Immigration 2024: titres de séjour et expulsions en hausse, demandes d'asile en baisse
Plus de titres de séjour et d'expulsions, moins de demandes d'asile: le bilan 2024 de l'immigration a été publié mardi. Des chiffres scrutés de près par Bruno Retailleau qui s'est fixé l'objectif de diminuer le nombre d'étrangers en France.
La France a délivré 336.700 premiers titres de séjour l'an dernier, un chiffre en hausse de 1,8% par rapport à 2023, tandis que les expulsions augmentaient de 26,7% avec 21.601 reconduites au total, a annoncé le ministère de l'Intérieur.
L'immigration reste un sujet brûlant: fin janvier, François Bayrou a indigné la gauche et une partie de son camp en affirmant que la France "approch(ait)" d'un "sentiment de submersion en matière d'immigration".
"Hausse de 27% du nombre de clandestins expulsés en 2024. Je me réjouis de ces résultats obtenus grâce à la politique de fermeté que nous avons menée durant les 9 premiers mois de l’année 2024, poursuivie par @BrunoRetailleau", a écrit sur X le ministre de la Justice Gérard Darmanin, auteur de la dernière loi immigration en 2024.
Ce message a été reposté par le LR Bruno Retailleau qui lui a succédé à Beauvau en septembre. Depuis son arrivée, le ministre multiplie les déclarations contre l'immigration dont il estime qu'elle "n'est pas une chance" et a répété son souhait de la diminuer.
La cheffe de file des députés Rassemblement national, Marine Le Pen, a déploré la hausse des premières demandes: "Il n’est plus possible pour les Français de se contenter de mots et de déclarations sans lendemain, il faut désormais passer aux actes et mettre en place les mesures nécessaires pour reprendre le contrôle de notre politique migratoire", a-t-elle posté sur X.
La hausse des titres de séjour l'an dernier s'est faite à "un rythme moins soutenu" que l'année précédente (+4%), souligne la direction générale des étrangers en France (DGEF) qui dépend du ministère de l'Intérieur. En tête des motifs de délivrance, les titres étudiants ont représenté un tiers du total (109.300) et les motifs familiaux un quart (90.600), selon le rapport annuel sur l'immigration rendu public par le ministère.
Une forte augmentation (+13,5%) a été enregistrée pour les motifs humanitaires, autour de 55.000, tandis que les titres de séjour pour motifs économiques se stabilisaient autour de 55.600.
Les trois pays du Maghreb arrivent en tête des primo-délivrances, avec un quart des titres. Les Algériens qui demandent pour la première fois un titre sont en baisse de 9% .
Au total, au 31 décembre 2024, on dénombrait 4,3 millions de titres de séjour valides en France (+3,9%).
- Retours forcés -
Sur les expulsions, l'Intérieur a fait état d'une hausse de 26,7% d'étrangers en situation irrégulière reconduits à la frontière l'an dernier (qu'ils soient forcés, aidés, ou spontanés), soit 21.601 personnes. Les éloignements forcés s'élèvent à 12.856 (+9,7% sur un an).
Par ailleurs 31.250 personnes sans-papiers ont été régularisées, soit une baisse de 10%. C'est la première fois depuis 2020 que la tendance diminue pour cette "admission exceptionnelle au séjour", faite au titre de la circulaire Valls récemment durcie par Bruno Retailleau.
"La régularisation n'est pas un droit" pour les sans-papiers, avait-il affirmé.
Parmi ces personnes régularisées on trouve des travailleurs sans-papiers (10.330, en baisse de 10%) tandis que le motif familial concernait 20.090 personnes (-9%).
En ce qui concerne la demande d'asile, le ministère a fait état d'une baisse de 5,5% du total, à 157.947 dossiers. Cette baisse s'explique notamment par une chute "de 45% des demandes Dublin", c'est-à-dire formulées dans un autre pays où le demandeur est passé initialement, a expliqué Guillaume Mordant, responsable du département statistique de la DGEF.
Les demandes d’asile baissent "globalement" en Union européenne, puisqu'on estime à 950.000 le nombre de dossiers déposés en 2024 après 1,050 million en 2023, a-t-il ajouté.
L'an dernier, l'Ukraine a pris le relais de l’Afghanistan comme première nationalité des ressortissants demandant l'asile. La demande ukrainienne a en effet été multipliée par quatre en un an à 13.350 demandes. "Sur l'ensemble de l'Union européenne la France enregistre les deux tiers des demandes d'asile ukrainiennes", a souligné M. Mordant, qui n'a pas d'explications à ce phénomène.
Le taux de protection (y compris avec les recours) a lui bondi de 4,6 points à 49,3%.
B.A.Bauwens--JdB