Le chômage en France se stabilise et confirme la bonne forme de l'emploi
Un taux de chômage stable, un taux d'emploi qui bat des records: le marché du travail confirme sa bonne santé lors du deuxième trimestre 2022, malgré un contexte économique morose et les inquiétudes nées d'une inflation au plus haut depuis 37 ans.
Selon les chiffres du chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) publiés vendredi par l'Insee, le chômage se stabilise à 7,4% de la population active en France (hors Mayotte), soit 2,3 millions de personnes, contre 7,3% au premier trimestre 2022.
Le nombre de chômeurs égale ainsi son niveau du quatrième trimestre de l'année 2021, et reste inférieur de 0,8 point à son niveau d'avant-crise, fin 2019.
"Depuis la sortie du plus dur de la crise sanitaire, l'emploi est très dynamique", relève auprès de l'AFP Sylvain Larrieu, chef de la division synthèse conjoncturelle du marché du travail de l'Insee.
Rapporté aux 102.500 emplois créés dans le privé lors du même trimestre, "on aurait pu s'attendre à une baisse du chômage", note cependant Eric Heyer, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
D'autres indicateurs attestent la bonne santé du marché du travail: le taux d'emploi de la population (de 15 à 64 ans) se stabilise à 68% (+1 point par rapport au 2e trimestre 2021), du jamais vu depuis 1975 et les premières mesures effectuées par l'Insee.
Il atteint même son plus haut niveau historique chez les 50-64 ans (66%, +0,5 point sur un an).
Le taux d'activité (qui calcule le rapport entre nombre d'actifs et population générale) atteint les 73,5% (+0,1 point). C'est surtout chez les jeunes (15-24 ans) qu'il augmente: +1,1 point à 42,5%.
Pour Eric Heyer, ce taux d'activité indique que, à la suite de la crise sanitaire, "plus de personnes s'inscrivent sur le marché du travail, à l'opposé du phénomène observé aux Etats-Unis où il y aurait une grande démission".
- Qualité de l'emploi -
C'est en clin d'œil à la journée internationale de la jeunesse qu'Olivier Dussopt, ministre du Travail a salué sur Twitter le "plus fort taux d'emploi et d'activité des jeunes depuis 1990", tout en rappelant l'"objectif emploi et formation pour tous".
Le développement des contrats en apprentissage explique en partie ces chiffres, selon Eric Heyer: "Les jeunes, pendant leur scolarité, intègrent ainsi le taux d'emploi".
Le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) augmente de 1,3 point lors du deuxième trimestre, à 17,8%. Mais "comme il avait beaucoup baissé en 2021, il reste inférieur à son niveau d'avant-crise", de 3,7 points, indique Sylvain Larrieu, de l'Insee.
Dans les autres catégories d'âge, le taux de chômage est quasi stable chez les 25-49 ans (+0,1 point, à 6,7%), et il diminue de 0,3 point chez les plus de 50 ans (à 5,2%).
Dans le détail, le taux de chômage de longue durée (au moins un an) est en très légère baisse, à 2,1% de la population active (-0,1 point) et demeure inférieur de 0,3 point par rapport à son niveau d'il y a un an.
Quant à la part du sous-emploi (personnes au chômage partiel ou à temps partiel et souhaitant travailler plus), elle diminue de 0,1 point sur le trimestre, à 4,6% des personnes en emploi, son plus bas niveau depuis 1992.
"La qualité de l'emploi s'améliore", déclare Eric Heyer.
La définition du chômage par le BIT ne prend pas en compte le "halo autour du chômage", soit les chômeurs qui ont envie de travailler mais sont indisponibles pour reprendre un emploi ou pas en recherche active. Cette catégorie comprend 1,9 million de personnes au 2e trimestre (+0,1 point).
Le président Emmanuel Macron s'est fixé pour objectif d'atteindre le plein emploi à l'horizon 2027, ce qui correspond selon les économistes à un taux de chômage autour de 5%.
Pour cela, le gouvernement mise sur trois réformes: l'assurance chômage, la transformation de Pôle emploi en "France Travail" et l'attribution du RSA sous condition d'avoir une activité.
X.Maes--JdB