

Les Bourses asiatiques dévissent, le pétrole au plus bas en 4 ans
Les Bourses en Asie ont dévissé lundi, tandis que Wall Street s'orientait vers un nouveau plongeon, dans des marchés paniqués par l'offensive douanière par Donald Trump et les représailles chinoises.
Les cours du pétrole s'enfoncent de 3%, à des niveaux plus vus depuis quatre ans.
Tokyo, Sydney, Hong Kong... lundi noir sur les Bourses
Vers 03H00 GMT, à la Bourse de Tokyo, l'indice vedette Nikkei perdait 6,47% à 31.591 points après avoir dévissé de 8% une heure auparavant. L'indice élargi Topix lâchait 6,5%.
A Séoul, l'indice Kospi abandonnait 4,3%. Sydney cédait 3,7% après avoir chuté de quelque 6%. Taïwan perdait environ 10%.
Fermés vendredi en raison d'un jour férié, les marchés chinois plongeaient de concert: l'indice hongkongais Hang Seng dévissait de 9,5% à 20.780 points, l'indice composite de Shanghai perdait 5,71% et celui de Shenzhen 7,83%.
Après une première salve de 10% de droits de douane américains planchers qui ont pris effet samedi, des majorations s'appliqueront dès mercredi à des dizaines de pays, dont la Chine (avec une surtaxe montant à 34%), le Japon (24%), la Corée du Sud (25%), le Vietnam (46%)...
Les marchés financiers restent paniqués par les conséquences économiques d'une telle offensive protectionnistes et redoutent une escalade: Pékin a répliqué par des surtaxes douanières de 34% ciblant les produits américains dès le 10 avril.
"La guerre commerciale est plus vaste et plus généralisée (que sous le premier mandat de Trump)", a averti Lloyd Chan, analyste de MUFG.
"Le risque d'une guerre commerciale mondiale à grande échelle s'accroît. L'impact négatif et l'incertitude pèseront sur l'économie mondiale en réduisant les échanges et les investissements", prévient-il.
Avec l'annonce de la Chine, "il est clair qu'il s'agit d'une guerre économique brutale", commente Stephen Innes, de SPI Asset Management.
"Il ne s'agit plus seulement d'un conflit commercial, mais d'une refonte systémique de l'ordre économique mondial" dont les règles "sont en train d'être démantelées en temps réel. Si la semaine dernière n'était qu'un début, on pourrait avoir un bain de sang" sur les marchés, redoute-t-il.
Pékin pourrait être tenté de laisser le yuan se déprécier pour soutenir ses exportateurs, mais "cela ouvrirait la voie à une volatilité accrue (des taux des devises) et risquerait de déclencher des sorties de capitaux" hors de Chine, s'alarme M. Innes.
La tech souffre, Alibaba s'effondre
Les groupes liés aux semiconducteurs, plombés par les risques de désorganisation des chaînes de production électronique à travers l'Asie, continuent de plonger à Tokyo, dont Advantest (-9,44%) et Sumco (-14,38%).
A Hong Kong, le géant de l'e-commerce Alibaba dégringolait de 12%, après la fin de l'exemption douanière pour les petits colis envoyés aux Etats-Unis. Son rival JD.com lâchait 11%.
Fournisseurs et sous-traitants d'Apple, qui produit ses smartphones en Asie, étaient aussi attaqués, à l'image du taïwanais Foxconn (-10%).
Vers un nouveau plongeon à Wall Street
Les contrats à terme portant sur le Dow Jones et l'indice élargi S&P 500 décrochent, signe que l'effondrement de la semaine dernière risque de se poursuivre: le Dow Jones avait chuté de 9,26% sur les deux séances de jeudi et vendredi, et le S&P 500 de 10,52%. Sur ces deux journées, la place américaine a effacé quelque 6.000 milliards de dollars de capitalisation boursière.
"C'est une débâcle auto-administrée par Trump. La logique de la douleur passagère (pour les marchés) est complètement erronée", a commenté l'analyste Dan Ives, du cabinet Wedbush Securities.
"Jusqu'à présent, l'équipe de Trump ne recule pas (...) Il est clair que Washington utilise les difficultés du marché comme un levier, et non comme un signal les encourageant à changer de cap", abonde Stephen Innes.
Pétrole au plus bas depuis 2021
Vers 03H00 GMT le baril de pétrole américain WTI lâchait 2,40% à 60,49 dollars. Il est descendu brièvement sous 60 dollars pour la première fois depuis avril 2021. Il a perdu plus de 16% depuis mercredi.
Le baril de Brent de la mer du Nord cédait 2,47% à 63,96 dollars.
"Le moral du marché s'est effondré face aux craintes croissantes que la guerre commerciale n'entraîne une récession de l'économie mondiale et un ralentissement de la demande pétrolière", observe Giovanni Staunovo, analyste de UBS.
Les pays producteurs de l'Opep+ ont par ailleurs indiqué qu'ils annulaient leurs réductions de production prévues pour mai.
Valeurs refuge: yen et obligations choyés
Signe d'un mouvement violent d'aversion au risque, les taux des obligations d'Etat américaines et japonaises à dix ans fléchissent, reflétant une forte demande.
La devise japonaise, jugée sûre, grimpait de 0,3% face à un billet vert affaibli, à 146,48 yens pour un dollar.
L'or, valeur refuge par excellence, se stabilisait (-0,4% à 3.025 dollars l'once) mais restait non loin de ses records de jeudi.
K.Laurent--JdB