Nucléaire: le raccordement de l’EPR de Flamanville encore attendu
Ce sera pour l'hiver, et non pour l'automne comme d'abord annoncé: le raccordement de l'EPR normand de Flamanville au réseau électrique national, initialement prévu vendredi puis dans la nuit, n'avait pas encore eu lieu samedi matin, selon EDF.
Ce premier raccordement d'un nouveau réacteur en France depuis 1999 était prévu initialement vendredi matin avant d'être repoussé à plusieurs reprises et au mieux dans la nuit.
EDF avait ensuite fait état d'une prolongation de l'opération de maintenance préalable devant se terminer d'ici samedi 10H00, dans un message adressé au marché de gros de l'énergie. Ce message reste valide, a indiqué EDF samedi matin, sans plus de commentaire.
Le raccordement devrait se faire à basse charge, à environ 20% de la puissance du réacteur (1.600 mégawatts), pour vérifier que "tout va bien" avant d'enchaîner les essais supplémentaires pour arriver à 100% de puissance à l'été 2025, a expliqué le groupe vendredi.
Après le chargement en combustible réalisé en mai et la première réaction nucléaire au sein du réacteur début septembre, le couplage au réseau est la 3e étape d'entrée en fonctionnement de Flamanville 3, réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération qui doit alimenter en électricité environ deux millions de foyers.
Un premier cycle d'activité industrielle de 18 mois s'annonce, fait de production mais aussi encore de nombreux tests en particulier lors de la montée en puissance.
Ce lancement d'un réacteur de conception nouvelle, de la part du pays le plus nucléarisé au monde (par habitant), est particulièrement attendu, au terme d'un chantier lancé fin 2007.
- Douze ans de retard -
Il intervient avec douze ans de retard par rapport au calendrier initial du fait d'aléas techniques - défauts de soudures, dans l'acier de la cuve... - entre nouveau design, complexité du chantier mais aussi pertes de compétences dans la filière, expliquées selon les experts par la pause du pays dans la construction nucléaire.
Avec les délais, la facture de Flamanville 3 a également explosé, désormais estimée à 13,2 milliards d'euros par EDF, soit quatre fois le devis initial de 3,3 milliards. En 2020, la Cour des Comptes l'avait évaluée à 19 milliards, en incluant les "surcoûts de financement".
L'EPR, un réacteur à eau pressurisée ("European Pressurized Reactor") de nouvelle génération, est le quatrième de ce type installé dans le monde (deux en Chine, un en Finlande), et le 57e du parc nucléaire français.
Né en 1992 d'une entreprise commune entre le groupe français Framatome (qui ensuite deviendra Areva) et l'Allemand Siemens, il avait reçu un premier feu vert officiel de la France en 2004.
Le pays, après avoir tenté ensuite une pause dans le recours à l'atome civil, a décidé en 2022, avec le président Emmanuel Macron, de relancer le secteur, avec la commande à EDF de six réacteurs (et huit supplémentaires en option).
Mais le cadre budgétaire se fait attendre pour ce chantier d'autant plus lourd que l'énergéticien, détenu à 100% par l'Etat français, est lourdement endetté.
Le manque de visibilité politique n'arrange pas les choses, à en croire le quotidien économique Les Echos: selon le quotidien, qui évoque plusieurs sources, le conseil d'administration du groupe a voté dans le budget 2025 une baisse de l'enveloppe dédiée aux travaux préparatoires, de 2 milliards d'euros à une fourchette de 1,1 à 1,3 milliard.
Une information qu'a confirmée à l'AFP une source interne à EDF, mais que réfute la direction. Elle affirme que le montant des investissements n'est à ce stade "pas décidé" et qu'il "sera examiné plus tard", une fois que seront définies l'ensemble des modalités du programme.
M.F.Schmitz--JdB