

Iran: Khamenei fustige une politique "d'intimidation" après des menaces de Trump
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a dénoncé samedi une politique d'"intimidation" des Etats-Unis, après que le président américain Donald Trump a menacé de s'en prendre "militairement" à l'Iran si le pays ne négocie pas son programme nucléaire.
"Je leur ai écrit une lettre en disant que j'espère que vous allez négocier parce que si on doit attaquer militairement, ce sera une chose terrible pour eux", a affirmé le président américain dans un extrait d'interview sur la chaîne Fox Business diffusé vendredi.
"Certains gouvernements insistent par l'intimidation pour obtenir des négociations", a déclaré samedi Ali Khamenei, sans toutefois mentionner le nom de Donald Trump.
"Pour eux, les négociations ne servent pas à résoudre les problèmes, mais à dominer et ils veulent imposer leur volonté à l'autre partie par le biais des négociations", a ajouté le plus haut personnage de l'Etat, lors d'un discours devant des responsables à l'occasion du ramadan.
Le président Massoud Pezeshkian, favorable à des négociations avec les pays occidentaux pour obtenir une levée des sanctions et relancer l'économie iranienne, était présent.
Ali Khamenei, au pouvoir depuis 1989, n'a pas mentionné une lettre supposément envoyée par Donald Trump.
Le guide suprême iranien n'a par ailleurs pas réitéré son opposition à des négociations avec les Etats-Unis lors de son discours.
L'ayatollah Khamenei, qui a le dernier mot en Iran sur toutes les décisions stratégiques, avait exhorté début février le gouvernement Pezeshkian à "ne pas négocier" avec Washington, estimant qu'une telle démarche serait "imprudente".
Il avait alors justifié sa position par "l'expérience", selon lui, d'accords passés avec des dirigeants américains mais non tenus.
- Promesses non tenues -
Donald Trump s'est retiré unilatéralement en 2018 d'un accord international sur le nucléaire que son pays avait pourtant conclu trois ans plus tôt avec l'Iran.
Le texte prévoyait la levée de certaines sanctions contre Téhéran en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.
La France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine et la Russie sont liés à cet accord, aujourd'hui moribond.
En représailles au retrait américain, l'Iran s'est progressivement détaché de ses engagements et accéléré ses activités nucléaires.
Téhéran défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie, mais réfute vouloir se doter de l'arme nucléaire.
"Trois pays européens déclarent dans des communiqués que l'Iran ne respecte pas ses engagements", a relevé samedi Ali Khamenei.
"Quelqu'un devrait leur demander s'ils ont respecté leurs engagements", a poursuivi le dirigeant iranien.
"Quand l'Amérique a quitté l'accord, vous aviez promis" de maintenir l'accord en vigueur "mais vous n'avez pas respecté votre promesse", a relevé M. Khamenei.
Vendredi dans un entretien accordé à l'AFP, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi a déclaré que l'Iran ne reprendrait pas de négociations avec Washington tant que le président Trump resterait sur une position dure.
Mais il a toutefois dit discuter du nucléaire avec la Russie, la Chine et les Européens, parties de l'accord de 2015.
Y.Niessen--JdB