Journal De Bruxelles - La Cour des comptes s'inquiète des "aléas" des prévisions budgétaires du gouvernement

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La Cour des comptes s'inquiète des "aléas" des prévisions budgétaires du gouvernement
La Cour des comptes s'inquiète des "aléas" des prévisions budgétaires du gouvernement / Photo: STEPHANE DE SAKUTIN - AFP/Archives

La Cour des comptes s'inquiète des "aléas" des prévisions budgétaires du gouvernement

Le gouvernement tiendra-t-il sa prévision de déficit public de 5% fin 2022? La Cour des comptes a pointé jeudi les "nombreux aléas" pesant sur la trajectoire budgétaire de la France, à quelques heures de l'annonce par l'exécutif d'une salve de nouvelles dépenses.

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Confirmée la semaine dernière, la cible de 5% de déficit public "reste entachée de multiples incertitudes" liées à "la situation sanitaire et géopolitique", juge l'institution dans son rapport annuel sur la situation et les perspectives des finances publiques.

Au-delà des conséquences de la guerre en Ukraine et de l'évolution de la pandémie sur les finances publiques, difficiles à quantifier, la Cour s'alarme de l'impact financier du projet de budget rectificatif que le gouvernement va présenter jeudi après-midi en Conseil des ministres.

Les mesures dégainées par l'exécutif pour soutenir le pouvoir d'achat, auxquelles s'ajoute le plan de résilience annoncé mi-mars, "vont venir détériorer le déficit 2022 par rapport au scénario de la LFI (loi de finances initiale, NDLR)", anticipe-t-elle ainsi.

Selon le projet de budget rectificatif (PLFR) que la Cour cite dans son rapport, les dépenses publiques devraient gonfler de près de 60 milliards d'euros par rapport à celles envisagées dans la LFI.

Un surcoût attribuable en premier lieu à la forte inflation (+5,8% sur un an en juin selon l'Insee), qui devrait alourdir de 17,5 milliards la charge de la dette de l'Etat.

Actée dans le PLFR, la prolongation jusqu'à fin août de la remise de 15 à 18 centimes sur le prix du litre de carburant engendre pour sa part des dépenses supplémentaires de 4,6 milliards d'euros, pour un coût total sur l'année de 7,6 milliards d'euros.

Les hausses de salaire de 3,5% pour les fonctionnaires devraient coûter 2,2 milliards à l'Etat, tandis que la facture de l'aide aux entreprises grandes consommatrices de gaz et d'électricité devrait doubler pour grimper à 3 milliards sur l'année 2022.

- Décrochage -

Heureusement pour l'Etat, les recettes devraient augmenter presque autant que les dépenses, avec une hausse attendue de 57 milliards d'euros par rapport à la LFI.

A elles seules, les augmentations salariales consenties par les entreprises pour préserver le pouvoir d'achat de leurs salariés face à l'inflation devraient représenter "environ 8 milliards d'euros de recettes supplémentaires en cotisations sociales, prélèvements sociaux et impôt sur le revenu", précise l'institution de la rue Cambon.

Mais attention, comme pour la trajectoire des finances publiques dans son ensemble, l’incertitude autour des prévisions de recettes est "très élevée".

La Cour s'interroge en particulier sur "la capacité de la croissance à résister à la succession de chocs survenus au début de l’année 2022 (hausse des prix de l'énergie, guerre en Ukraine, augmentation importante des taux d'intérêt)".

Et même si l'objectif d'un déficit ramené à 5% du PIB fin 2022 était tenu, un tel chiffre "devrait rendre encore plus complexe l’objectif réaffirmé du Gouvernement de ramener le déficit sous 3 points de PIB et de mettre la dette sur une trajectoire descendante d’ici 2027", s'alarme la Cour des comptes.

Avec une dette publique de 112,5% du PIB et un déficit de 6,4% fin 2021, les marges de manœuvre budgétaires du gouvernement sont contraintes.

La Cour regrette d'ailleurs que "la France n’(ait) pas tiré profit d’une activité économique dynamique entre 2017 et 2019 pour redresser ses finances publiques".

Et le doublement du déficit public à cause de la crise sanitaire n'a fait qu'accroître "le décrochage avec les principaux pays de la zone euro", déplore-t-elle.

Pour placer la France sur une meilleure trajectoire budgétaire, elle prône une nouvelle fois des "efforts soutenus" sur la maîtrise des dépenses publiques.

Autre pilier de la stratégie défendue par la Cour, "le renforcement du potentiel de croissance" via une politique d'investissement.

Avec l'explosion du déficit et de la dette, la soutenabilité des finances publiques "devient plus que jamais une exigence sans laquelle le pays s’exposerait à des risques grandissants pouvant menacer sa souveraineté", conclut le rapport.

G.Lenaerts --JdB