La Provence: le vote du CA validant la reprise par CMA CGM suspendu par la justice
Le vote du conseil d'administration de La Provence, qui avait validé la reprise du groupe de presse par l'armateur CMA CGM, a été suspendu jeudi par le tribunal de commerce de Marseille, saisi en urgence par son concurrent NJJ.
Cette suspension durera "jusqu'à ce que le juge du fond statue sur la demande d'annulation de la décision", détaille le tribunal dans sa décision que l'AFP a pu consulter.
"C'est une première victoire pour nous auprès du tribunal de commerce de Marseille", a réagi Me Christian Lestournelle, l'avocat marseillais de NJJ, holding de Xavier Niel.
La société Avenir Développement, filiale de NJJ, actionnaire à 11% du groupe de presse publiant La Provence et Corse Matin avait attaqué en référé la décision du conseil d'administration (CA), qui le 9 mai, avait agréé l'offre de la CMA CGM en dépit de ses deux votes contre qui avaient été invalidés par le président du CA et PDG de La Provence, Jean-Christophe Serfati.
Elle-même candidate au rachat des 89% de La Provence détenus par le Groupe Bernard Tapie (GBT), en liquidation judiciaire depuis 2020, Avenir Développement possède en tant qu'actionnaire minoritaire un droit de veto contre tout nouvel entrant.
Le jour du vote, le président du CA avait considéré qu'Avenir Développment étant elle-même candidate à la reprise, elle se trouvait donc en situation de "conflit d'intérêts".
"Ils ont quitté leur siège d'administrateur pour se lancer dans la compétition. Ils ont intérêt à éliminer un concurrent", avait estimé à l'audience l'avocat de La Provence, Me Bernard Bouquet.
Mais dans sa décision, le tribunal a estimé que l'invalidation des deux votes par M. Serfati constituait "une atteinte au droit de vote des administrateurs" et "un trouble manifestement illicite".
Contacté par l'AFP, Me Bouquet n'était pas joignable dans l'immédiat pour réagir et dire si La Provence faisait appel ou non de cette décision. Jusqu'à présent, l'audience sur le fond est prévue le 29 juin.
Une semaine plus tôt, le 22 juin, le tribunal de commerce de Bobigny devrait dire de son côté s'il valide ou bloque la cession à l'armateur du groupe de presse, qui emploie quelque 850 salariés. A moins qu'il ne décide de repousser sa décision en attendant l'issue de cette procédure sur le vote du CA.
Un bras de fer judiciaire s'est engagé depuis plusieurs mois entre le poids lourd du transport maritime mondial, la CMA CGM, basée à Marseille, et le fondateur de Free, Xavier Niel, pour la reprise des parts du Groupe Bernard Tapie.
D.Mertens--JdB