

Automobile: le salon de Shanghai, symbole de la nouvelle donne mondiale malgré la tempête douanière
Le salon de l'automobile de Shanghai doit illustrer à partir de mercredi la nouvelle donne de l'automobile mondiale, malgré une tempête de droits de douane qui freine les ambitions de la Chine à l'export.
Le plus grand salon du monde attend près de 1.000 exposants dans 12 énormes pavillons dans l'ouest de la capitale économique du pays, ont indiqué les autorités de Shanghai.
Alors que les salons de Paris ou de Détroit (Etats-Unis) essaient de se renouveler, le salon de Shanghai, qui alterne chaque année avec celui de Pékin, doit illustrer jusqu'au 2 mai la nouvelle domination de la République populaire de Chine sur le secteur.
La Chine est devenue en 20 ans le premier marché mondial de l'automobile, en misant sur les voitures électriques et hybrides rechargeables, deux motorisations considérées comme stratégiques par les autorités.
Il pourrait se vendre en Chine plus de 26 millions de véhicules en 2025, selon le cabinet AlixPartners: la République populaire pourrait ainsi dépasser pour la première fois la somme de l'Europe et des Etats-Unis, où les clients achètent moins de voitures.
"La croissance du marché est poussée par l'adoption rapide des véhicules électriques, de plus en plus équipés de fonctions comme la conduite autonome", indique AlixPartners.
Des usines ont fleuri dans toutes les régions du pays et les grands groupes SAIC (marque MG), BYD ou BAIC cassent les prix sur un marché où les clients sont plutôt jeunes et ouverts à la nouveauté.
Les géants de l'électronique Xiaomi et Huawei (via sa marque Harmony Intelligent Mobility Alliance) seront présents au salon de Shanghai pour la première fois avec des voitures électriques, montrant leurs ambitions dans le secteur.
Le leader mondial des batteries CATL a répliqué de son côté à son concurrent BYD en annonçant lundi une batterie capable de regagner 520 kilomètres d'autonomie en 5 minutes de charge.
- Exportations -
La Chine, premier producteur mondial devant le Japon, a aussi une influence croissante hors de ses frontières.
Avec 6,4 millions de voitures exportées en 2024 (+23% sur un an), la Chine était déjà le premier exportateur mondial. Elle pourrait atteindre 30% des exportations mondiales en 2030, selon un rapport publié mardi par AlixPartners.
Les exportations sont freinées par des taxes américaines et européennes, mais elles se maintiennent vers le Moyen-Orient et vers la Russie, d'où sont partis les autres constructeurs étrangers avec le début de la guerre en Ukraine.
L'effet des surtaxes devrait être limité, selon AlixPartners, car si elles augmentent le prix des pièces et voitures chinoises de 24%, soit 46 milliards de dollars, cela ne représente que 3,8% de la valeur totale de l'industrie automobile chinoise.
Et si ces taxes empêchent les Chinois de lancer leurs voitures électriques à l'assaut de l'Amérique, elles condamnent aussi les voitures produites en Chine par les entreprises américaines General Motors et Ford.
Les constructeurs étrangers sont d'ailleurs menacés en Chine par la concurrence accrue des marques locales et une féroce guerre des prix.
Les Allemands, omniprésents en Chine depuis son ouverture au capitalisme, sont les plus menacés.
Le groupe Volkswagen a ainsi annoncé mardi soir une offensive inédite de 20 véhicules électriques sur deux ans, conçus "en Chine pour la Chine", son premier marché mondial.
Ces modèles comptent sur les technologies dont sont friands les Chinois, des lumières personnalisables aux aides à la conduite, pour reprendre quelques parts de marché.
Les partenariats locaux et un développement accéléré ont permis de "réduire les coûts" de lancement de ces véhicules, a souligné le patron du géant allemand, Oliver Blume.
Le ralentissement de la croissance chinoise et la surproduction de ses usines a pu laisser planer un doute sur le modèle automobile du pays.
Mais "tous ceux qui disent que la Chine perd de son importance et s'affaiblit devraient regarder Shanghai", a prévenu l'expert allemand Ferdinand Dudenhöffer mardi dans une note. "C'est le contraire qui est vrai. Si notre industrie automobile veut renouer avec les succès d'antan, elle doit devenir plus chinoise."
K.Willems--JdB