Aéroports : annulations et retards dus à des grèves à l'orée de la haute saison
Des vols annulés, d'autres retardés et des passagers philosophes: un nouveau mouvement de grève pour les salaires dans plusieurs aéroports, dont Roissy-Charles-de-Gaulle, perturbait vendredi le trafic aérien à l'orée des vacances scolaires d'été.
La direction générale de l'aviation civile (DGAC) avait demandé aux compagnies d'annuler préventivement 17% des vols à l'arrivée ou au départ du premier aéroport français (CDG) vendredi matin, un mouvement social des pompiers ayant contraint à fermer des pistes depuis jeudi.
Cela représente 100 mouvements d'aéronefs sur les 1.300 prévus dans la journée, a indiqué à l'AFP le gestionnaire de la plateforme, le Groupe ADP. Le trafic à Orly n'est en revanche pas affecté, selon la même source.
Vendredi, les soldats du feu ont été rejoints par d'autres salariés d'ADP et de sous-traitants dans le cadre d'un mouvement intersyndical et interprofessionnel, dont le préavis court tout le week-end.
"Depuis la crise du Covid, il y a pas mal de collègues qui ont été licenciés. On se retrouve à faire le travail de trois personnes", témoigne Anissa Belabbas, régulatrice, salariée du groupe 3s Alyzia et représentante CGT: "on demande une revalorisation salariale et de meilleures conditions de travail. Il nous faut des gens qui connaissent le métier. Sinon on vous demande des cadences plus importantes".
"On est déjà à 6% d'inflation, à la fin de l'année ça sera combien? La bataille ne fait que commencer (...) La seule garantie qu'on peut avoir c'est indexer les salaires sur les prix", a lancé un délégué syndical CGT d'ADP avant le début d'une manifestation de quelque 300 personnes entre les terminaux.
Celle-ci bloquait ponctuellement les accès routiers de l'aéroport, selon ADP qui pointait aussi "quelques retards" d'avions au départ, mais "pas de zone de blocage" du fait de grévistes aux postes d'inspection ou à la manutention.
À 11h30, sur l'ensemble des vols affichés au terminal 2E, moins de 10 étaient déclarés en retard.
Au total, "208.000 passagers sont prévus" vendredi, a indiqué à l'AFP une source aéroportuaire, précisant que la situation était "plutôt calme". Chez Air France, les annulations concernent des court et moyen-courriers, les long-courriers n'étant pas touchés.
"Mon vol a été décalé de 2h, ça me fait un décalage de 13 heures à l'aéroport de Nairobi", explique à l'AFP Michel, 42 ans, qui ne souhaite pas donner son nom de famille.
"C'est la première fois que ça m'arrive mais quand on ne peut pas changer les choses, on prend ça avec philosophie. Et quand on habite en Afrique, on a l'habitude de prendre le temps", développe-t-il en souriant.
"Une heure ou deux de retard pour un vol de 12 heures, ce n'est pas ça qui change ma vie. J'étais au courant que la journée serait longue", renchérit Karim Bbahla, un "streamer" de 29 ans en partance pour San Francisco.
– Diminution du personnel –
À l'appel d'une intersyndicale FO-CGT-CFE-CGC, un préavis de grève a également été déposé de vendredi à lundi à Marseille-Provence, mais sa direction ne prévoyait ni annulation ni retard, des personnels ayant été réquisitionnés par arrêté préfectoral.
Les grévistes dénoncent une restructuration visant, selon le délégué syndical FO Olivier Traniello, à "diminuer drastiquement le personnel (...) alors qu'on revient à un trafic de 2019, voire supérieur, avec des équipes qui ne sont plus prêtes et armées pour y faire face". Ils protestent aussi contre des diminutions de primes.
Les salariés d'ADP réclament des augmentations de salaires de 6%, rétroactives au 1er janvier, tandis que la direction propose 3% au 1er juillet, selon les syndicats. ADP n'a pas souhaité faire de commentaire sur ce point.
ADP, touché comme l'ensemble du secteur aérien par la pandémie, a lancé un plan de départs volontaires et de réductions de salaires, assorties de la promesse d'un retour au même niveau de traitement une fois le trafic revenu au niveau d'avant-crise, ce qui est le cas sur certains faisceaux.
ADP a invité comme jeudi les passagers à arriver "trois heures (avant) pour un vol international" et "deux heures pour un vol domestique ou européen".
L'été s'annonce très difficile dans le secteur aérien européen, qui peine à retrouver son efficacité après la pandémie et connaît de nombreux mouvements sociaux.
T.Moens--JdB