Au moins deux décès lors du passage du cyclone Garance à La Réunion
Au moins deux personnes sont décédées vendredi lors du passage à La Réunion du cyclone Garance, "brutal et violent" selon les mots du préfet de l'île de l'océan Indien, placée en alerte rouge et frappée par de violentes pluies, et une troisième est portée disparue.
Une femme est décédée à Saint-Denis "emportée par les eaux" et un homme a trouvé la mort dans un incendie d'origine électrique, a indiqué la préfecture à l'AFP.
Une personne est également portée disparue à Trois Bassins, commune de l'ouest de l'île, selon la préfecture.
Un père et son fils, un moment portés disparus à Saint-Gilles, ont finalement été retrouvés sains et saufs, a-t-on ajouté de même source.
La femme décédée à Saint-Denis, âgée d'une cinquantaine d'années selon la police, aurait été "aspirée par une bouche d'égout avant d'être emportée par les eaux", a déclaré à l'AFP le préfet Patrice Latron.
"Le cyclone est encore présent et continue de frapper La Réunion", avait commenté le représentant de l'Etat lors d'un point de presse à 13H00 locales (10H00 à Paris), une heure après la levée de l'alerte violette, le niveau le plus haut.
L'alerte rouge ordonnant le confinement de la population restait toutefois en vigueur dans l'après-midi dans l'île, où les conditions vont rester très dégradées toute la journée, particulièrement sur la région nord-ouest de La Réunion, a prévenu Météo-France.
"Ce phénomène a été plus violent que Belal", a affirmé le préfet de La Réunion. Le cyclone Belal, qui s'était abattu sur La Réunion le 15 janvier 2024, avait provoqué la mort de quatre personnes et fait 100 millions d'euros de dégâts, selon les chiffres de France assureurs.
"Les vents les plus destructeurs" se sont éloignés à la mi-journée, selon le préfet. Pendant le passage du cyclone, Météo-France a relevé des rafales de vent soufflant à 214 km/h à l'aéroport situé au nord de l'île et de 230 km/h sur le piton Sainte-Rose à l'extrême est.
"Des vents forts de 100 à 150 km/h sont encore possibles sur les hauts du sud-ouest. De très fortes pluies orageuses concernent encore une grande partie de l'île", a détaillé Météo-France dans un bulletin publié à 13H00 locales.
- Voitures emportées -
Sur les réseaux sociaux, des vidéos montrent des rues totalement inondées avec parfois des torrents d'eau dévalant les pentes, notamment à Saint-Denis et à Saint-André (est de La Réunion).
D'autres vidéos montrent des voitures emportées. "J'ai vu ma voiture se faire retourner par le torrent sous mes yeux, je ne pouvais rien faire", se désole Adrien, un habitant de Saint-André qui ne donne que son prénom.
Garance avait "atterri à 10H00 (7H00 à Paris) sur le nord de l'île de La Réunion, à proximité de Sainte-Suzanne (commune de l'est) au stade de cyclone tropical", selon Météo-France.
Garance "a touché l'île avec une intensité rarement atteinte", a souligné sur X le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, saluant "l'engagement" des équipes mobilisées sous l'autorité du préfet.
"Nos armées se tiennent prêtes à assister les services de l'État et soutenir la population", a posté le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, précisant que le pont aérien toujours en place entre La Réunion et Mayotte, frappé par le cyclone Chido mi-décembre, "sera maintenu afin d'acheminer pompiers, gendarmerie, véhicules et fret réunionnais actuellement déployés sur l'archipel mahorais".
- "Jamais vu ça" -
"Même Belal ne nous avait pas tapés comme ça", confie au téléphone à l'AFP Marie Rose Gaze, 61 ans, encore sous le choc.
"Derrière ma baie vitrée, je voyais tout un tas de trucs qui volaient de l'immeuble d'en face. Il y avait des paraboles, des séchoirs, et même des bouts de ciment. A un moment, je me suis dit : +Tout l'immeuble va descendre+", a déclaré cette habitante de Saint-Denis, le chef-lieu de La Réunion, résidant au troisième étage.
"L'eau a commencé à tomber du plafond d'un coup, je n'avais encore jamais vu ça", s'est exclamé Laurent Hoareau, 37 ans, un habitant de Saint-Leu, au sud de l'île. "C'est entré dans ma cuisine, dans la salle à manger, dans la chambre de mon fils", a-t-il énuméré. Il est monté sur son toit sous une pluie diluvienne pour déboucher ses gouttières: "Je me suis retrouvé devant une piscine", a-t-il raconté au téléphone.
D'autres habitants de cette île habituée aux événements climatiques ont confié à l'AFP leur "peur" face à la "puissance" de ce cyclone.
A 13H00 locales, 180.000 foyers étaient sans électricité et 80.000 foyers sans accès à l'eau, selon la préfecture. Quelque 114.000 abonnés n'ont plus accès à la téléphonie mobile et 176 relais téléphoniques sont tombés. Et 675 personnes étaient accueillies dans un centre d'hébergement d'urgence.
D.Verheyen--JdB