Procès Lelandais: un premier jour marqué par les excuses de l'accusé
Des excuses et une plongée dans la personnalité de l'accusé: le premier jour du procès de Nordahl Lelandais pour le meurtre de la petite Maëlys s'est ouvert lundi à Grenoble sous une forte pression médiatique.
Dès qu'il l'a pu, en fin de matinée, l'ancien militaire âgé de 38 ans, visiblement ému, a ôté son masque et demandé à pouvoir se tourner vers la famille de Maëlys De Araujo pour leur parler directement. La présidente lui a demandé de s'adresser plutôt à la cour.
"Je veux leur présenter mes excuses, j'ai bien donné la mort à Maëlys, je ne voulais pas lui donner la mort", a-t-il déclaré en réprimant des sanglots, promettant de "(s)'expliquer sur les faits au cours de l'audience".
"On a eu droit à une larme de Nordahl Lelandais, on a eu droit à des excuses, mais ça ne valait très clairement pas grand-chose", a-t-il lancé.
"Très clairement, on ne compte pas sur Nordahl Lelandais, on compte sur un dossier qui fait 23.000 pages, sur une instruction qui a établi la personnalité et la dangerosité de cet individu", a-t-il poursuivi.
Maëlys, huit ans, avait disparu dans la nuit du 26 au 27 août 2017 lors d'une soirée de mariage dans la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin (Isère). Sa famille l'avait cherchée durant une heure avant d'alerter les gendarmes.
Rapidement soupçonné malgré ses dénégations, Nordahl Lelandais avait été confondu en février 2018 par la découverte d'une tache de sang dans le coffre de sa voiture. Il avait alors admis l'avoir tuée "involontairement", puis avait conduit les enquêteurs jusqu'aux restes de la victime, dans le massif de la Chartreuse.
Mais, plus de quatre ans après les faits, plusieurs zones d'ombre demeurent: on ignore notamment encore dans quelles conditions la petite fille est montée dans sa voiture, ainsi que les circonstances précises du décès.
Les parents de la fillette sont arrivés lundi matin au palais de justice avec un grand portrait peint de l'enfant.
"L'objectif est que Maëlys ait toute sa place dans cette salle d’audience", a expliqué Me Rajon, ajoutant que la famille était "prête à affronter ces trois semaines d'assises".
"Nous verrons le degré de participation d'un accusé qui a eu quatre longues années pour se préparer", a noté de son côté Me Laurent Boguet, avocat du père de la victime, Joachim De Ajauro.
- Aucune difficulté majeure" -
Passée la pause de midi, la cour a entamé l'examen de la personnalité de l'accusé, qui devrait se poursuivre mardi et les jours suivants.
Elle a commencé par auditionner longuement une enquêtrice de personnalité, Adeline Sendra, qui a rencontré Nordahl Lelandais à trois reprises et a détaillé à la barre son cadre familial, son amour des animaux et notamment des chiens, ses relations sentimentales, son parcours professionnel ou encore ses problèmes d'addiction.
Elle a dit n'avoir détecté "aucune difficulté majeure durant l'enfance et l'adolescence". Nordahl Lelandais est "quelqu'un qui ne supporte pas l'autorité, colérique mais la violence, ce n'est pas quelque chose qui ressort", a-t-elle relevé.
La demi-sœur de l'accusé, de six ans son aînée, a pour sa part déclaré avoir "toujours été proche" de son frère, "assez complice". "C'était un peu comme si c'était moi la petite sœur, il m'aidait pour déménager, pour repeindre l'appartement..."
Pour sa mère, également appelée à la barre, Nordahl Lelandais était un "enfant doux et gentil". Au moment des faits, en 2016-2017, elle a expliqué avoir été totalement accaparée par la grave maladie de son mari et n'avoir pas observé de changement dans le comportement de son fils.
Elle a également mis en cause "ces histoires de drogues, d'alcool, qui l'ont entraîné dans ce délire".
L'accusé doit également être jugé pour des agressions sexuelles à l'encontre de deux petites-cousines âgées à l'époque de cinq et six ans, ainsi que pour détention et enregistrement d'images pédopornographique.
Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre du jeune soldat Arthur Noyer, il n'avait pas fait appel.
Le procès a attiré une énorme couverture médiatique, avec plus de 250 journalistes accrédités, un chiffre considérable pour ce type d'affaire. Le public s'est également pressé nombreux aux portes du palais de justice, une partie n'ayant pu entrer faute de place.
Le verdict est attendu autour du 18 février, sauf report forcé pour cause de pandémie de Covid-19.
Nordahl Lelandais encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Y.Niessen--JdB