"Un appartement acheté, un appartement à gagner": les ristournes des promoteurs pour attirer le client
En manque d'acheteurs pour leurs projets de construction de logements, les promoteurs immobiliers redoublent d'inventivité pour attirer des clients, avec des jeux-concours, des chèques d'ameublement, des ventes privées et ristournes.
Jeu-concours: "un appartement acheté, un appartement à gagner". C'est l'opération commerciale lancée début novembre par le promoteur Interconstruction.
Pour l'achat d'un bien immobilier, parmi une liste d'environ 400 appartements éligibles, tous en Ile-de-France, le futur propriétaire "participera à un tirage au sort pour remporter" un studio avec parking à Drancy (Seine-Saint-Denis).
"Plutôt que d'essayer de brader notre stock, on essaie d'amener une note plus positive pour attirer des clients", justifie Antoine Guillorit, directeur stratégique du promoteur francilien, qui admet le coup marketing pour gagner en notoriété.
"Pour le même budget, soit j'offre 1.500 euros à cent familles, mais ça ne va pas changer leurs vies, ni le montant des mensualités" de leur prêt pour devenir propriétaire, "soit j'offre un appartement à une famille", affirme-t-il, estimant que la deuxième option est "plus sympa".
L'offre commerciale est relayée sur la plateforme de ventes privées Showroomprive.com, et s'accompagne d'un bon d'achat d'ameublement pour parfaire la visibilité de l'opération.
Interconstruction est loin d'être le seul promoteur à lancer des opérations pour attirer de nouveaux clients, dans un contexte de grave crise pour le secteur de la construction neuve, causée principalement par l'augmentation des coûts des chantiers et l'effondrement de la demande.
Si les réservations de logements neufs faites par des particulières progressent légèrement au troisième trimestre, elles se situent encore à des niveaux très bas et les mises en vente de logements ne cessent de chuter, selon les données du ministère du Logement et de la rénovation urbaine.
A partir d'avril 2022, les réservations de logements ont commencé à chuter et ont été divisées par presque deux en un an et demie.
Les promoteurs peinent à écouler leur stock et ont donc divisé par deux le nombre de logements mis en vente, qui est tombé à un plus bas depuis au moins fin 2018 au troisième trimestre, à 13.947.
Depuis un an, le nombre de réservations est ainsi redevenu supérieur aux volumes de logements commercialisés, ce qui réduit petit à petit le stock à écouler (-9,6% en un an).
- Cuisine offerte -
Et pour vendre ces logements, certains promoteurs proposent des ristournes de plusieurs milliers d'euros... ou aussi d'offrir une cuisine pour chaque réservation, comme l'a fait Kaufman & Broad, la semaine passée.
Les ventes privées immobilières fleurissent aussi: en septembre, la start-up d'offres de biens immobiliers neufs Handee avait organisé une vente privée via la plateforme Veepee et proposait "plus de 100 biens" et "des remises pouvant aller jusqu'à 89.000 euros".
Le paiement des frais de notaire par le promoteur s'est généralisé. Les grands groupes du secteur le proposent, à l'instar de Nexity qui les offre aux primo-accédants depuis deux ans.
Les offres de financement aussi se sont généralisées: de nombreux promoteurs ont négocié avec des banques des conditions de prêt bancaire pour leurs clients.
Altarea par exemple, "propose des conditions d'accès au crédit préférentielles et des taux négociés" pour les primo-accédants qui cumulent le prêt à taux zéro, disponible uniquement en zone tendue en 2024 et l'absence d'apport personnel demandé.
Ainsi "on propose de devenir propriétaire d'un appartement avec des mensualités équivalentes à un loyer, sans apport et sans payer avant d'emménager dans l'appartement", décrit Alain Taravella, président d'Altarea.
Son entreprise a aussi travaillé pour limiter au maximum le coût de chaque logement: chaque mètre carré doit être utilisé judicieusement, les coûts de construction ont été réduits, les marges d'Altarea aussi.
Pour s'adapter au marché tendu actuel, des projets immobiliers d'Altarea ont été "retravaillés, détricotés puis reconfigurés, ou arrêtés, puis repris", explique Vincent Ego, directeur générale du pôle Promotion du groupe.
"Certains projets ont été abandonnés car c'était des projets conçus il y a plus plusieurs années et qui ne correspondent plus aux besoins du marché actuel", ajoute-t-il.
Compte tenu du rythme ralenti de création actuellement, la Fédération des promoteurs immobiliers craint une pénurie de logements dans cinq ans.
R.Vandevelde--JdB