Variole du singe: la France élargit à son tour la vaccination aux catégories les plus exposées
Face à la montée des cas de variole du singe et aux difficultés à retracer les chaînes de contamination, la France a annoncé vendredi l’élargissement de la vaccination, désormais proposée préventivement aux groupes les plus exposés, notamment les homosexuels, comme dans d’autres pays.
Elle rejoint dans cette démarche le Royaume-Uni, les Etats-Unis ou le Canada, comme le réclamaient des associations LGBTQ+, des professionnels de santé et des partis de gauche.
Jusqu'alors, la vaccination était seulement proposée aux adultes, y compris soignants, ayant eu un contact à risque avec un malade. Environ 700 personnes ont ainsi été vaccinées.
La France comptait 721 cas, dont 4 femmes et 2 enfants, majoritairement en Ile-de-France, selon le dernier bilan de Santé Publique France diffusé jeudi.
Comme dans les autres pays, la majorité des cas recensés concerne des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.
La possibilité de vaccination préventive concerne "les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples, les personnes en situation de prostitution, les professionnels des lieux de consommation sexuelle", a précisé la HAS.
- "Semaine prochaine" -
En visite à Dijon, le ministre de la Santé François Braun a précisé qu'"en lien avec les Autorités régionales de santé, le ministère est en train de finaliser les mesures nécessaires pour que cette vaccination puisse débuter dès le début de la semaine prochaine".
Les éligibles "pourront commencer à prendre des rendez-vous dès la semaine prochaine", selon Jérôme Salomon, directeur général de la Santé.
"Dès la semaine prochaine, une dizaine de sites en Ile-de-France", région la plus touchée, proposeront une vaccination au public élargi, selon l'Agence régionale de Santé. Et une ligne téléphonique, "Ecoute santé Monkeypox", joignable au 0 801 90 80 69, ouvrira à partir de mercredi, 7 jours sur 7, de 8h à 23h.
Deux vaccins sont disponibles en France, Imvanex, en version européenne, et Jynneos en version américaine, des vaccins de troisième génération (vaccins vivants ne se répliquant pas dans l'organisme humain), produits par Bavarian Nordic.
"Nous sommes aujourd'hui en capacité de répondre dans les prochaines semaines aux besoins des centres", a assuré Jérôme Salomon.
La France ne recevra pas de doses de la première commande de l'UE, car elle avait "un stock et est solidaire de pays qui n'en avaient pas", mais il est "tout à fait possible" qu'elle "s'associe" à "de prochaines commandes", selon lui.
La vaccination s'effectue avec deux doses, espacées de 28 jours. Pour les personnes vaccinées contre la variole dans le passé, une seule dose suffit. Pour les immunodéprimés, une troisième est conseillée.
A ce stade, la HAS ne recommande pas la vaccination préventive des soignants prenant en charge des malades, jugeant suffisantes les mesures d'hygiène et le masque. Mais elle peut être envisagée dans certains cas.
- 6.000 cas dans le monde -
Le virus de la variole du singe peut être transmis par contact direct avec les lésions cutanées ou muqueuses d’un malade, ainsi que par des gouttelettes. "Les rapports sexuels, avec ou sans pénétration, réunissent ces conditions pour une contamination, et avoir plusieurs partenaires augmente le risque d’être exposé au virus", a rappelé Santé Publique France.
La contamination peut aussi se faire par contact avec l’environnement du malade (literie, vêtements, linge de bain…). A ce stade, les cas rapportés en Europe sont majoritairement bénins, et aucun décès n'est signalé. Cette maladie virale guérit le plus souvent spontanément, au bout de 2 à 3 semaines.
Une recrudescence inhabituelle de cas a été détectée depuis mai en dehors des pays d'Afrique centrale et de l'Ouest où le virus est endémique, avec quelque 6.000 cas comptabilisés dans le monde selon l'OMS.
Avec plus de 80% des cas, l'Europe reste de très loin la région la plus affectée. L'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Espagne sont les pays les plus touchés, avec plus de 1.000 cas chacun.
Mercredi, le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a redit son inquiétude face à la flambée de variole du singe. Il convoquera, au plus tard la semaine du 18 juillet, le Comité d'urgence, qui doit l'aider à juger s'il faut réévaluer la gravité de la crise.
T.Bastin--JdB