Wall Street abattue après une inflation américaine galopante
L'inflation galopante aux Etats-Unis en mai a fait chuter fortement la Bourse de New York vendredi où les indices ont inscrit leur pire semaine depuis janvier.
Selon des chiffres définitifs à la clôture, l'indice des valeurs vedettes Dow Jones a lâché 2,73% à 31.392,79 points. Le Nasdaq, à forte teneur technologique, a plongé de 3,52% à 11.340,02 points.
Le S&P 500, plus représentatif du marché américain, a perdu 2,91% à 3,900,86 points.
Les investisseurs ont eu beaucoup de mal à digérer des indicateurs américains vraiment décevants, en premier lieu l'indice d'inflation CPI qui, sur le mois de mai, a bondi de 1% alors que les analystes misaient sur +0,7%.
Sur douze mois, la hausse des prix à la consommation remonte à 8,6%, contre 8,3% en avril, loin du "plateau" espéré par les politiques et les analystes.
C'est le plus haut niveau de hausse des prix depuis 1981.
Non seulement les actions ont chuté, mais le dollar a fortement grimpé et les taux obligataires se sont tendus.
Les rendements obligataires à court et à long terme sur les obligations d'Etat américaines se tenaient coude à coude.
Les taux sur les bons du Trésor à 2 ans bondissaient à leur plus haut niveau depuis fin 2007, à 3,06%. De même, les rendements sur les bons à 10 ans se rapprochaient de leur sommet de 2018 à 3,15%.
"L'indice CPI est bien plus fort qu'attendu, le marché espérait un plateau mais il semble que les tensions sur les prix se répandent", a remarqué Shaun Osborne, analyste à Scotiabank.
"Une inflation forte, une Fed qui va relever les taux davantage et une augmentation des risques de ralentissement de l'économie, voilà ce qu'il se passe", a résumé pour sa part Karl Haeling de LBBW.
Le comité monétaire de la Banque centrale américaine se réunit la semaine prochaine et les marchés s'attendent déjà à un tour de vis de 50 points de base sur les taux d'intérêt directeurs, après une hausse similaire le mois dernier.
Mais au vu de la flambée des prix, de plus en plus d'analystes se demandent si la Banque centrale ne va pas serrer la vis plus fortement en enclenchant une hausse des taux directeurs de 75 points, une démarche extrêmement rare dans l'histoire récente de la Fed.
"Les marchés commencent à prendre en compte le risque d'un relèvement des taux de 75 points de base la semaine prochaine, mais je n'en suis pas sûr car cela me semblerait céder un peu à la panique", a indiqué M. Osborne.
Le moral des ménages s'écroule
Alors que le président américain a réagi en martelant qu'il fallait faire "plus et rapidement" pour lutter contre l'inflation, Jerome Powell, le patron de la Fed, promet d'être sous une forte pression lorsqu'il s'adressera à la presse mercredi à l'issue de la réunion du Comité monétaire (FOMC).
Les inquiétudes suscitées par cette tenace hausse des prix ont définitivement pesé sur la confiance des consommateurs qui s'est écroulée en juin. L'indice du moral des ménages de l'Université du Michigan a touché son plus bas niveau jamais enregistré, perdant 14% par rapport à mai, pour s'établir à 50,2 points, un recul qui a surpris les analystes.
Tous les secteurs du S&P ont conclu dans le rouge, particulièrement celui des dépenses non-essentielles (-4,16%), des technologies de l'information (-3,89%) et les banques (-3,65%).
Netflix a perdu 5,10% à 182,94 dollars après un avis défavorable d'analystes de Goldman Sachs qui ont aussi dégradé la plateforme de jeux Roblox (-8,98%) ainsi qu'Ebay (-5,16%).
La débandade a touché tous les grands noms de la tech, d'Alphabet (-3,04% à 2.228,55 dollars), la maison mère de Google, à Amazon (-5,60% à 109,65 dollars) et Meta, la maison mère de Facebook (-4,58%).
Les sites de voyages et les compagnies de croisières ont bu la tasse, dans le sillage de la hausse du prix des carburants, avec Booking en chute de 7,59%, Expedia de 5,60% et Royal Caribbean Cruise de 7,33%.
La start-up de transmission numérique de documents Docusign, qui souffre depuis la fin des confinements, a encore drastiquement fondu vendredi de presque 25% après l'annonce de mauvais résultats.
Tesla, qui a terminé en repli de 3,12% à 696,69 dollars, a annoncé après la clôture la division de son action par trois. Amazon avait divisé la sienne par 20 lundi.
J.M.Gillet--JdB