La guerre commerciale USA-Chine est lancée, discussions au sommet attendues
Un échange entre le président chinois Xi Jinping et son homologue américain Donald Trump est attendu mardi au premier jour de la guerre commerciale entre les deux géants, marqué par la réplique de la Chine aux droits de douane imposés par Washington.
Lundi, la Maison Blanche avait indiqué que Donald Trump prévoyait de s'entretenir avec son homologue chinois dans "les 24 heures".
Depuis, Pékin a annoncé qu'il allait taxer les importations d'hydrocarbures, de charbon et de certains véhicules en provenance des Etats-Unis.
Il s'agit d'une réplique à l'entrée en vigueur mardi de droits de douane américains renforcés ciblant les produits chinois, une escalade dans le bras de fer commercial engagé par Donald Trump.
Dans le détail, la Chine imposera à partir du 10 février des droits de douane de 15% sur les importations de charbon et de gaz naturel liquéfié (GNL) américains, a précisé le ministère chinois des Finances.
Ces mesures ont été annoncées quelques minutes après l'entrée en vigueur de 10% de droits de douane additionnels américains sur l'ensemble des produits importés de Chine.
Le Mexique et le Canada étaient initialement aussi visés par des droits de douane (de 25%) à compter de mardi. Mais Donald Trump leur a accordé lundi un délai de grâce d'un mois après avoir reçu des engagements sur le renforcement de la sécurité aux frontières.
Donald Trump présente ces droits de douane comme une réponse à l'afflux de clandestins et de drogues aux Etats-Unis. Il dénonce le manque de contrôle aux frontières, accuse la Chine de passivité face à la production sur son sol de précurseurs chimiques du fentanyl, un opioïde de synthèse meurtrier qui fait des ravages aux Etats-Unis.
Ces taxes promulguées par Donald Trump "ne font rien pour résoudre les problèmes propres (aux Etats-Unis) et perturbent la coopération économique et commerciale" entre les deux pays, a affirmé le ministère chinois des Finances.
Pékin a annoncé avoir déposé plainte contre Washington auprès de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), dénonçant les intentions "malveillantes" de Washington.
La Chine a par ailleurs ouvert une enquête antimonopole contre le géant technologique américain Google, et annoncé avoir placé plusieurs sociétés américaines --le groupe de prêt-à-porter PVH Corp., qui possède Tommy Hilfiger et Calvin Klein-- et le géant de la biotech Illumina-- sur sa liste d'"entités peu fiables".
"La Chine n'avait pas d'autre choix que de riposter", a estimé auprès de l'AFP Karen Zhang, 42 ans, depuis la promenade du bord de mer, à Shanghai.
"Les Etats-Unis ont pris des mesures très dures à l'égard de la Chine, qui ne peut pas se laisser malmener sans rien faire", a-t-elle ajouté.
-Réplique ciblée-
"La riposte chinoise n'est pas agressive, car la Chine ne cible que certains produits alors que les droits de douane américains visent l'ensemble des exportations chinoises", tempère Zhiwei Zhang, économiste pour Pinpoint Asset Management. "Il ne s'agit probablement que du début d'un long processus de négociation entre les deux pays", ajoute l'expert.
Donald Trump, qui a déclaré à de nombreuses reprises que "tariff" (droit de douane) était l'un des plus beaux mots du dictionnaire, reconnaît volontiers y recourir comme une arme de négociation pour obtenir des concessions politiques.
Le Mexique s'est notamment engagé à envoyer 10.000 soldats supplémentaires à la frontière avec les Etats-Unis afin de lutter contre la migration illégale. Leur déploiement a débuté mardi, selon la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.
Le Canada a, lui, promis de nommer un responsable entièrement dédié à la lutte contre le trafic de fentanyl, de lancer une force d'intervention conjointe avec les Etats-Unis contre le crime organisé et d'inscrire les cartels mexicains sur sa liste des organisations terroristes.
Le compromis annoncé a convaincu la province de l'Ontario, poumon économique du Canada, de renoncer lundi soir à bannir les entreprises américaines des contrats publics.
Le Mexique, le Canada et la Chine sont les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis et représentent au total plus de 40% des importations du pays.
burs-myl/mg/
Y.Callens--JdB