Renault plombé par la Russie mais améliore ses marges
La cession de ses activités russes a plombé les comptes de Renault au premier semestre, mais le groupe automobile français a profité d'une hausse globale des prix des voitures pour améliorer sa rentabilité et se montre optimiste pour l'année.
Le constructeur automobile a publié vendredi une perte nette d'1,6 milliard d'euros pour le premier semestre, contre 368 millions d'euros de bénéfice net sur la même période de 2021.
Les investisseurs ont applaudi : le cours en Bourse de Renault a bondi de plus de 6% à l'ouverture vendredi.
De meilleures marges sur ses ventes n'ont certes pas compensé la charge de 2,3 milliards d'euros liée à la cession d'Avtovaz en Russie, où le groupe dominait le marché avec la marque Lada, acquise en 2014 et cédée à l'État russe en mai, à la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine.
Le chiffre d'affaires semestriel du groupe est resté stable (+0,3%) à 21,1 milliards d'euros, malgré des ventes en baisse de 12% (hors Russie), ralenties par les pénuries de puces électroniques.
Car le groupe a amélioré ses marges en vendant ses véhicules plus cher, à de plus haut niveaux de finition, et avec moins de remises. Il affiche 4,7% de marge opérationnelle hors Russie. Le résultat net des activités poursuivies est de 657 millions d'euros sur le semestre.
Les lancements de nouveaux modèles comme le SUV Renault Arkana, la familiale Dacia Jogger et l'électrique Megane E-Tech ont participé à l'amélioration de ces chiffres.
"C'est globalement un semestre solide", supérieur aux prévisions des analystes, a commenté Tom Narayan du cabinet RBC. "Cependant, Renault a encore du pain sur la planche face aux autres constructeurs et leurs marges à deux chiffres".
– "Résurrection" –
La Dacia Sandero est devenu le véhicule le plus vendu auprès des particuliers en Europe, tous constructeurs confondus. Et le carnet de commandes du groupe est à un niveau "record" de 4,1 mois de ventes sur le continent, la principale région pour Renault.
"La phase de résurrection, d'urgence, est terminée chez Renault", a souligné le directeur général du groupe Luca de Meo auprès des analystes. "La phase de révolution est bien en marche", avec 25 nouveaux véhicules d'ici 2025, notamment dans les segments supérieurs, a souligné M. De Meo.
Renault a relevé ses prévisions pour l'année 2022, visant dorénavant une marge opérationnelle de 5%, conforme à ses objectifs de long terme.
Au deuxième semestre, le groupe va devoir lutter contre la hausse des prix de l'énergie et s'attend aussi à ce que la confiance des ménages "reste faible". "Mais on va pouvoir défendre nos prix. On ne va pas pousser de la tôle dans nos canaux", a souligné M. De Meo.
Le groupe a confirmé que la crise des semi-conducteurs aurait un impact estimé à 300.000 véhicules sur sa production de l'année 2022. Les véhicules électriques et hybrides représentent désormais 36% des immatriculations du groupe, contre 26% au premier semestre 2021.
La hausse du prix des matières premières a également pesé dans les comptes à hauteur de 797 millions d'euros, partiellement compensée par des économies sur les achats à hauteur de 167 millions.
Le groupe a remboursé par anticipation un milliard d'euros du prêt garanti par l'État français, versé au début de l'épidémie de Covid-19. Il compte désormais rembourser un autre milliard au second semestre, et un dernier milliard au plus tard fin 2023.
C.Bertrand--JdB