Journal De Bruxelles - Pouvoir d'achat: l'Assemblée contrainte de jouer les prolongations

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Pouvoir d'achat: l'Assemblée contrainte de jouer les prolongations
Pouvoir d'achat: l'Assemblée contrainte de jouer les prolongations / Photo: Christophe ARCHAMBAULT - AFP

Pouvoir d'achat: l'Assemblée contrainte de jouer les prolongations

L'Assemblée a été contrainte de prolonger ses travaux pendant la nuit de jeudi à vendredi dans l'espoir de venir à bout de l'examen du premier volet des mesures pour le pouvoir d'achat, retardé par de nombreuses passes d'armes entre députés de tous bords.

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Rappels aux règlements, invectives, attaques ad hominem: entamé lundi, l'examen du projet de loi d'urgence pour le pouvoir d'achat a tourné jeudi soir au pugilat et à un débat chaotique qui s'est envenimé autour des questions énergétiques.

Les députés de gauche de la Nupes ont fait bloc contre plusieurs dispositions du texte gouvernemental qui facilitent le recours aux énergies fossiles pour parer à de possibles pénuries liées à la guerre en Ukraine.

Dans leur collimateur : l'instauration de dérogations au droit de l'environnement afin d'accélérer la mise en service d'un terminal méthanier au Havre à même d'acheminer du gaz en provenance d'autres pays que la Russie.

A gauche, les députés y voient un moyen masqué d'importer des Etats-Unis du gaz de schiste, dont l’extraction est interdite en France en 2017 en raison des dégâts environnementaux qu'elle provoque.

Une telle décision est "suicidaire", a tonné l'écologiste Delphine Batho. "Si la décision c'est de remplacer le gaz de Poutine par du gaz de schiste américain, c’est une pure folie".

La stratégie du gouvernement est "d'aller dans le mur", a renchéri l'insoumise Clémentine Autain.

De l'autre côté de l'hémicycle, le RN s'en est pris aux "ayatollahs" Verts et à l'exécutif, tenu responsable des sanctions imposées contre la Russie pour son invasion de l'Ukraine.

"Ce sont vos sanctions internationales qui ont fait exploser le prix de tous les consommables en France", affirmé le député Thibaut François.

Pris entre deux feux, l'exécutif a tenté de se défendre. "On parle de remplacer une énergie fossile par une autre énergie fossile. Pas d’émettre plus de CO2", a lancé la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

La ministre a également mis en avant que ce terminal, dont la mise en service est prévue pour la fin 2023, ne serait autorisé que pendant cinq ans.

Il en fallait plus pour convaincre les députés de gauche ulcérés par une autre mesure : le relèvement du plafond des émissions de CO2 pour asseoir le redémarrage de la centrale à charbon de Saint-Avold, fermée fin mars.

"Je suis atterrée de devoir avec mes collègues nous battre contre la relance des énergies fossiles", a lancé l'insoumise Aurélie Trouvé.

A droite, ce retour au charbon, acté par l'exécutif fin juin, a également ému le patron des députés LR Olivier Marleix qui y voit une "aberration". "Serons-nous encore capables cet hiver de fournir de l'électricité aux Français?", s'est-il interrogé.

"Ce retour au charbon n'est pas une bonne nouvelle", a convenu la rapporteure LREM du texte Maud Bregeon, qui a toutefois défendu un recours "temporaire" pour répondre à une "situation exceptionnelle".

- Echanges tendus -

Les échanges se sont envenimés au fil de la soirée. Peu avant 19H, des députés de la Nupes et la majorité avaient quitté l'hémicycle pour protester contre la décision de la présidente de séance (RN) de donner la parole à Marine Le Pen, alors qu'un autre élu du Rassemblement national venait de s'exprimer.

Plus tard dans la soirée, les élus RN ont fait claquer leurs pupitres pour couvrir les déclarations d'un élu de gauche qui venait de les traiter de "fachos".

Très peu d'orateurs ont par ailleurs respecté les règles de prise de parole, retardant d'autant les débats et occasionnant de nombreux rappels à l'ordre notamment quand un député a brandi un tube de Biafine dans l'hémicycle.

Plus tôt dans la matinée, les députés étaient pourtant parvenus à une forme de concorde pour adopter de nouvelles mesures anti-inflation.

Ils ont ainsi voté le plafonnement de la hausse des loyers à 3,5% dans l'Hexagone pendant un an ainsi qu'une revalorisation de 3,5% des aides personnalisées au logement. Autre moment de conciliation mercredi soir, l'Assemblée avait voté à la quasi unanimité la déconjugalisation de l'allocation adultes handicapés.

Une fois ce texte adopté, les députés doivent examiner dans la foulée le très contesté budget rectificatif pour 2022 (PLFR) qui doit permettre de financer ces mesures.

jt-parl/alc

W.Wouters--JdB