Coup d'envoi de l'Expo universelle d'Osaka, rendez-vous futuriste d'un monde fracturé / Photo: Philip FONG - AFP
Coup d'envoi de l'Expo universelle d'Osaka, rendez-vous futuriste d'un monde fracturé
L'Exposition universelle 2025 a ouvert ses portes dimanche à Osaka, où sont représentés quelque 160 pays et régions, un rendez-vous placé par le Japon sous le signe des technologies d'avenir et de la concorde dans un monde "confronté aux divisions".
L'"Expo-2025", qui se déroulera jusqu'au 13 octobre sur l'île artificielle de Yumeshima, s'inscrit dans la lignée de l'édition de 1970 organisée aussi à Osaka et dont l'impact fut majeur pour un archipel en plein essor économique.
Organisées à travers le monde depuis 1851 (celle de 1889 laisse pour héritage la Tour Eiffel à Paris), les Expositions universelles offrent l'occasion aux pays participants de rivaliser via l'architecture de leurs pavillons et la présentation de leurs cultures et technologies.
Trois ans après l'Exposition à Dubaï, Osaka s'est choisie pour thème "la société du futur", mettant l'accent sur l'intelligence artificielle et le spatial.
Avec parmi les attractions-phares une météorite martienne, 32 sculptures de Hello Kitty déguisées en algues, ou encore un minuscule coeur battant cultivé à base de cellules-souches et présenté au public pour la première fois.
Pour cette édition, les pavillons --souvent extravagants-- sont entourés d'un imposant "Grand Anneau" d'environ 2 km de circonférence et de 20 m de haut, en massives charpentes de bois brut.
La plus grande structure architecturale en bois du monde selon le Guinness, et un symbole d'unité pour son créateur Sou Fujimoto: l'Expo-2025 est "une occasion précieuse où tant de cultures différentes et de pays se réunissent en un seul lieu", confiait-il en décembre à l'AFP.
- "S'ouvrir à la diversité" -
L'événement ouvre cependant à l'ombre de multiples conflits et des turbulences économiques provoquées par le président américain Donald Trump.
"Après avoir surmonté la pandémie de Covid, le monde est confronté à une crise marquée par de nombreuses divisions", a constaté samedi, lors d'une cérémonie d'ouverture futuriste, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba.
"Il est extrêmement important que des personnes du monde entier se rassemblent (...) s'ouvrent aux technologies de pointe et à la diversité des cultures et des modes de pensée", a-t-il insisté.
Durant cette cérémonie, qui associait AI et danse kabuki, l'empereur nippon Naruhito a déclaré espérer que l'Expo-2025 "offrira aux peuples du monde l'occasion de respecter non seulement leur propre vie, mais aussi l'existence des autres".
"Ce n'est pas à vendre" affirme justement un panneau jaune et bleu au-dessus du petit stand de l'Ukraine, qui résiste depuis trois ans à l'invasion militaire engagée par la Russie, absente de l'Expo-2025.
Israël et Palestiniens ont tous deux de petits emplacements. Yahel Vilan, responsable du pavillon israélien, orné d'une pierre du Mur occidental de Jérusalem, assure à l'AFP: "Nous sommes venus avec un message de paix".
Le pavillon des Etats-Unis a pour thème "America the Beautiful", mais ne mentionne pas la guerre commerciale, mettant l'accent sur les paysages, l'IA et l'espace --avec simulation de lancement de fusée s'enflammant au-dessus des visiteurs.
Le pavillon chinois voisin, évoquant un rouleau de calligraphie, présente des technologies vertes et échantillons lunaires rapportés par les sondes Changa'e-5 et Changa'e-6.
- Sophie Marceau et Teddy Riner -
Le pavillon français, placé sous le signe d'un "Hymne à l'amour" et enveloppé d'immenses drapés blancs, abrite des statues de Rodin, tapisseries d'Aubusson, gargouille de Notre-Dame et expositions sur l'artisanat de luxe et les vins d'Alsace.
Il sera inauguré dimanche par deux de ses parrains, l'actrice Sophie Marceau et le judoka Teddy Riner, mais attirait déjà les premiers visiteurs.
"On adore la France et sa culture, on est venus spécialement de Nagoya avec ma maman", indique à l'AFP Kumiko Asakawa, Japonaise de 40 ans.
Les difficultés à écouler les billets de l'Expo-2025 ont cependant illustré le relatif désintérêt des Japonais pour l'évènement, mesuré par des sondes peu enthousiates.
A ce jour, seuls 8,7 millions de billets on été vendus à l'avance... moitié loin que les 14 millions espérés. Et pour un objectif de 28 millions de visiteurs sur six mois, très en-deçà du record de 64 millions de visiteurs de l'Exposition de Shanghai en 2010.
Autre difficulté: le Japon connaît un afflux record de touristes étrangers attirés par un yen affaibli, saturant les hébergements à Osaka et faisant grimper les prix en flèche.
Alors que les expos universelles sont souvent critiquées pour leur caractère temporaire et leurs vestiges laissés en jachère, l'île artificielle d'Osaka laissera place à un complexe hôtelier avec casino après octobre.
Mais seuls 12,5 % du "Grand Anneau" seront réutilisés, selon les médias japonais.
W.Baert --JdB
