L'inflation accélère encore au Royaume-Uni en pleine crise du coût de la vie
L'inflation au Royaume-Uni a accéléré en juin à 9,4% sur un an, atteignant ainsi un nouveau sommet en quarante ans – en pleine crise du coût de la vie – qui risque de pousser la Banque d'Angleterre à durcir sa politique de taux.
L'accélération des prix en juin a été nourrie par les carburants et l'alimentation, précise l'Office national des statistiques (ONS) dans son rapport mensuel publié mercredi. En mai, l'inflation atteignait 9,1% sur un an.
"Les pays de par le monde affrontent la hausse des prix et je sais combien c'est difficile pour les gens ici au Royaume-Uni, donc nous travaillons aux côtés de la Banque d'Angleterre pour la faire retomber", a commenté le ministre de l'Économie et des Finances, Nadhim Zahawi.
La Banque d'Angleterre (BoE) estime que l'inflation pourrait monter jusqu'à plus de 11% à la fin de l'année, dopée par l'invasion russe de l'Ukraine, l'envolée des prix du gaz qu'elle a entraînée, et un marché du travail très tendu.
Pour tenter d'endiguer la flambée des prix plus vigoureusement, le gouverneur de la BoE Andrew Bailey a prévenu mardi que l'institut monétaire pourrait accélérer le rythme de ses hausses de taux en les remontant de 50 points de base en août.
"L'inflation a atteint un nouveau sommet en plusieurs décennies en juin. Le marché du travail est encore tendu, les pressions sur les prix dans le monde sont fortes et nous attendons un nouveau relèvement du plafond des tarifs d'électricité" en octobre au Royaume-Uni, a commenté Anna Leach, économiste au CBI, la plus grande organisation patronale britannique.
"Par conséquent l'inflation va probablement restée élevée pour le restant de l'année, rognant les revenus déjà très affaiblis des ménages", ajoute-t-elle.
– Les critiques s'accumulent –
La crise du coût de la vie est un thème central de la campagne des candidats conservateurs à la succession de Boris Johnson à Downing Street.
"Nous pensons que l'inflation élevée signifie que la Banque d'Angleterre va continuer à monter ses taux d'intérêt de 1,25% actuellement à 3% même si l'économie est en récession", souligne pour sa part Paul Dales du cabinet Capital Economics.
L'économie britannique voit en effet les nuages s'accumuler. Le FMI a prédit en avril que le Royaume-Uni devrait connaitre la pire croissance des pays du G7 l'an prochain. La Banque d'Angleterre prévoit une contraction.
Quant à l'inflation, elle est attendue par plusieurs organisations de prévisions comme partie pour être la pire des pays du G7 dans les mois à venir.
À titre de comparaison, la hausse des prix dans la zone euro se situait à 8,6% sur un an le mois dernier, un record, et elle atteignait 9,1% sur un an en juin aux États-Unis.
Les critiques s'accumulent au sujet de la stratégie de la banque centrale, venues notamment de candidats à la succession du Premier ministre.
"Le régime [de politique monétaire], basé sur l'indépendance de la banque centrale, est plus important que jamais. La valeur d'un régime se jauge dans les périodes difficiles, pas quand tout va bien", a toutefois insisté M. Bailey mardi.
En attendant, l'escalade des prix dans le contexte de pénurie de travailleurs au Royaume-Uni attise revendications salariales et mouvements de grève.
Mardi, les dernières statistiques officielles sur l'emploi faisaient état d'une chute à un rythme record des salaires réels, c'est-à-dire hors inflation.
M.F.Schmitz--JdB