Une foule arc-en-ciel et des ministres à Madrid pour la Marche des Fiertés
Plusieurs centaines de milliers de personnes sont descendues samedi dans les rues de Madrid pour la Marche des fiertés, après deux années sans défilé à cause du Covid-19, en appelant à la "résilience" face aux "discours de haine".
Pour la première fois, l'événement, auquel participaient plusieurs ministres de la coalition de gauche au pouvoir, dont celui de l'Intérieur Fernando Grande-Marlaska, a été retransmis en direct sur une chaîne de télévision publique.
Les manifestants, munis pour beaucoup de drapeaux arc-en-ciel, symboles de la communauté LGBT+ (lesbien, gay, bisexuel, transgenre, transsexuel, queer et autres), se sont massés en fin d'après-midi derrière une banderole portant le slogan de cette édition 2022: "Visibilité, Fierté et Résilience".
Certains portaient pistolets à eau et s'arrosaient pour se rafraîchir face à la forte chaleur. D'autres, torse nu, affichaient sur leur dos leurs adresses Instagram ou dansaient au rythme de percussions brésiliennes ou de la musique techno.
Cette fête "m'avait beaucoup manqué, l'ambiance est géniale", a confié à l'AFP Victor Romero Fernandez, un enseignant madrilène de 38 ans venu avec des amis. "On voit que les gens avaient très envie de faire la fête après si longtemps".
"J'aime revoir les rues pleines" mais le défilé "devrait être plus exigeant en matière de droits, c'est devenu une grande fête, avec des chars transformés en discothèques (...) c'est un gros business", commentait de son côté Miguel Ángel Alfonso, fonctionnaire de 44 ans.
L'homosexualité a été dépénalisée en Espagne en 1978, trois ans après la mort de Franco. Le pays est devenu depuis l'un des plus ouverts, autorisant dès 2005 le mariage homosexuel et l'adoption pour les couples de même sexe.
Cela reste "important" de donner de la "visibilité" aux personnes homosexuelles, a souligné avant le défilé la Fédération espagnole FELGTBI+, en déplorant dans un communiqué des "discours de haine accrus".
Ces discours "sapent les fondements de la coexistence sociale" et "mettent en danger les progrès réalisés à ce jour", selon la fédération, qui a profité de la marche pour afficher son soutien au projet de loi dit "Trans" porté par le gouvernement.
Le texte, qui doit être examiné à partir de l'été au Parlement, permettra à une personne de faire changer son nom et son genre sur ses papiers d'identité, sur simple demande, dès l'âge de 16 ans.
Il ferait de l'Espagne, s'il est adopté, l'un des rares pays au monde à autoriser l'autodétermination du genre.
E.Goossens--JdB