Wall Street ouvre en baisse, accablée par une nouvelle accélération de l'inflation
La Bourse de New York évoluait en baisse mercredi peu après l'ouverture, accablée par la publication d'un indice des prix américain nettement plus élevé que prévu, qui témoigne d'une persistance de l'inflation et présage une poursuite d'un resserrement monétaire brutal.
Vers 14H00 GMT, le Dow Jones abandonnait 0,94%, l'indice Nasdaq, très influencé par les valeurs technologiques, perdait 0,83%, et l'indice élargi S&P 500 cédait 0,89%.
Les indices réduisaient cependant leur perte après une ouverture en forte baisse, le Nasdaq ayant notamment perdu jusqu'à 2%.
L'indice des prix CPI a fait ressortir, en juin, une hausse de 9,1% sur un an, soit plus que les 8,8% attendus par les économistes. C'est le chiffre le plus élevé sur un an depuis novembre 1981.
"C'est très décevant", a réagi Jack Ablin, de Cresset Capital. "Même si les économistes s'attendaient à un chiffre un peu plus élevé (qu'en mai), je doute que quelqu'un prévoyait 9%. Donc c'est un revers."
La surprise du CPI est, en grande partie, liée à l'explosion des prix de l'essence, qui ont grimpé de 11,2% en juin sur un an. Mais les économistes relevaient également que l'inflation dite sous-jacente, c'est-à-dire hors énergie et alimentation, était aussi plus élevée que prévu.
"L'inflation est désormais enracinée et c'est exactement ce qui inquiète le plus les investisseurs et les banquiers centraux", a expliqué Jeffrey Roach, de LPL Financial.
Cette nouvelle montée en température de l'inflation présage la poursuite d'une politique monétaire volontariste de part de la banque centrale américaine (Fed).
"L'engagement sans condition de la Fed à faire baisser l'inflation va pousser ses membres à continuer leurs hausses de taux agressives", a anticipé Kathy Bostjancic, chef économiste de Oxford Economics.
Après l'annonce du CPI, les opérateurs ont ainsi recalibré leurs prévisions et estiment désormais à 90% la probabilité d'une hausse d'au moins 1,5 point de pourcentage du taux directeur de la Fed lors de ses deux prochaines réunions (juillet et septembre), soit au moins un relèvement de 0,75 point à chaque fois.
Il y a une semaine, ils n'accordaient à ce scénario qu'une probabilité de 12%.
Immédiatement après la publication du CPI, le dollar est monté, pour la première fois depuis 2002, au-dessus d'un euro, à 0,9998 dollar pour un euro.
La nouvelle a aussi dopé les taux obligataires américains. Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans est monté à 3,03%, contre 2,96% la veille.
Le taux à 2 ans a bondi encore davantage, à 3,16%, contre 3,04%, une ampleur rare sur un laps de temps si resserré.
Au-dessus du 10 ans depuis plusieurs jours, il affichait un écart plus vu depuis 15 ans avec l'autre référence du marché obligataire, un phénomène souvent considéré comme annonciateur d'une récession à moyen terme.
Sans surprise, les anticipations de durcissement monétaire plus vu depuis quasiment trente ans plombait les valeurs technologiques, notamment Microsoft (1,37%), Alphabet ou Meta (1,08%).
Les valeurs technologiques et de croissance peuvent s'attendre à de nouvelles turbulences, a prévenu Jack Ablin, car cette nouvelle escalade de l'inflation "met une pression supplémentaire sur les bénéfices, sur les marges, et la croissance des profits".
"Cela ne change pas notre stratégie, mais cela réduit nos attentes", a signalé l'analyste. "On sait que l'inflation finira par se calmer, mais on ne sait pas quel sera l'impact sur l'économie et le marché."
Parmi les rares titres à surnager se trouvaient quelques représentants du secteur de la santé comme Merck (+0,13%) et le laboratoire Vertex (+0,42%).
Bien qu'étant parvenue à dégager un bénéfice au deuxième trimestre, la compagnie Delta Air Lines a fait moins bien qu'attendu par les analystes, ce qui lui valait une sanction du marché (-7,46% à 22,77 dollars).
Le transporteur aérien emmenait avec lui tout le secteur, d'American Airlines (-4,27%) à United Airlines (-2,62%).
Twitter poursuivait son rebond de la veille (+5,97% à 36,09 dollars), après avoir saisi mardi la justice de l'Etat du Delaware pour forcer Elon Musk à acquérir la plateforme, comme il s'y était engagé en avril, avant de renoncer la semaine dernière.
E.Goossens--JdB