

Wall Street crispée avant les nouveaux droits de douane américains
La Bourse de New York évolue en retrait mardi, se montrant prudente à la veille du "Jour de la libération", date à laquelle Donald Trump a prévu d'annoncer une nouvelle salve de droits de douane à l'encontre des partenaires commerciaux des Etats-Unis.
Vers 14H30 GMT, le Dow Jones lâchait 0,87%, l'indice Nasdaq reculait de 0,44% et l'indice élargi S&P 500 perdait 0,66%.
"Le marché est aux prises" avec la question des droits de douane "depuis six semaines", rappelle auprès de l'AFP Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.
"Maintenant que nous disposons d'une date précise à laquelle nous devrions connaître l'ampleur de la mise en œuvre initiale des droits de douane, le marché ne sait pas si cela laisse une porte ouverte (...) aux négociations", ajoute l'analyste.
Donald Trump, qui aime souffler le chaud et le froid, a promis lundi qu'il serait "très gentil" avec les partenaires commerciaux des Etats-Unis, lesquels retiennent leur souffle face à la perspective d'une rafale de nouveaux droits de douane américains.
Les autres pays "ont profité de nous, et nous allons être très sympas, en comparaison de ce qu'ils nous ont fait" a encore dit Donald Trump, en assurant que les droits de douane américains seraient "plus bas", et dans certains cas "nettement plus bas" que ceux imposés par d'autres Etats.
Il semble donc relativiser sa grande menace de droits de douane strictement "réciproques", qui verraient les Etats-Unis taxer toute marchandise importée de la même manière que le pays dont elle provient taxe les produits américains.
En attendant, les partenaires économiques des Etats-Unis préparent leur riposte, entre contre-mesures et réduction de leurs propres droits de douane.
Face à ces incertitudes, la place américaine réagit "sur la base de la rhétorique, ce qui pousse les investisseurs à devenir très défensifs", c'est-à-dire à privilégier des valeurs qui sont théoriquement moins sensibles à la conjoncture ou à se tourner vers des actifs moins volatils que les actions, souligne Art Hogan.
"Les investisseurs resteront probablement sur cette voie jusqu'à ce qu'il y ait une certaine clarté sur les droits de douane finaux", ajoute l'analyste.
Dans ce contexte, vers 14H10 GMT sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d'Etat américains à dix ans se détendait nettement à 4,14% contre 4,21% à la clôture la veille.
Wall Street était aussi lestée par la publication de l'indice de la fédération professionnelle ISM sur la production manufacturière, qui a révélé que les nouveaux droits de douane sur l'acier et l'aluminium importés aux Etats-Unis se sont traduits par des coûts de production accrus pour les industriels américains en mars.
Autre indicateur publié quelques dizaines de minutes après l'ouverture, le rapport JOLTS du ministère américain du Travail a mis en évidence une baisse des offres d'emplois en janvier, supérieure aux prévisions des économistes.
Au tableau des valeurs, le laboratoire pharmaceutique Johnson & Johnson abandonnait 4,70% après que la justice américaine a rejeté son offre proposant de verser quelque 8 milliards de dollars pour des cancers gynécologiques liés à des produits à base de talc, en raison d'irrégularités lors du processus.
Le talc est accusé de contenir de l'amiante et de provoquer des cancers des ovaires chez ses utilisatrices. Pour mettre fin à environ 90.000 poursuites, le laboratoire américain, qui le commercialisait, avait proposé en mai 2024 de payer environ 8 milliards de dollars sur vingt-cinq ans — environ 6,5 milliards de dollars en valeur nette — pour les plaintes civiles liées à des problèmes ovariens (99,75% des plaintes actuelles).
L'entreprise américaine de prêt-à-porter PVH, propriétaire de Tommy Hilfiger et Calvin Klein, était recherchée (+16,46%) après avoir réalisé des résultats meilleurs qu'attendu au quatrième trimestre de son exercice.
R.Cornelis--JdB