Journal De Bruxelles - "Faites quelque chose!": Biden absorbe à Uvalde la douleur d'une ville traumatisée

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"Faites quelque chose!": Biden absorbe à Uvalde la douleur d'une ville traumatisée
"Faites quelque chose!": Biden absorbe à Uvalde la douleur d'une ville traumatisée / Photo: MANDEL NGAN - AFP

"Faites quelque chose!": Biden absorbe à Uvalde la douleur d'une ville traumatisée

"Faites quelque chose!": Joe Biden a absorbé dimanche la douleur d'Uvalde, ville texane traumatisée par une tuerie dans une école, mais il ne peut pas promettre grand-chose en termes de régulation des armes à feu.

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A la sortie de l'église où le président démocrate, catholique pratiquant, et sa femme Jill Biden venaient d'assister à une messe, plusieurs voix ont scandé: "Faites quelque chose"!

"Nous le ferons", a répondu rapidement le président, avant d'aller à la rencontre de familles des victimes et de secouristes. Il a prévu de passer plusieurs heures en leur compagnie, à l'abri des caméras et des regards.

Dix-neuf enfants et deux enseignantes sont tombés mardi sous les balles de Salvador Ramos, 18 ans.

Il avait fallu attendre environ une heure pour que la police mette fin au massacre, délai qui a suscité une intense polémique et sur lequel le ministère de la Justice américain va enquêter.

Le couple présidentiel s'est rendu à l'école primaire Robb, dont le nom est désormais synonyme de l'un des pires massacres en milieu scolaire aux Etats-Unis.

Joe et Jill Biden se sont recueillis et ont déposé un bouquet devant des croix portant les noms des victimes, presque submergées de fleurs, avec çà et là une peluche.

- De 9 à 11 ans -

Puis le couple, visages douloureux derrière leurs lunettes noires, a passé en revue une rangée de grandes photos montrant les bouilles des enfants fauchés, âgés d'entre 9 et 11 ans.

"Nos coeurs sont brisés",a dit l'archevêque Gustavo Garcia-Siller au début de sa messe.

Le président américain, qui s'était déjà rendu récemment sur le lieu d'un massacre raciste à Buffalo, dans le nord-est du pays, se voit à nouveau plongé dans le deuil.

"Perdre un enfant, c'est comme si l'on vous arrachait une partie de votre âme", avait-il dit mardi, lui qui a perdu une fille encore bébé dans un accident de voiture, et un fils d'un cancer à l'âge adulte.

Joe Biden saura donc épouser la douleur des familles, et peut-être l'apaiser un peu.

Mais malgré son empathie et ses appels à se dresser face au "lobby des armes à feu", il ne peut pas faire grand-chose dans un pays où le sujet, même après un massacre, suscite des divisions irréconciliables.

Il y a aux Etats-Unis plus d'armes en circulation que d'habitants, un fait sans équivalent dans les pays développés.

- "Plus sûre" -

Robert Robles, 73 ans, venu dimanche de la grande ville voisine de San Antonio, trouve que c'est "très bien que le président soit venu."

"Il doit passer des lois pour que nous puissions protéger les enfants des AR-15", l'arme semi-automatique désormais synonyme de massacres dans des écoles, a-t-il réclamé.

Le démocrate de 79 ans voudrait briser cette sinistre routine de l'Amérique, bouleversée à intervalles réguliers par des fusillades sans que des réformes significatives ne suivent.

"Je sens un état d'esprit différent", y compris dans l'opposition républicaine pourtant généralement hostile à toute restriction, a voulu croire Dick Durbin, l'un des sénateurs démocrates les plus influents, interrogé dimanche par CNN.

Le parti de Joe Biden doit convaincre quelques républicains pour obtenir la majorité qualifiée nécessaire au Sénat, et légiférer au moins sur l'accès aux armes semi-automatiques.

La tâche sera ardue. Vendredi, des ténors du camp conservateur, dont l'ancien président Donald Trump, ont défilé à la convention du puissant lobby pro-armes NRA pour clamer leur attachement au deuxième attachement de la Constitution, qui garantit le droit à s'armer.

"La seule chose qui arrête un méchant avec une arme c'est un gentil avec une arme", avait déclaré le chef de file du lobby, Wayne LaPierre.

- "Tous mourir" -

Illustration des divisions du pays, à Uvalde, Luis Luera, 50 ans, pense qu'une législation ne changerait rien: "les criminels trouveront un moyen d'obtenir des armes".

Depuis le massacre, les premiers témoignages des élèves sortis vivants de l'école Robb ont donné un aperçu du cauchemar.

En entrant dans la salle, le tireur a dit aux enfants: "Vous allez tous mourir", avant d'ouvrir le feu, a raconté Samuel Salinas, 10 ans, à la chaîne ABC.

Dans la pièce au sol recouvert de sang, l'enfant, pour ne pas être visé par les tirs, a essayé de "faire le mort".

Miah Cerrillo, 11 ans, a tenté d'échapper à l'attention de Salvador Ramos de la même façon. La fillette s'est couverte du sang d'un camarade, dont le cadavre se trouvait à côté d'elle, a-t-elle expliqué à CNN.

Elle venait de voir l'adolescent abattre son institutrice, après lui avoir dit "bonne nuit".

M.F.Schmitz--JdB