Chaleur printanière: presque 40 jours de suite au-dessus des normales
Presque quarante jours consécutifs au-dessus des normales de saison: la chaleur qui s'est installée en France au printemps dure de façon inhabituelle, un phénomène appelé à devenir plus fréquent avec le changement climatique, et qui accentue le risque de sécheresse.
La période de chaleur exceptionnelle dure depuis le 11 avril. Selon une note de Météo-France publiée jeudi sur son site, le nombre de jours consécutifs où la moyenne des températures en France métropolitaine a dépassé quotidiennement les normales saisonnières a atteint 38 jours mercredi, égalant un record d'avril-mai 2007, et effaçant la série de 37 jours enregistrée à la même époque en 2020.
Initialement, Météo-France avait indiqué sur son site que le dernier record datait de 2020.
"Avec les températures attendues au moins jusqu'en début de semaine prochaine", cette durée record au-dessus des normales est appelée à être encore battu, avance l'établissement public, alors que la journée de jeudi a de nouveau été marquée par des températures très élevées: 31°C à Lyon à 16H00, 26°C à Paris, 29°C à Clermont-Ferrand...
Mercredi, plusieurs records de température maximale ont été battus ou égalés dans le sud du pays, comme à Albi, Toulouse ou Montélimar.
Depuis le début du mois, "l'anomalie" de température moyenne observée sur la France atteint légèrement plus de 3°C et Météo-France estime "fort probable" que mai 2022 devienne le mois de mai le plus chaud depuis l'après-guerre, détrônant ainsi le record de 2011 avec une anomalie de +1,85°C.
Avec le dérèglement climatique de la planète, les périodes de chaleur sont amenées à devenir plus fréquentes et tendent à s'installer plus tôt au printemps.
Météo-France souligne en outre que les pics s'observent non seulement au plus chaud de la journée, mais aussi au plus bas.
Ainsi, la France a vécu sa nuit la plus chaude pour un mois de mai, entre mercredi et jeudi, avec une température minimale moyenne autour de 16,5°C, un peu plus que le précédent record du 29 mai 2017.
"On constate qu'on a battu ce record national 10 jours avant le précédent, en milieu de mois de mai", relève Météo-France, qualifiant l'événement de "remarquable".
- 35 ou 36°C ce week-end -
La sécheresse guette: le gouvernement a publié mercredi une carte où 22 départements apparaissent en rouge, c'est-à-dire avec un risque "très probable" de sécheresse d'ici à la fin de l'été, principalement dans le sud-est et l'ouest. Des dizaines d'autres départements ont un risque "probable".
La carte prend en compte la baisse des niveaux des rivières et des lacs, la pluviométrie, et surtout l'état actuel des nappes souterraines et de l'humidité des sols.
Les arrêtés de restriction d'eau se multiplient dans le pays.
La préfecture du Rhône a ainsi annoncé jeudi avoir placé les eaux superficielles du département et de la Métropole de Lyon en "situation de vigilance sécheresse", appelant les usagers à une "utilisation économe" de l'eau. "Les précipitations irrégulières du printemps 2022 n’ont pas été suffisantes pour maintenir une situation normale des cours d’eau dont les débits diminuent sans perspective d’amélioration à court terme", explique la préfecture dans un communiqué.
Côté météo, après des orages jeudi, le temps sera à nouveau bien agité vendredi avec des orages assez forts attendus qui traverseront le nord du pays.
Météo-France prévoit "une nouvelle accentuation de la chaleur" pendant le week-end dans le sud-ouest. Le thermomètre devrait dépasser 35°C "dans de nombreuses villes, avec parfois des pointes à 36°C samedi, 37 à 38°C très localement dimanche".
Le record mensuel de chaleur serait alors susceptible être battu (il est de 36,2°C à Dax dans les annales du réseau principal de Météo-France).
L'épisode de chaleur ne correspond toutefois pas à la définition technique d'une "vague de chaleur". Pour cette catégorisation, "l'indicateur thermique national", moyenne de températures relevées en 30 points répartis sur tout le territoire métropolitain, doit dépasser 25,3°C pendant trois jours consécutifs.
Il ne faut pas non plus parler de "canicule", qui inclut des critères de température nocturne.
A.Thys--JdB