

Guerre commerciale: L'acier taxé aux Etats-Unis, l'UE riposte, Pékin promet des mesures
Nouvelle étape de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et ses partenaires commerciaux, les droits de douane de 25% sur l'acier et l'aluminium voulus par Donald Trump sont devenus effectifs mercredi, entraînant une riposte de l'Union européenne et de Pékin, qui a promis de prendre "toutes les mesures nécessaires" pour protéger ses intérêts.
Le président américain avait déjà taxé les importations d'acier et d'aluminium durant son premier mandat (2017-2021) mais ces nouvelles taxes se veulent "sans exception et sans exemption", avait-il assuré lors de leur annonce, début février.
Le but affiché par le locataire de la Maison blanche est de protéger l'industrie sidérurgique américaine, qui voit sa production baisser d'année en année, confrontée à une concurrence de plus en plus vigoureuse, provenant notamment d'Asie.
La Chine, premier producteur d'acier au monde, a réagi en promettant de prendre "toutes les mesures nécessaires pour protéger ses droits et intérêts légitimes".
Dans les faits, le marché américain n'est toutefois pas le débouché principal pour les exportateurs chinois.
"Les actions des Etats-Unis violent gravement les règles" de l'Organisation mondiale du commerce et "endommagent gravement le système d'échange multilatéral", a déclaré une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
"Il n'y a aucun gagnant dans les guerres commerciales", a-t-elle ajouté.
Ces nouvelles taxes vont plus loin que celles du premier mandat de M. Trump en couvrant aussi toute une gamme de produits transformés.
Le Canada, la Chine, l'Union européenne, le Japon ou encore l'Australie sont concernés.
- "Les prix vont augmenter" -
La Commission européenne a de son annoncé qu'elle allait taxer une série de produits américains allant des bateaux au bourbon en passant par les motos, à partir du 1er avril.
L'UE "regrette profondément" les mesures décidées par le président Donald Trump, a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, estimant que la réplique européenne était "forte mais proportionnée".
"Les droits de douane sont mauvais pour les affaires et encore pires pour les consommateurs", a-t-elle estimé. "Des emplois sont en jeu. Les prix vont augmenter. En Europe et aux Etats-Unis", a-t-elle martelé, se disant prête au dialogue.
Ces droits de douane américains sont "totalement injustifiés", a aussi déclaré mercredi le Premier ministre australien Anthony Albanese, après avoir échoué à négocier une exemption de dernière minute.
Londres s'est de son côté dit "déçu" mercredi, mais sans annoncer de contre-mesures immédiates.
Les Etats-Unis importent environ la moitié de l'acier et de l'aluminium utilisés dans le pays, pour des secteurs aussi variés que l'automobile ou l'aviation, la pétrochimie ou les produits de consommation de base, telles les conserves.
"Les deux industries les plus consommatrices d'acier aux Etats-Unis sont le secteur automobile et la construction, qu'il s'agisse de bâtiments résidentiels ou commerciaux", a souligné Clarke Packard, chercheur au Cato Institute.
Depuis le début de son mandat, Donald Trump a fait un usage extensif des droits de douane, les utilisant à la fois comme outil de négociations, incitation à l'implantation d'entreprises dans le pays et source de revenus pour les finances fédérales.
Il a tout d'abord visé le Canada, le Mexique, de 25%, et la Chine, de 10% avant de porter le taux à 20%, accusant les trois pays de ne pas agir suffisamment contre le trafic de fentanyl, puissant opioïde cause d'une grave crise sanitaire dans le pays.
Mais les produits canadiens et mexicains importés aux Etats-Unis et respectant le cahier des charges de l'accord de libre-échange Canada-Etats-Unis-Mexique (ACEUM) ont finalement été exemptés jeudi, soit une large part des importations.
Les droits de douane visant les produits chinois ont en revanche été maintenus poussant Pékin à annoncer des représailles, visant en particulier des produits agricoles provenant d'Etats américains ayant largement voté pour Donald Trump.
Le président américain a également menacé brièvement mardi le Canada de doubler les droits de douane sur l'acier et l'aluminium avant de reculer dans la même journée.
D'autres matières premières, telles que le bois de construction ou les produits laitiers canadiens, ont été menacés et M. Trump a régulièrement répété, depuis le 20 janvier, son intention d'imposer des droits de douane aux importations européennes.
Certains pays ont tenté de convaincre le président américain de les exempter, à l'image du Japon, dont le ministre de l'Economie, Yoji Muto, a fait le déplacement à Washington, sans grand succès de son propre aveu.
Mercredi, le Japon a jugé "regrettable" de ne pas avoir été exempté sur l'acier, mettant en garde contre le risque d'un "impact considérable" des barrières douanières sur leurs liens économiques.
Cette frénésie d'annonce de nouvelles taxes à l'importation pèse de plus en plus sur les marchés: Wall Street a ainsi effacé lors des dernières la quasi totalité des gains réalisés depuis l'élection de Donald Trump, sur fond de crainte de récession aux Etats-Unis.
D.Mertens--JdB