Ukraine: le Donbass pilonné, Zelensky assure que seule la diplomatie mettra fin à la guerre
La guerre en Ukraine ne peut prendre fin que par des biais "diplomatiques", a assuré samedi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, alors que Moscou poursuit son offensive dans l'Est et assure avoir détruit un important envoi d'armes fournies par l'Occident.
Après avoir échoué à prendre le contrôle de Kiev et sa région, les troupes russes concentrent désormais leurs efforts dans une offensive contre l'Est de l'Ukraine, où les combats sont intenses.
Un important envoi d'armes, fournies par l'Occident aux forces ukrainiennes dans la région orientale du Donbass ont été détruites, dans le nord-ouest de l'Ukraine, a affirmé samedi le ministère russe de la Défense.
"Des missiles Kalibr à longue portée de haute précision, lancés depuis la mer, ont détruit un important envoi d'armes et d'équipements militaires fournis par les Etats-Unis et des pays européens, près de la gare de Malin, dans la région de Jytomyr", a indiqué le ministère.
Dans ce contexte, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré que "la fin (du conflit) sera diplomatique", lors d'un entretien à la chaîne télévisée ukrainienne ICTV. La guerre "sera sanglante, ce sera des combats, mais elle prendra fin définitivement via la diplomatie".
"Les discussions entre l'Ukraine et la Russie auront résolument lieu. Je ne sais pas sous quel format: avec des intermédiaires, sans eux, dans un cercle élargi, au niveau présidentiel", a-t-il déclaré.
En attendant, le président russe Vladimir Poutine tente de contourner les sanctions financières des alliés occidentaux, en exigeant notamment qu'ils paient leur gaz en roubles.
- Négociations au point mort-
La Finlande, qui a refusé ces conditions, s'est vue interrompre samedi son approvisionnement en gaz naturel par le fournisseur russe Gazprom.
"Les livraisons de gaz naturel à la Finlande dans le cadre du contrat d'approvisionnement de Gasum ont été interrompues", a déclaré cette compagnie énergétique publique finlandaise en assurant pouvoir obtenir du gaz d'autres fournisseurs et poursuivre "normalement" ses activités. Le fournisseur Gazprom a confirmé la suspension.
Le pays nordique, qui a suscité la colère de Moscou en décidant de rejoindre l'Otan, rejoint ainsi la Pologne et la Bulgarie parmi les pays auxquels Gazprom a coupé le gaz parce qu'ils refusaient de payer en roubles, une exigence formulée en avril. La Finlande est déjà privée depuis mi-mai des exportations russes d'électricité.
Alors que les négociations menées il y a quelques semaines sous médiation turque sont au point mort, M. Zelensky a rappelé avoir mis comme condition sine qua non de la poursuite des pourparlers le fait que les militaires ukrainiens retranchés dans le vaste complexe métallurgique d'Azovstal à Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine, ne soient pas tués par l'armée russe.
Or les troupes russes "ont donné la possibilité, trouvé une façon pour que ces personnes sortent vivantes" d'Azovstal, a-t-il noté. "Le plus important pour moi est de sauver le maximum de gens et de militaires".
Le complexe sidérurgique Azovstal à Marioupol, ultime poche de résistance dans ce port stratégique sur la mer d'Azov, est "passé sous le contrôle complet des forces armées russes" après la reddition des derniers soldats ukrainiens, a indiqué vendredi soir le porte-parole du ministère russe de la Défense, précisant que la nouvelle avait été transmise au président russe Vladimir Poutine.
Des images publiées par Moscou montraient des cohortes d'hommes en tenue de combat émergeant de l'aciérie, certains avec des béquilles ou des bandages, après une longue bataille qui était devenue un symbole de la résistance ukrainienne à l'invasion russe.
- "Signes d'aggravation" -
Kiev récuse le terme de reddition, M. Zelensky évoquant "le sauvetage de nos héros". "Ils seront ramenés à la maison", a-t-il promis lors d'un entretien avec la chaîne privée ukrainienne ICTV, au cours duquel il a assuré que 700.000 combattants ukrainiens luttaient contre la Russie.
Dans le bassin houiller du Donbass, partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes prorusses, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a assuré que la conquête de la région de Lougansk était "presque achevée".
Le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense Oleksandre Motouzianyk a avancé que la situation "montrait des signes d'aggravation", et que "les forces d'occupation russe mènent un feu intense sur toute la ligne de front".
Trois personnes ont été tuées vendredi et cinq blessées samedi dans la région de Donetsk, a annoncé samedi sur Telegram son gouverneur Pavlo Kyrylenko. De son côté, le gouverneur de la région de Kharkiv (nord-est), Oleg Sinegoubov, a affirmé que des villages et petites villes autour de Kharkiv ont été visés par de nombreux tirs d'artillerie au cours des dernières 24 heures, faisant un mort et 20 blessés.
L'heure est dans l'immédiat à la guerre, et les pays du G7 réunis en Allemagne ont promis vendredi de mobiliser 19,8 milliards de dollars (18,7 milliards d'euros) afin d'aider l’Ukraine à "combler son déficit financier".
La veille, le Congrès américain a débloqué une gigantesque enveloppe de 40 milliards de dollars pour l'Ukraine, visant notamment à permettre à l'Ukraine de s'équiper en blindés et de renforcer sa défense antiaérienne.
T.Moens--JdB