Journal De Bruxelles - Immigration: Bayrou menace de remettre en cause les accords de 1968 avec l'Algérie

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Immigration: Bayrou menace de remettre en cause les accords de 1968 avec l'Algérie
Immigration: Bayrou menace de remettre en cause les accords de 1968 avec l'Algérie / Photo: Ludovic MARIN - AFP

Immigration: Bayrou menace de remettre en cause les accords de 1968 avec l'Algérie

Pas de volonté d'"escalade" avec l'Algérie, mais une menace de remettre en cause les accords de 1968: François Bayrou a réuni mercredi un comité interministériel sur l'immigration, sur fond de tensions croissantes avec Alger, ravivées avec l'attentat de Mulhouse.

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S'exprimant devant la presse à l'issue de ce comité, qui a rassemblé à Matignon une partie de son gouvernement, le Premier ministre a assuré que son "idée n'était pas du tout l'escalade" avec l'Algérie.

"Mais notre idée est que personne n'ignore la volonté du gouvernement français de ne pas accepter que perdure une situation aussi dommageable pour les relations entre l'Algérie et la France et pour la société française", a ajouté M. Bayrou.

Annoncé fin janvier puis reporté, ce comité interministériel s'est tenu après l'attaque survenue samedi à Mulhouse (Haut-Rhin), dans laquelle un Algérien de 37 ans, en situation irrégulière et sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF), est accusé d'avoir tué à l'arme blanche une personne et d'en avoir blessé sept autres.

La France, a-t-il indiqué, va demander à Alger "que soit réexaminée la totalité des accords et la manière dont (ils) sont exécutés", avec un délai d'"un mois, six semaines".

"Pendant ce temps, va être présenté au gouvernement algérien une liste +d'urgence+ de personnes qui doivent pouvoir retourner dans leur pays et que nous considérons comme particulièrement sensibles", a-t-il ajouté, sans en préciser le nombre.

"S'il n'y avait pas de réponse au bout du chemin, il n'y a pas de doute que c'est la dénonciation des accords qui serait la seule issue possible", même si "ce n'est pas celle que nous souhaitons", a encore prévenu le Premier ministre.

Il a par ailleurs réaffirmé sa "grande inquiétude" concernant "la santé et les pressions" exercées sur l'écrivain Boualem Sansal, détenu en Algérie.

Sur l'immigration irrégulière, M. Bayrou a par ailleurs évoqué la généralisation de la "force frontière" expérimentée à la frontière franco-italienne, regroupant la police, la gendarmerie et les douanes.

Quant à l'immigration régulière, M. Bayrou a demandé un "audit interministériel" sur la "politique de délivrance des visas" par la France aux inspections générales de la police et des Affaires étrangères. Délivrance qui "tiendra compte de la qualité de la coopération migratoire des pays d'origine".

"Le travail, la langue et l'acceptation de nos principes. Voilà les trois éléments qui permettent que l'intégration ait lieu pour ceux qui sont sur notre sol légalement", a-t-il résumé.

-"Étonnement" d'Alger-

Ce texte prévoit un durcissement du "filtrage" aux frontières et un mécanisme de solidarité entre les 27.

Créé en 2005, le CICI a été réactivé par décret présidentiel et présenté par M. Retailleau "pour répondre aux attentes des Français en faveur d'une plus grande maîtrise des flux migratoires".

Annoncé fin janvier puis reporté, il a placé la question algérienne au coeur des discussions après l'attentat de Mulhouse.

Cette nouvelle affaire vient aggraver un peu plus les tensions entre Paris et Alger, qui a refusé à de multiples reprises ces dernières semaines de reprendre plusieurs de ses ressortissants expulsés de France.

Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a révélé mardi que des "mesures de restriction de circulation et d'accès au territoire national pour certains dignitaires algériens" avaient déjà été prises, ajoutant mercredi qu'elles dataient d'"il y a quelques semaines", donc avant l'attentat. Elles concernent "quelques centaines de personnes", a précisé François Bayrou.

Ces mesures ont suscité "l'étonnement" d'Alger qui a dénoncé une nouvelle "provocation".

L'accord de 1968, qui accorde un statut particulier unique pour les Algériens, a déjà été révisé à trois reprises depuis 1968. Paris et Alger avait convenu en 2022 de le modifier une nouvelle fois, mais sans concrétisation à ce jour.

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E.Heinen--JdB