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Femmes et hommes ne sont pas égaux face à l'alcool, avertissent les autorités de santé
Femmes et hommes ne sont pas égaux face à l'alcool: il entraîne chez elles des dommages plus graves, plus rapides ou spécifiques comme le cancer du sein, des risques pas assez évalués et accompagnés au plan médical, estime mercredi la Haute Autorité de santé (HAS).
Les professionnels de santé, médecins généralistes, infirmiers, kinés, diététiciens mais aussi travailleurs sociaux... doivent être sensibilisés aux spécificités de l'exposition des femmes à l'alcool, au-delà des périodes de grossesse et de maternité, affirme la HAS qui publie à leur intention des documents d'information.
En abordant ce sujet régulièrement en consultation, comme ils le font pour le tabagisme ou l'activité physique, tout "en veillant à éviter tout jugement moral", ils pourront accompagner les femmes "dans la compréhension de leurs usages et la diminution de leurs risques", tout en respectant "leurs choix, leurs priorités et leur intimité", dit-elle.
Car du fait de "son impact hormonal, sur la vie génitale, la santé sexuelle, l'intimité, la procréation, la périnatalité et son effet cancérigène", la consommation d'alcool est "un sujet de santé globale" pour les femmes, dès leur plus jeune âge et à toutes les étapes de leur vie, souligne la HAS.
Or "l'anxiété, la dépression, les traumatismes notamment sexuels y compris infantiles", qui favorisent la consommation d'alcool sont plus fréquents chez les femmes, soumises à des "injonctions normatives, esthétiques, conjugales, familiales, sources de stress, de stigma et de honte", qui les poussent à dissimuler cette consommation.
Les femmes sont aussi victimes de violences intrafamiliales et d'agressions, notamment sexuelles, du fait des usages de leur entourage.
Au plan social, jugées "encore plus négativement" que les hommes en difficulté avec leur consommation d'alcool, dit la HAS, elles souffrent d'"une sous-évaluation médicale" et d'"un moindre accès aux aides disponibles".
Des dispositifs adaptés existent pourtant: consultations dédiées dans des centres de soins d'accompagnement et de prévention des addictions (CSAPA), plateforme Alcool info service, groupes de parole d'associations d'entraide.
L'Autorité alerte aussi sur la consommation d'alcool des hommes lors de la conception d'un enfant: "les troubles du spectre de l'alcoolisation foetale peuvent aussi résulter de leurs usages -via la toxicité de l'alcool transmise par les spermatozoïdes- et non pas uniquement de ceux des femmes durant la grossesse".
"Face à ces risques, le principe de précaution consiste en l'arrêt de toute consommation d'alcool dès le désir d'enfant ou l'arrêt d'une contraception, pour la femme jusqu'à la fin de l'allaitement, pour l'homme jusqu'au diagnostic de grossesse", tranche-t-elle.
C.Bertrand--JdB