Venezuela: l'émissaire de Trump sur les rapatriements de migrants reçu par Maduro
Le président vénézuélien Nicolas Maduro a reçu vendredi après-midi l'émissaire de Donald Trump chargé d'exiger que Caracas accepte le retour "inconditionnel" des Vénézuéliens expulsés des Etats-Unis, alors que les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 2019.
La télévision a annoncé peu après 15H30 locales (19H30 GMT) que la réunion entre M. Maduro et l'émissaire du président américain Richard Grenell avait commencé, diffusant des images sans son des deux hommes au palais présidentiel de Miraflores.
"En mission spéciale" pour le compte de M. Trump, Richard Grenell va exiger le rapatriement par le Venezuela de migrants de son pays expulsés des Etats-Unis, ainsi que la libération de ressortissants américains détenus au Venezuela, a affirmé à des journalistes Mauricio Claver-Carone, chargé de l'Amérique latine au département d'Etat, menaçant le Venezuela de "conséquences".
"Les Etats-Unis et le président Trump attendent de Nicolas Maduro qu'il reprenne tous les criminels et membres de gangs vénézuéliens qui ont été exportés vers les Etats-Unis, et ce, sans équivoque et sans condition", a-t-il affirmé.
"Les otages américains", détenus au Venezuela, "doivent être libérés immédiatement", a-t-il ajouté, prévenant que la visite surprise de M. Grenell au Venezuela n'avait rien d'une négociation.
"Il ne s'agit pas d'une négociation en échange de quoi que ce soit", a souligné le responsable, en exhortant "le gouvernement Maduro - le régime Maduro - au Venezuela à tenir compte de l'envoyé spécial Richard Grenell, de ses demandes et de ce qu'il met sur la table. Parce que dans le cas contraire, il y aura des conséquences".
La porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt a souligné que M. Grenell allait notamment demander au Venezuela d'autoriser les vols de rapatriement pour les membres du Tren de Aragua, le gang criminel tentaculaire vénézuélien que M. Trump a désigné comme groupe "terroriste".
- Relations tendues -
Caracas avait rompu les relations diplomatiques avec Washington en janvier 2019 après que les Etats-Unis -- alors présidés par Trump --, cherchant à évincer le président Maduro, ont reconnu l'opposant Juan Guaido comme président par intérim et durci leurs sanctions économiques.
Si les relations sont tendues, des canaux de négociations étaient ouverts. Un envoyé spécial du président Joe Biden, Roger Carstens, s'était rendu à Caracas en 2022 et, en 2023, dix Américains emprisonnés au Venezuela avaient été libérés en échange de la sortie de prison d'Alex Saab, un proche de Maduro incarcéré aux Etats-Unis et la promesse d'élections "compétitives".
Les Etats-Unis, tout comme nombre d'autres pays notamment européens, ont dénoncé le "caractère illégitime" de l'investiture pour un troisième mandat de M. Maduro le 10 janvier. Ils jugent que l'opposant Edmundo Gonzalez Urrutia a remporté la présidentielle du 28 juillet.
Richard Grenell, nommé par le président Trump en charge de "missions spéciales", est un ancien ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne sous le premier mandat de Donald Trump. Il avait aussi brièvement dirigé la Direction du renseignement national (DNI).
De retour à la Maison Blanche depuis le 20 janvier, le président républicain a promis de lancer "le plus grand programme d'expulsions de l'histoire américaine".
Son gouvernement a annoncé avoir annulé la prolongation du statut de protection temporaire dont bénéficient plus de 600.000 Vénézuéliens aux Etats-Unis et qui les protège d'une expulsion.
- "Urgence humanitaire" -
Cette protection temporaire est accordée aux citoyens étrangers dont la sécurité n'est pas assurée s'ils rentrent dans leur pays.
La protection des Vénézuéliens avait été notamment prolongée en raison de "l'urgence humanitaire" à laquelle fait face le pays dirigé selon Washington par "le régime inhumain" de Nicolas Maduro.
L'opposition vénézuélienne s'est dite, dans un communiqué, "préoccupée par le bien-être de centaines de milliers de nos compatriotes honnêtes et travailleurs contraints d'émigrer".
L'ONG Foro Penal, spécialiste des prisonniers politiques, recense huit américains emprisonnés au Venezuela.
Le ministre vénézuélien de l'Intérieur, Diosdado Cabello, avait déclaré en octobre qu'il y avait sept Américains en détention au Venezuela. Et le président Maduro a annoncé en janvier la capture de sept "mercenaires", dont deux citoyens américains, sans préciser de date, mais assurant qu'une des personnes arrêtées était membre du FBI.
M.F.Schmitz--JdB