Mort de Maëlys: Lelandais devant les assises pour un procès hors normes
Nordahl Lelandais est de retour lundi devant une cour d'assises à Grenoble pour répondre de la mort en 2017 de la petite Maëlys De Araujo, un procès de trois semaines qui s'annonce comme l'un des plus suivis de l'année tant l'affaire captive médias et opinion.
L'ancien maître-chien militaire de 38 ans est jugé pour le meurtre précédé de l’enlèvement et de la séquestration de cette fillette de 8 ans en août 2017, ainsi que pour des agressions sexuelles à l'encontre de deux de ses petites-cousines au cours du même été.
Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre du jeune soldat Arthur Noyer - verdict dont il n'avait pas fait appel - le suspect est attendu tôt lundi au Palais de justice de la ville, où l'audience doit s'ouvrir à 10h00 avec le tirage au sort des jurés et l'appel des témoins.
Comme lors du procès de Chambéry, une armée de journalistes devrait l'y attendre: 250 ont été accrédités pour suivre les débats, un chiffre considérable pour ce type d'affaire.
"Le calme avant la tempête médiatique du 31 janvier prochain", ironisait la semaine dernière sur Twitter le procureur général Jacques Dallest, qui assurera le siège du ministère public au cours du procès, en légende d'une photo montrant la salle des pas perdus du palais, déserte.
"Au-delà de l'écume des médias seul ce qui se passe dans le sanctuaire de l'enceinte de #Justice compte", lui a répondu Me Alain Jakubowicz, qui assure la défense de Nordahl Lelandais.
Cette première journée devrait se poursuivre avec le rapport de la présidente de la cour puis, dans l'après-midi, l'audition de témoins dont une enquêtrice de personnalité.
Outre les experts et enquêteurs, une quarantaine de témoins devraient être entendus au fil des audiences. Nordahl Lelandais lui-même ne devrait pas être entendu sur les faits avant le mercredi après-midi.
- Compassion et indignation -
Dès le début, il y a quatre ans et demi, ce tragique fait divers avait fasciné le grand public, suscitant compassion pour les parents de la fillette et indignation à l'égard du suspect, perçu comme un manipulateur et un temps soupçonné d'être un tueur en série.
A l'approche du procès, dossiers spéciaux et reportages consacrés à l'affaire Lelandais se sont à nouveau multipliés dont l'un a donné lieu à une enquête pour "violation du secret professionnel". De son côté la mère de Maëlys, Jennifer De Araujo, vient de publier un livre-récit consacré à sa fille.
Pressentant bien en amont le "défi" d'une forte pression médiatique, le Palais de justice a procédé à des aménagements logistiques exceptionnels avec notamment l'ouverture d'une deuxième salle avec retransmission vidéo directe et un renforcement des mesures de sécurité.
Pour les jours de trop grande affluence médiatique, un "tirage au sort" déterminera quels journalistes seront admis dans la salle d'audience principale. Et, comme au procès des attentats du 13 novembre, les parties civiles ne souhaitant pas être abordées par les médias arboreront un cordon rouge autour du cou. Quant aux jurés, ils pourront bénéficier d'une assistance psychologique s'ils le souhaitent.
- Tache de sang -
Le suspect, incarcéré à Saint-Quentin-Fallavier (Isère), devra s'expliquer sur les circonstances qui l'ont conduit à tuer -"involontairement" selon lui- Maëlys De Araujo lors d'une soirée de mariage à Pont-de-Beauvoisin (Isère) dans la nuit du 26 au 27 août 2017.
On ignore notamment encore dans quelles conditions la petite fille est montée dans sa voiture. Les circonstances du décès de l'enfant restent aussi entourées de zones d'ombre.
Rapidement soupçonné malgré ses dénégations, l'ancien militaire avait finalement été confondu par la découverte d'une tache de sang dans le coffre de sa voiture. Six mois après les faits, il avait conduit les enquêteurs jusqu'aux restes de sa victime, dans le massif de la Chartreuse.
Il sera également jugé pour agressions sexuelles à l'encontre de deux petites-cousines âgées à l'époque de 5 et 6 ans, ainsi que pour détention et enregistrement d’images pédopornographique.
Le verdict est attendu autour du 18 février - si la pandémie de Covid-19 ne vient pas brouiller les cartes.
Nordahl Lelandais encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
T.Bastin--JdB