Journal De Bruxelles - La priorité mondiale doit être l'inflation, alerte le chef économiste du FMI

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La priorité mondiale doit être l'inflation, alerte le chef économiste du FMI
La priorité mondiale doit être l'inflation, alerte le chef économiste du FMI / Photo: OLIVIER DOULIERY - AFP

La priorité mondiale doit être l'inflation, alerte le chef économiste du FMI

Malgré l'inquiétant ralentissement qui menace l'économie mondiale, la priorité doit être de faire ralentir l'inflation, et éviter à tout prix qu'elle soit totalement hors de contrôle, a souligné le chef économiste du FMI Pierre-Olivier Gourinchas, mardi dans un entretien à l'AFP.

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"L'inflation est un peu comme le génie sorti de la lampe", que l'on ne parvient pas à faire rentrer de nouveau, a souligné M. Gourinchas.

Le Fonds monétaire international a publié mardi l'actualisation de ses prévisions économiques, qui montrent des perspectives sombres pour l'économie mondiale. La croissance pour 2022 est attendue à 3,2%, soit 0,4 point de moins qu'anticipé lors de la publication des précédentes prévisions, en avril.

L'inflation, en revanche, devrait être plus forte que prévu, et atteindre 8,3% cette année à l'échelle mondiale, soit 0,9 point de plus que ce qui était anticipé en avril.

"Cela crée cet environnement très incertain. Les gens voient que leur pouvoir d'achat se réduit d'une manière qu'ils ne contrôlent pas vraiment", a expliqué le chef économiste.

"Les Banques centrales ont beaucoup à perdre si, d'une manière ou d'une autre, elles ne contrôlent pas la dynamique des prix à l'avenir", a-t-il ajouté.

Ce sont en effet ces institutions qui sont à la manoeuvre pour tenter de faire rentrer l'inflation dans les clous. Mais au risque de peser sur la croissance car, pour cela, elles renchérissent le coût du crédit, ce qui fait ralentir l'économie.

- Anticipations d'inflation -

Il a reconnu qu'il y avait un risque que les décideurs politiques en fassent trop et freinent la croissance. Mais il estime qu'ils sont, à ce stade, sur la bonne voie.

"Le but n'est pas d'infliger une récession à l'économie mondiale", mais "de ramener la stabilité des prix", avec une inflation à près de 2% pour les économies avancées, peut-être un peu plus pour les économies émergentes.

Et quand bien même les hausses de taux iraient trop loin, cela signifierait que les prix, eux, ralentiraient plus vite, a-t-il ajouté.

Perdre tout contrôle sur l'inflation, en revanche, serait très dangereux, avertit M. Gourinchas. L'hypothèse figure même parmi les principaux risques pour l'économie identifiés par le FMI dans ses perspectives économiques.

"Lorsque l'inflation est à 2% (niveau considéré comme sain pour l'économie, NDLR), vous pouvez oublier l'inflation", mais "dans un monde où (elle) est proche de 10%, vous ne pouvez pas".

La clé, ce sont les anticipations d'inflation: si les gens pensent que les prix vont continuer à beaucoup augmenter à plus long terme, "les Banques centrales auraient perdu le fil. Et ce sera très, très difficile de revenir en arrière".

Heureusement, "nous n'en sommes pas encore là", a-t-il dit. Jusqu'à présent, "les anticipations d'inflation sont restées assez stables. Et c'est l'un des grands avantages d'avoir eu des décennies de faible inflation et de crédibilité des Banques centrales".

- Mouvements "synchronisés" -

Mais les responsables politiques n'ont pas toutes les cartes en mains, et ne peuvent contrôler certains risques, comme l'hypothèse d'un arrêt total des livraisons à l'Europe de gaz russe.

Malgré le sombre tableau pour l'économie mondiale dressé par le FMI, il reste des signes d'espoir, a assuré Pierre-Olivier Gourinchas.

Ainsi, les Banques centrales du monde entier, y compris des marchés émergents, ont avancé dans des mouvements "synchronisés".

"Cela pèse effectivement sur l'activité mondiale et contribue également à faire baisser les prix de l'énergie", a-t-il détaillé

"Nous pourrions voir une trajectoire de désinflation beaucoup plus rapide si les prix de l'énergie devaient rester sur cette tendance", a souligné l'économiste.

Il note par ailleurs le fait que jusqu'à présent, les responsables des politiques fiscales et monétaires des économies émergentes ont bien réagi, permettant à leurs devises de s'ajuster.

E.Carlier--JdB