis au moins une génération", prévient John Plassard, analyste chez Mirabaud.

- Pétrole en baisse -

Dans le sillage des prix du gaz, le pétrole, qui avait entamé la séance en baisse, s'est ressaisi: +0,76% à 97,32 dollars pour la référence européenne, le Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre, et +1,14% à 91,17 dollars pour le West Texas Intermediate (WTI) américain qui arrive à échéance en septembre.

Le rebond des cours ne convainc pas tous les observateurs.

"Il y a énormément de raisons de parier sur une baisse, mais les acteurs du marché semblaient les avoir oubliées depuis deux séances", commente Stephen Brennock, analyste chez PVM.

Il souligne que les volumes sont particulièrement peu étoffés cet été, ce qui favorise une volatilité accrue des prix et pousse l'analyste à donner peu de crédit au rebond entamé mercredi après une baisse surprise des stocks américains.

"Une récession mondiale qui détruirait la demande reste la principale inquiétude, avec des données peu encourageantes venues de la zone euro et de Chine", ajoute-t-il.

Vendredi, la vigueur du dollar, dopé par la perspective d'un durcissement de la politique monétaire aux Etats-Unis, pesait également sur le pétrole.

Comme le billet vert est la devise de référence du marché pétrolier, sa hausse pèse sur le pouvoir d'achats des investisseurs qui utilisent d'autres devises.

R.Verbruggen--JdB