Une minute de silence pour "entourer les Mahorais" après le cyclone dévastateur à Mayotte
Dix jours après le passage d'un cyclone qui a dévasté l'archipel de Mayotte et fait au moins 35 morts dans ce territoire d'Outre-mer, une minute de silence a été observée lundi lors d'une journée de deuil national, pour que "les Mahorais se sentent entourés par un pays tout entier" selon François Bayrou.
Le Premier ministre, toujours affairé à composer son gouvernement, a réuni le personnel dans la cour de Matignon pour observer cette minute de silence.
Elle "a le sens d'une communion dans le deuil (...), d'un engagement pour que la communauté nationale soit présente, pour reconstruire Mayotte et faire que les Mahorais se sentent entourés par un pays tout entier", a dit le Premier ministre François Bayrou, à l'issue de ce moment de recueillement.
A Bordeaux, devant l'hôtel de Ville, Mainis Keisler, une étudiante en psychologie de 23 ans particulièrement émue, a insisté auprès de l'AFP sur l'importance "d'être ici pour que les gens là-bas sachent qu'on est de tout cœur avec eux".
"Mayotte est française, même s'il y a quelques difficultés et quelques différences. Cet hommage très symbolique est là pour rappeler à tout le monde qu'on est autant français que les gens qui habitent ici", a-t-elle ajouté, les larmes aux yeux, alors que sa "famille habite à Passamainty (dans le sud de la commune de Mamoudzou)", une zone où il n'y a "toujours pas d'eau et d'électricité".
A plus de 8.000 kilomètres de l'Hexagone, le préfet de Mayotte François-Xavier Bieuville a présidé une cérémonie d'hommage sur la place Zakia Madi, à Mamoudzou, devant des habitants mais aussi des pompiers, policiers et gendarmes de Mayotte qui ont entonné La Marseillaise a capella.
- "90% de Mayotte détruite" -
Le cyclone le plus dévastateur qu'ait connu Mayotte depuis 90 ans, a détruit la totalité de l'habitat précaire et causé des dommages colossaux dans le département le plus pauvre de France, où les secours sont depuis à pied d'œuvre pour rétablir les services essentiels comme l'eau, l'électricité et les réseaux de communications.
"90% de Mayotte est détruite, 90% des habitations n'ont plus de toit. On n'a pas d'eau, pas de nourriture, les secours ont encore du mal à arriver dans les zones", s'est alarmée lundi matin sur France Inter Estelle Youssouffa, députée de la première circonscription de Mayotte et "profondément indignée" par la classe politique dont "l'obsession" est "le remaniement ministériel".
"En fait, on s'en fout de Mayotte. Et ça, franchement, c'est grave", a-t-elle lâché, prise par l'émotion.
Le bilan provisoire de la catastrophe naturelle, facilitée par le réchauffement climatique, s'élève à 35 morts et environ 2.500 blessés, mais les autorités craignent un nombre de victimes plus élevé.
Depuis la cour de Beauvau, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, a rappelé "la solidarité nationale envers nos compatriotes de Mayotte, qui ont été si durement éprouvés".
- "manque d'aide de l'Etat" -
Pour Adalove Toto, agent logistique de 41 ans et vice-président de l'Union des associations mahoraises de Gironde (UAMG), "l'aide avance petit à petit". "Je ne dirai pas qu'il n'y en a pas mais il y a des zones vraiment très touchées qui sont encore sans eau, sans électricité et réseau téléphonique. Vu le peu de nouvelles qu'on a de ces zones-là, c'est que ça manque d'aide de l'État", a relevé auprès de l'AFP l'homme de 41 ans, venu se recueillir lundi place de l'Hôtel de ville à Bordeaux.
Emmanuel Macron a promis une loi spéciale pour "rebâtir Mayotte" et "mettre fin" aux bidonvilles, ce qui pourrait prendre deux ans, selon François Bayrou.
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E.Janssens--JdB