Les consommateurs américains ont dépensé en juin, poussés par l'inflation
Les consommateurs américains ont largement ouvert leur porte-monnaie en juin, les ventes au détail ayant augmenté plus qu'attendu, mais cette progression est surtout due à la forte inflation et pourrait encourager la banque centrale américaine à agir plus vigoureusement encore.
Le montant total des ventes s'est élevé à 680,6 milliards de dollars en juin, ce qui représente une hausse de 1% par rapport à mai, selon les données publiées vendredi par le département du Commerce.
C'est plus qu'attendu par les analystes, qui tablaient sur une progression de 0,8% et cela marque un rebond par rapport au mois précédent, puisque les ventes s'étaient contractées de 0,1% en mai, selon des données révisées en hausse et également publiées vendredi.
"Les ventes au détail augmentent, mais c'est surtout un mirage de l'inflation", relève ainsi Gregory Daco, chef économiste de EY-Parthenon, dans une note.
L'évolution des ventes au détail, en effet, ne tient pas compte de l'inflation. Or, celle-ci s'est de nouveau accélérée en juin, atteignant 9,1% sur un an, contre 8,6%, selon l'indice des prix à la consommation (CPI) publié mercredi par le département du Travail. Sur un mois, elle a atteint 1,3% en juin, contre 1,0% en mai.
- Prix de l'essence -
Ainsi, "après ajustement de la hausse des prix de 1,3% le mois dernier, les ventes au détail se sont en fait contractées de 0,3%, après une chute de 1,1% en mai", détaille Gregory Daco.
Cette hausse des ventes au détail signifie ainsi, au moins en partie, que les consommateurs américains ont dû dépenser plus d'argent, sans pour autant acheter plus de biens et services.
Les stations-service enregistrent ainsi la plus forte progression sur un mois (+3,6%), au moment où le prix moyen du gallon d'essence (environ 3,8 litres) avait grimpé pour la première fois au-dessus du seuil symbolique de 5 dollars, avant de reculer ces dernières semaines.
Sans tenir compte des prix de l'essence, les ventes au détail progressent de 0,7% par rapport au mois de mai.
Les consommateurs américains ont ainsi ouvert plus largement leur porte-monnaie dans les restaurants (+1%), les magasins d'ameublement et décoration (+1,4%), ou encore pour acheter des articles de sport, instruments de musique et livres (+0,8%).
Ils ont, en revanche, boudé les magasins de vêtements et de construction ou de rénovation.
La confiance des consommateurs est à un niveau historiquement bas, malgré une légère remontée en juillet, selon l'estimation préliminaire de l'enquête de l'Université du Michigan publiée vendredi.
- Faire ralentir la consommation -
Les ventes au détail sont observées de près par la banque centrale américaine (Fed), qui tente de faire ralentir cette forte inflation en relevant ses taux directeurs pour renchérir le coût du crédit pour les particuliers et professionnels.
Le but: faire ralentir la consommation et donc faire baisser la pression sur les prix.
L'un des gouverneurs de l'institution, Christopher Waller, s'est dit jeudi ouvert à l'idée d'une hausse d'un point de pourcentage de son taux directeur lors de la prochaine réunion du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), prévue les 26 et 27 juillet.
Cela constituerait une première depuis plus de 30 ans.
Ce responsable s'était jusqu'à présent montré favorable à une hausse de 0,75 point de pourcentage, ce qui, dans ce contexte, serait un niveau "presque neutre", selon lui.
Mais si, d'ici la prochaine rencontre du FOMC, des indicateurs sur les ventes au détail ou l'immobilier étaient plus élevés qu'anticipé, "cela me ferait pencher vers une hausse plus importante (...) dans la mesure où cela [montrerait] que la demande ne ralentit pas assez vite pour faire baisser l'inflation", avait-il ajouté.
La Fed a commencé en mars à relever les taux directeurs de manière agressive pour freiner la demande et calmer cette hausse des prix. Ces taux, qui donnent le ton pour les crédits accordés aux particuliers et entreprises, se situent désormais dans une fourchette comprise entre 1,50% et 1,75%.
R.Michel--JdB