

Les Bourses mondiales fléchissent, avec la guerre commerciale pour boussole
Les Bourses mondiales fléchissent mercredi, les investisseurs restant sur la retenue face à l'enfoncement de Pékin et Washington dans la guerre commerciale.
En Europe, vers 11H00 GMT, la Bourse de Paris perdait 0,51%, Francfort 0,58%, Londres 0,31% et Milan 0,61%.
En Asie, la Bourse de Tokyo a terminé en baisse de 1,01%. Les places chinoises ont aussi piqué du nez: l'indice hongkongais Hang Seng a perdu 1,91%, Shenzhen 0,85%. Seule Shanghai a gagné quelque 0,26%
A Wall Street enfin, les contrats à terme laissaient également présager d'une ouverture en baisse.
"Les conflits commerciaux persistants du président Trump avec ses partenaires commerciaux maintiennent les investisseurs sur leurs gardes", commente Patrick Munnelly, de Tickmill Group.
"Ainsi, après une brève période de stabilité sur les marchés, les investisseurs ont été rappelés aux risques d’une possible escalade, ravivant les craintes d’un durcissement de la guerre commerciale", relève Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank.
La Chine a prévenu mercredi qu'elle n'avait pas peur "de se battre" avec les Etats-Unis tout en prônant le dialogue, au lendemain de nouvelles restrictions commerciales venues de plusieurs fronts.
Pékin a suspendu toute réception d'avions fabriqués par le constructeur américain Boeing. La Poste de Hong Kong a de son côté annoncé mercredi suspendre les envois de colis vers les Etats-Unis.
Et sur les autres fronts, "il n'y a pas eu de signe d'avancée entre les États-Unis et l'Union européenne non plus", souligne Jim Reid.
Même en partie retardée avec la suspension de 90 jours d'un certain nombre de surtaxes, la guerre commerciale planera sans nul doute jeudi sur les débats à la Banque centrale européenne (BCE) au moment de déterminer ses taux d'intérêt.
La tech en berne
Les titres technologiques souffrent après l'annonce de nouvelles restrictions américaines sur les exportations de semi-conducteurs vers la Chine.
Cela pourrait coûter 5,5 milliards de dollars de charge exceptionnelle au premier trimestre au géant américain des puces Nvidia.
Les titres asiatiques liés aux semi-conducteurs ont dégringolé mercredi, à l'image d'Advantest (-6,55%), Disco Corp (-8,00%) ou Sumco (-5,95%) à Tokyo, ou de SK Hynix (-3,65%) à Séoul.
Les valeurs européennes du secteur suivaient le mouvement, Soitec perdant 2,26% et STMicroelectronics -2,20% à Paris, et Infineon -1,57% à Francfort vers 11H00 GMT.
A Amsterdam, le titre ASML chutait de près de 5,02%. Le président directeur général d'ASML a déclaré mercredi que les annonces liées aux tarifs douaniers ont "accru l'incertitude" macroéconomique, mais le géant néerlandais a toutefois maintenu ses prévisions pour l'année.
Le dollar à la peine
Le dollar souffre d'une "érosion de la confiance" des investisseurs, selon Stephen Innes, analyste chez SPI AM.
"Qu'il s’agisse du lancement chaotique des politiques douanières, de l’utilisation d'outils commerciaux comme armes sans cadre de négociation clair, ou de la diplomatie américaine de plus en plus binaire, la base mondiale des investisseurs observe attentivement et recalibre ses choix", remettant en question la réputation de valeur refuge du dollar, explique-t-il.
Depuis le fameux "jour de la libération" le 2 avril dernier, date de l'annonce des droits de douane américains colossaux visant les importations de la plupart des pays et déjà partiellement suspendus, le dollar a cédé environ 5% face à l'euro.
Mercredi, vers 11H00 GMT, le billet vert perdait 0,74% face à la monnaie unique européenne, à 1,1368 dollar pour un euro.
Le marché de la dette américaine se stabilise. Le rendement de l'obligation à dix ans atteignait vers 11H00 GMT 4,33%, contre 4,34 mardi à la clôture.
"La vente massive des bons du Trésor américain est désormais plus contenue qu’il y a une semaine, ce qui est important pour évaluer la gravité potentielle d’une crise financière", note Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.
Fuite vers l'or, à un nouveau record
L'or, considéré comme la valeur refuge par excellence, s'est hissé mercredi à un nouveau record historique, à 3.317,75 dollars l'once. Vers 11H00 GMT, l'once d'or prenait 2,28% à 3.304 dollars.
"L'or émerge comme l’un des principaux bénéficiaires de l’actuelle fuite vers la sécurité qui balaye les marchés", et la crise de "confiance dans les actifs américains", explique Ricardo Evangelista, analyste chez ActivTrades.
P.Renard--JdB