A Bercy, une feuille de route entre protection et maîtrise "acharnée" du budget
Protéger "contre l'inflation" tout en maîtrisant la dépense publique: les ministres de l'Economie et des Comptes publics ont détaillé samedi leur feuille de route et lancé un appel aux entreprises pour doper le pouvoir d'achat.
"Notre priorité avec Elisabeth Borne sera la protection des Français contre l’inflation", a ainsi déclaré Bruno Le Maire (Economie, Finances, Souveraineté industrielle et numérique), promu numéro 2 du gouvernement et doté d'un portefeuille élargi après un premier quinquennat déjà passé à Bercy.
Alors que le taux d'inflation a approché les 5% sur un an en avril, "je recevrai dès lundi les acteurs économiques pour étudier avec eux comment ils peuvent aussi participer à la protection des Français contre la hausse des prix", a précisé Bruno Le Maire.
- Répartir la "charge" -
Parmi les invités à cette réunion prévue lundi dans l'après-midi figureront selon Bercy les principales organisations patronales interprofessionnelles (Medef, CPME) et sectorielles (Fédération du commerce et de la distribution, Fédération française du bâtiment).
"L’inflation est évidement notre premier défi politique et économique". Mais "tout ne doit pas reposer sur l’Etat, il faut que la charge (des dépenses, NDLR) soit équitablement répartie", a déclaré Bruno Le Maire.
Un appel du pied lancé aux entreprises pour qu'elles aussi contribuent à stimuler le pouvoir d'achat, par exemple via la prime dite "Macron" (dont le président a promis de tripler le plafond), des hausses de salaires ou des "engagements de filière" (accords de branche).
"Pour réussir à protéger efficacement nos compatriotes, chacun doit participer au combat contre l’inflation", a déclaré M. Le Maire, détenteur du record de longévité à son poste.
Après avoir dépensé 26 milliards d'euros pour contrer la flambée des prix liée notamment à la guerre en Ukraine, l'Etat s'apprête à débourser plusieurs milliards supplémentaires: augmentation générale des fonctionnaires, revalorisation des retraites et des minima sociaux, chèque alimentaire ou baisse des cotisations des indépendants sont notamment annoncés.
D'où l'appel de Bercy à ce que les entreprises participent à l'effort, alors que le déficit public atteignait 6,5% du Produit intérieur brut fin 2021 et la dette 112,9% du PIB.
Nouveau ministre des Comptes publics, Gabriel Attal s'est d'ailleurs engagé à être "un artisan acharné de la tenue de nos comptes publics".
- Ministère de la "promesse tenue" -
"Nous devons tenir la voie du désendettement", a insisté l'ancien porte-parole du gouvernement, qui succède à Bercy à Olivier Dussopt, en partance pour le ministère du Travail.
Le président Emmanuel Macron s'est fixé l'objectif ambitieux de ramener le déficit public à 3% du PIB d'ici la fin de son second quinquennat en 2027.
Le chef de l'Etat mise particulièrement sur la croissance et l'objectif de plein emploi pour atteindre son but, un pari risqué au vu des dernières projections de l'Insee.
L'Institut national de la statistique s'attend ainsi à une croissance "modeste" de 0,25% du PIB au deuxième trimestre et la Banque de France à une progression de 0,2% (après une croissance nulle au premier trimestre).
"Le ministère des Comptes publics, c’est celui de la promesse tenue", malgré le "contexte difficile", a pourtant fait valoir Gabriel Attal, qui a également insisté sur ses ambitions en matière de pouvoir d'achat et de lutte contre les fraudes.
"Ce ministère n’est pas seulement celui des chiffres, c’est aussi celui des choix. Et le premier, c’est de protéger nos concitoyens", a conclu Gabriel Attal.
I.Servais--JdB